
Le boom du business de la survie
Dans le cadre de la lutte contre la pandémie, la rareté des dispositifs médicaux y relatifs, et non pas seulement ceux issus de la haute technologie comme les respirateurs, mais des plus banals comme les gants et les masques de chirurgie ont révélé l’ampleur de la dépendance du monde aux chaînes de production chinoises.
On réalise ébahis qu’après les barrières douanières, le cordon sanitaire pourrait être un outil encore plus facile à manier pour les tenants du protectionnisme. La gageure ici est donc de pouvoir mieux maîtriser les circuits de production. Il sera donc nécessaire de contraindre certains entreprises (classées comme étant stratégiques) et pour autant qu’elles ne soient pas trop tributaires du marché chinois pour leur approvisionnement et distribution à se réorganiser. Ceci soulèvera certes de nombreuses autres questions relatives au lieu de relocation : aller vers d’autres zones économiques, rentrer à la maison ? Il faudra trouver des réponses adéquates.
Cela aura également pour conséquence qu’en signe de réaction, les entreprises chinoises décident également de disséminer plus largement leurs investissements dans le monde. L’État central chinois quant à lui devra probablement se concentrer à domicile sur la promotion d’une économie de la santé et de l’environnement.
Autre leçon à tirer : la crise du coronavirus montre donc à quel point bon nombre d’entreprises sont dépendantes de la production et (souvent des ventes) en Chine. Même si une petite partie du flux logistique est impliquée, un dysfonctionnement peut perturber l’ensemble de la chaîne. Il serait donc opportun de se pencher sur la problématique globale de la non exécution des contrats passés avec les entreprises chinoise. A cet égard, il nous ait parvenu des informations selon lesquelles Les autorités chinoises ont commencé à émettre des certificats spéciaux de force majeure pour protéger les entreprises contre d’éventuelles poursuites judiciaires. Par conséquent, les pertes qu’une entreprise étrangère pourraient essuyer en cas de défaut de livraison ne seront probablement pas remboursées par son fournisseur chinois.
Les entreprises occidentales devront donc probablement délocaliser la production et/ou rechercher de nouveaux fournisseurs dans des pays pauvres ou émergents comme le Cameroun pour autant que les usines de ces derniers pays ne dépendent pas également trop fortement de la Chine pour les produits ou les intrants.
Certains acteurs du secteur de la mode travaillent actuellement à la redéfinition de leur carte mondiale de sourcing avec potentiellement un renforcement de la bascule vers le Bangladesh, mais aussi l’Asie du Sud-Est. En France, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ASNM) a demandé aux laboratoires de lister les principes actifs dont la production est réalisée en Chine pour identifier les pénuries à venir et travailler sur le long terme à sécuriser les approvisionnements en relocalisant une partie de la production des produits critiques.
Bertrand Roger JIOGUE