
Le racisme et la corruption, et le tribalisme dans une moindre mesure, méritent à eux seuls tout un tribunal international. Si l’Afrique veut décidément se mettre dans la dynamique du développement durable.
La corruption fait trop de mal aux États africains. Témoignent de nombreuses initiatives locales prises en grandes pompes ici et là, mais qui ont rarement réussi à mettre en déroute le fléau. Bien au contraire, on pourrait penser que ces initiatives contribuent plutôt à asseoir le crime sur la fortune publique.
Comme exemple, l’on pourrait questionner le gouvernement sur ce qu’a apporté le Tribunal Criminel spécial (TCS) spécialisé dans la lutte contre le détournement de la fortune publique au Cameroun. L’on n’aura probablement pas de réponse concrète sinon des noms des personnalités sous les verrous sans que cela dissuade les autres agents publics. Alors que le peuple voudrait savoir combien d’argent ces personnalités ont restitué à l’État.
L’on n’a pas fini de parler de l’affaire Glencore. Il s’agit de l’un des plus grands scandales au monde en matière de corruption. Certains États ferment les oreilles devant les dénonciations, alors que d’autres ont déjà bénéficié des sanctions contre cette multinationale qui a mis en place une pratique de corruption qui lui a permis d’avoir un traitement princier dans les marchés miniers en RD Congo, au Soudan du Sud, au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en Guinée équatoriale et au Cameroun en ce qui concerne le continent Africain. Glencore PLC a plaidé coupable au Brésil, au Venezuela et aux Etats-Unis.
Ce type de fléau ne devrait plus être jugé par un tribunal national comme c’est actuellement le cas. Puisque c’est les tribunaux américaine et londonienne qui s’en occupent. Me AKERE MUNA, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun, est très engagé dans la recherche de la vérité dans cette affaire. Comme bien d’autres défenseurs des droits humains il est d’avis que les Occidentaux protègent les corrupteurs.
Un tribunal international contre la corruption aura pour mission non seulement de traquer les acteurs de la corruption, de sécuriser les contrats, mais également de veiller à la bonne gestion des ressources des États parties.
Un tel tribunal n’aura pas seulement la faculté d’enquêter sur les actes avérés, mais il devra pouvoir veiller sur les procédures de contrats dans les pays membres de manière à écarter les velléités de corruption, et de racisme, qui sont courants y compris en de très hautes sphères des pouvoirs.
Ainsi les individus coupables d’actes de corruption pourraient se retrouver pénalement derrière les barreaux et leurs avoirs saisis et reversés à l’État, les entreprises se voir retirer leurs agréments et les contrats annulés, frapper d’amendes lourdes, les États suspendus des aides internationales multilatérales et bilatérales, etc.
Ce serait une belle perspective. Mais un tribunal qui ne publie pas régulièrement ses comptes ou son bilan annuel est un tribunal qui, aux yeux des populations, ne peut pas se laver de tout soupçon. D’où la nécessité pour ce tribunal d’être audité et d’avoir l’obligation de rendre compte à travers la publication d’un rapport annuel.
Au constat, en ce qui concerne la corruption d’État, ce sont les firmes occidentales qui la cultivent en Afrique. Elles versent d’impressionnants pots-de-vin aux agents publics afin d’obtenir leurs faveurs dans les traitements des dossiers d’attribution des marchés, d’opération sur le terrain. S’agissant du Cameroun, la firme anglo-suisse a déboursé 6 milliards 848 millions de pots de vin à la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et à la Société nationale de raffinage (SONARA) « à l’effet d’inciter les fonctionnaires à favoriser ses opérations » dans notre pays.
Augustin Roger MOMOKANA