Ecrit par Augustin Roger MOMOKANA
Quelque part, au Cameroun ou ailleurs, il y a déjà quelqu’un qui se fait déjà appeler « président » à cause des dents et des yeux du jeune Jonathan Arsène NGANGMAN, âgé de 30 ans, décédé le 27 mars 2024 à Bertoua des suites d’un accident de moto.
Le thanato-praticien qui a lavé le cadavre… Les gens qui ont habillé le corps ? Faut qu’on se pose ces questions-là d’abord. Certes c’est la famille qui donne tout le nécessaire pour l’habiller. Généralement les familles (les membres présents à la levée) se font berner par le personnel de la morgue trop pressé. On lave et habille le corps en présence d’un représentant de la famille après identification et vérification du corps, c’est archi faux ! Ce qui est vrai c’est qu’on ferme le cercueil devant la famille.
Avant la mise en bière, on demande à la famille de venir reconnaître le corps. C’est là où tout commence. On vous demande de vérifier si c’est votre corps. Le morguier vous montre alors où on a noté le nom du défunt. C’est souvent sur l’un des membres inférieurs. Malheureusement cela se fait au pas de course car le morguier est trop pressé parce qu’il y a trop de corps à lever le même jour.
Aussi le plus important et immédiat c’est de constater que le corps est effectivement celui que l’on est venu sortir. On n’a jamais ouvert la bouche pour vérifier si les dents sont effectivement là ! Vous ne pouvez pas avoir à l’esprit de vous rassurer que la cuisse n’a pas été tailladée, que la langue est en place. Et ils vous mettent souvent une pression folle, vous n’avez pas l’idée !!!
C’est maintenant que certains sont au courant que dans les morgues ont trafique les organes humains à la demande des gens des sectes ! Le pays est pourri depuis. La plupart des familles victimes sont sans armes pour rentrer demander des comptes aux gens de la morgue. Même si vous saisissez le tribunal, cela risque de retourner en votre défaveur. Ils vont se contenter de vous répondre que vous ne pouvez pas faire une mise en bière sans vous être au préalable rassurés que c’est le corps de votre personne.
« Nous les [familles] avons également informé que l’hôpital régional de Bertoua peut en retour se plaindre et demander réparation du préjudice causé à l’image de marque cette illustre infrastructure relevant du ministère de la Santé publique », a menacé la directrice.
Cette profanation des corps tellement récurrent que certains choisissent de ne pas être gardés à la morgue après la mort. Cela explique le phénomène d’obsèques sans corps de plus en plus récurrent à l’Ouest. Si le phénomène n’est pas combattu et stoppé, les morgues finiront par fermer leurs portes. Personne ne souhaiterait que son corps soit transformé en marchandises noire.
Et quand on fuit les hôpitaux, les gens vont dans les médias pour raconter qu’on meurt par auto médication ! Ce n’est pas vrai. Depuis quand on ouvre la bouche du cadavre à la morgue pour voir s’il a toute ses dents ? Même les yeux sont dans les orbites et bien collés avec une colle.
Arrêtons de protéger nos postes et pensons aux souffrances, aux pleures des familles éplorées. Que les enquêtes soient faites normalement. Pendant la levée de corps les émotions sont grandes pour que nous soyons assez vigilants pour vérifier minutieusement le corps du défunt. Nous vivons déjà dans les multiples formes de souffrances, et même mort on nous fait toujours souffrir ! C’est même quoi ce monde qui n’a plus rien d’humain ?