
« Aujourd’hui dans notre pays, nul n’est à l’abri du lynchage médiatique. On peut multiplier à profusion les cas de manifestation de justice privée au Cameroun», a déclaré mercredi le Premier Président de la Cour Suprême, Daniel Mekobe Sone.
Présidant mercredi 22 février 2017 l’audience solennelle de Rentrée de la Cour Suprême, le premier président de ladite cour Daniel Mekobe Sone dont la communication était centrée sur la Justice Privée a dénoncé, entre autres, les milieux de la presse et les réseaux sociaux où l’on assiste à la montée sans concession de la justice privée.
« Il se développe (…) une autre forme de cas atypique de justice privée que nous qualifierons volontiers de lynchage médiatique dont l’objectif est de porter atteinte à l’intégrité morale des honnêtes citoyens ou à leur vie privée », souligne-t-il, avant d’expliquer les méthode de cette pratique odieuse et inacceptable :
« Pour se venger contre un adversaire ou un ennemi ou une personne que l’on ne porte pas à cœur, on monte savamment des images de nature à porter atteinte à son honneur ou à sa considération et on les diffuse sans vergogne sur les réseaux sociaux. On accompagne ces images de messages où il est déjà jugé et condamné ».
Outre les réseaux sociaux, le premier président de la Cour Suprême n’a pas manqué de pointer également un doigt accusateur sur certaines radios qui « se permettent de devenir de véritables tribunaux populaires ». Ces médias oublient, dit-il, que « même la liberté de la presse a des limites ».
Si aucun exemple n’a été cité, nous pouvons citer deux cas qui ont défrayé la chronique l’année dernière. D’abord l’affaire des photos nue sur les réseaux sociaux d’une copine du footballeur Samuel Eto’o et plus tard la photo en tenue d’Adam et Eve d’un élu local de Douala sur facebook.
Face à ces dérives et à bien d’autres, la société toute entière doit procéder à un examen de conscience. Elle doit s’ajuster afin de s’adapter au temps. Pour ce, le législateurs et la justice doivent se mettre à l’ouvrage car, la recrudescence de la justice privée est l’émanation d’un sentiment d’injustice dont se sentent victimes les justiciables. La question, c’est « la justice privée a-t-elle sa raison d’être dans un état de droit ? »
La rentrée solennelle de la Cour Suprême obéit aux dispositions de l’article 33 de la loi n°2006/016 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême. Elle stipule en son alinéa 1, qu’ « au début de chaque année judiciaire et au plus tard le 28 février, la Cour suprême tient, sous la présidence du premier président, une audience solennelle de rentrée à laquelle assistent en robe les chefs de Cour d’appel, des juridictions inférieures des comptes ». Cette cérémonie marque également la clôture de l’année judiciaire précédente.
Augustin Roger MOMOKANA