
« Les trois régions du Nord qui sont ethniquement et culturellement différentes du reste du Cameroun vont continuer à apporter leur soutien à Biya aussi longtemps qu’il souhaitera demeurer président, mais le prochain président du Cameroun ne viendra pas de l’ethnie beti/bulu de Biya. Les Betis sont trop peu nombreux pour s’opposer aux nordistes, encore moins au reste du Cameroun. Des Bamilékés ont fait des ouvertures à des élites du Nord pour forger une alliance entre leurs régions respectives, mais les nordistes étaient si méfiants sur les intentions des Bamilékés qu’ils ne concluraient jamais une alliance pour soutenir un pouvoir politique bamiléké ». Ces propos ont été rapporté à l’époque par le magazine Jeune Afrique.
Le vice-premier ministre Amadou Ali faisait partie des pontes du régime du Renouveau qu’il a servi sans discontinuité jusqu’à sa demande de mise en retraite il y a quelques années pour des raisons de santé.
Né en 1943 à Kolofata, dans le l’Extrême-Nord du Cameroun, Amadou Ali est un administrateur civil qui a occupé des postes préfectoraux, avant d’intégrer les hautes sphères décisionnelles du pays.
Premier adjoint préfectoral de N’Gaoundéré (1971-1972), directeur de l’Organisation du Territoire au ministère de l’Administration territoriale (1972-1974), Secrétaire général du ministère de la Fonction publique (1974-1982), délégué général au Tourisme (1982-1983), délégué général à la Gendarmerie nationale (1983-1985), Secrétaire d’État à la Défense chargé de la Gendarmerie nationale (1985 à 1996), Secrétaire général de la présidence de la République avec rang et prérogatives de ministre, cumulativement avec ses fonctions de Secrétaire d’État à la Défense (1996-1997), ministre d’État délégué à la présidence chargé de la Défense ( 1997-2001), ministre d’État chargé de la Justice, garde des Sceaux (2001 à 2004), Vice-Premier ministre chargé de la Justice, garde des Sceaux (2004-2009), ministre délégué à la présidence chargé des relations avec les assemblées (2009- 4 janvier 2019).
Le ministre de la Justice, Amadou Ali avait confié en 2009 à la diplomate américaine Janet Garvey alors ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, dans le cadre d’un entretien au sujet de l’après-Biya, des propos qui seront révélés par Wikileaks. Des propos dont la gravité a choqué l’opinion nationale et internationale. Dans la mesure où empreints de haine tribale ils mettent à l’épreuve la cohésion et l’unité nationales.
Face à ce scandale, le ministre Amadou Ali avait fait une sortie pour dénoncer la mauvaise interprétation de ses propos par son interlocuteur, s’appuyant sur le fait qu’il parlait en français à une personne dont la langue était l’anglais.
Selon Jeune Afrique, Amadou Ali a confié, Mardi 6 septembre, à un proche que « Je m’exprimais en français tandis que la diplomate américaine parlait l’anglais »
Cette déclaration d’Amadou Ali alors ministre de la justice retentit de plus belle à l’annonce de son décès survenu lundi 27 septembre des suites de maladie alors que l’avion le ramenait au Cameroun. Il était âgé de 79 ans.
Augustin Roger MOMOKANA Photo prise du Twitter.
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