Les Bamilékés gaspillent leur argent dans les funérailles ! Les Bamilékés passent leurs temps à organiser les fêtes coutumières ! L’Ouest tient son développement en partie à ces funérailles, obsèques et Ssi (cérémonie des jumeaux). Pourtant l’Ouest est la région où la mobilisation et la participation au développement communautaire est la plus accentuée au Cameroun.
Dans tous les villages de la région de l’Ouest les funérailles, tout comme les obsèques et le Ssi, ont une fonction certes coutumière, mais elles constituent une opportunité de développement individuel et communautaire. Ce n’est pas que les gens veulent montrer qu’ils ont de l’argent, non ! chacun voudrait faire en sorte que ses invités arrivent, séjournent et repartent dans le meilleur des conforts possibles.
Au plan individuel, celui qui projette d’organiser les funérailles doit au préalable se donner les moyens nécessaires parmi lesquels construire sa maison si cela n’a pas déjà été fait. Il existe des villages où vous ne pouvez pas organiser des funérailles si vous n’avez pas votre propre maison ou concession. A Batsingla, dans le groupement Bafou par exemple. Ici vous ne pouvez pas demander chez quelqu’un pour organiser les funérailles. Si vous avez déjà une maison, pour les funérailles vous faîtes un effort de la réhabiliter. De sorte qu’elle soit digne d’accueillir le beau monde que vous attendez.
Au plan communautaire, les funérailles apportent le développement. Celui qui organise les funérailles peut, si ses moyens le lui permettent, réaliser un ou des ouvrages qui profitent à la communauté entière. Ce pourrait être un point d’eau dans le coin, l’ouverture ou le reprofilage de la route d’accès au site de l’événement, l’appui à la construction ou la réhabilitation de la case communautaire où seront accueillis certains invités.
Dans l’esprit de cette tradition qui voudrait que les funérailles soient une occasion de communion et de partage avec la communauté, Minfo Keu DJOUMESSI Jean Paul a organisé les funérailles de sa mère NIMPA TSAZE Marie Louise et enfants décédés, après avoir rouvert une route abandonnée depuis plusieurs décennies. Il s’agit d’une route sur plus de 1 km qui servira de contournement pour éviter les bouchons sur la place des funérailles. Bien plus, cette route permettra désormais aux populations de Toutsang, Ngoua, Fonakeukeu, Nkeleng, Batsingla d’accéder ou de sortir de l’université sans avoir à passer par la ville de Dschang. Ainsi les jours de fêtes, les personnes qui pouvaient rester bloquées au centre-ville prendront la route de Mingméto, Irad, Fasa, «Campus G », etc.
« Le travail que nous avons entrepris c’est de refaire cette route qui est fermée depuis plusieurs années. Elle amène à Toutsang, à Ngoua et en Faculté des sciences juridiques. Cette route servira au contournement par l’Université pour faire un sens giratoire unique lors des funérailles de la famille NIMPA », explique Jean Paul DJOUMESSI.
Un ouvrage salué par l’ensemble de la communauté : les voisins, les habitants du quartier, les villages environnants. Les uns et les autres n’ont pas tardé à saluer cette intervention salutaire de la famille NIMPA.
Piko ASSONGNI est un fils du terroir. Le sociologue apprécie mieux que quiconque l’impact de cet investissement et n’a pas tardé pour partager son sentiment : « les funérailles induisent plusieurs avantages au rang desquels des travaux de désenclavement des villages, d’extension du réseau routier et électrique, d’approvisionnement en eau potable, et la construction des bâtiments puisque chaque fils se sent heureux quand il est chez lui où quand il dispose d’une structure d’accueil viable », a-t-il réagi dans un forum d’échange dédié aux funérailles.
Augustin Roger MOMOKANA