
Pendant que Bertoua, Ebolowa et Garoua jubilent, Dschang s’écroule. Le décret présidentiel fixant l’organisation de ces nouvelles universités d’État a décapité l’Université de Dschang. Photo du Campus Annexe d’Ebolowa.
Il s’agit d’une mésaventure de l’Université de Dschang et de la première page de l’histoire de l’Université d’Ebolowa. Le président Paul BIYA a été induit en erreur. Le département de foresterie de l’Université de Dschang a été entièrement démoli. Il a été délestée de Belabo et Ebolowa qui lui garantissent de former des ingénieurs des eaux et forêt à la dimension des défis et des ambitions du Cameroun. Ces antennes ont été attribuées respectivement aux universités de Bertoua et Ebolowa. Ces antennes ont été attribuées respectivement aux universités de Bertoua et Ebolowa. Ces campus reviennent selon le décret présidentiel n° 2022/008 DU 6 Janvier 2022 portant organisation administrative et académique de l’Université de Bertoua (exemple) respectivement à l’Université de Bertoua et à l’Université d’Ebolowa, plus précisément à leur Institut Supérieur d’Agriculture, du Bois, de l’Eau et de l’Environnement (ISABEE).
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 1er Février 2022.
L’Université de Dschang, dont Dschang est le campus principal, dispose de neuf campus ou antennes dans 6 des 10 régions du Cameroun. Ces antennes pédagogiques et de recherche sont à Bambui (Nord-Ouest), Belabo (Est), Ebolowa (Sud), Maroua (Extrême-Nord), Yaoundé-Nkolbisson (Centre), Bafia (Centre).
Ces antennes sont conformes à la vocation de l’université de Dschang de former et de mettre à la disposition du Cameroun des spécialistes de l’agriculture (ingénieurs des travaux, ingénieurs agronomes) bien imprégnés des réalités du pays et capables d’intervenir efficacement dans toutes les zones agroécologiques du pays.
Ce n’est donc pas un fait de hasard si l’Université de Dschang, dont la spécialité est l’agriculture, a une réputation qui dépasse largement les frontières nationales. Des étudiants viennent de plusieurs pays d’Afrique, et même d’Europe. Parce que le Cameroun, au plan climatologique et géophysique est une « véritable Afrique en miniature ».
Il compte 5 zones agroécologique du Cameroun : la zone des hauts plateaux, la zone de hautes savanes guinéennes, la zone soudano-sahélienne, la zone de forêt humide à pluviométrie bimodale, la zone côtière ou encore zone de forêt humide) à pluviométrie monomodale. Autant de zones agroécologiques qui témoignent de la diversité, mais de la complexité de l’ingénierie agricole.
La maitrise de cette configuration agroécologique fait du produit de la Faculté d’agronomie et des sciences agricoles de l’Université de Dschang une expertise de référence unique en Afrique subsaharienne et de réputation internationales.
L’ouverture des annexes de l’Université de Dschang dans les six régions ne vise pas un intérêt jouissif, mais elle est une garantie prise par l’Etat du Cameroun qui parie sur l’agriculture comme levier de la croissance économique et du développement économique pour effectivement se donner les moyens de ces objectifs.
A Belabo, dans la région de l’Est, les étudiants du département de Foresterie viennent peaufiner leur formation dans cette antenne spécialisée. Il s’agit d’un cadre idéal pour ces jeunes qui viennent d’entamer leur spécialisation au bout de deux années de tronc commun.
A Ebolowa, dans la région du Sud, Il ne surprend personne que ce Campus d’Ebolowa offre trois cycles complets dans les spécialités : génie du bois, génie eau, génie environnement. Ce sont ces spécialités que le ministre Jacques FAME NDONGO a décidé de retirer à l’Université de Dschang. C’est en tout cas la lecture et la compréhension du décret présidentiel créant les universités dans le Nord, l’Est et le Sud.
Ces antennes évitent à l’Université de Dschang des voyages d’études qui seraient contreproductifs pour une ressource humaine que l’on veut performante et déployable sur toute l’étendue du territoire national.
L’Université de Dschang est un véritable patrimoine de l’Etat. Elle est l’aboutissement logique de l’évolution d’une vision politique née au lendemain de l’indépendance du Cameroun. La création à Dschang du Collège National d’agriculture (CNA) dont l’objectif est la formation des agents techniques et des techniciens d’agriculture d’une part, et l’Ecole Nationale Camerounaise d’Agriculture (ENCA) dont l’objectif est de former des ingénieurs dans le domaine de l’agriculture et du développement rural.
Tandis que le CNA (1962) évolue en ITA (Institut des techniques agricole), l’ENCA (1960) devient ENSA (Ecole nationale supérieure agronomique, 1972). Le premier est à Dschang, et le second est basé à Nkolbisson à Yaoundé. En 1985, l’Etat du Cameroun décide de réunir enfin l’ITA et l’ENSA au sein du Centre Universitaire de Dschang (CUDS dont l’acte de naissance remonte à 1977. La mise en place du centre universitaire crée en même temps une seule grande école : l’Institut National pour le Développement Rural (INADER). Ce dernier par la suite devient le Centre Universitaire de Dschang (CUDs).
Ce n’est pas pour dire que ces universités n’avaient pas droit à ce type d’école, mais de dénoncer le fait d’arracher à autrui pour leur donner. Il s’agit d’un manœuvre que l’on peut aisément inscrire dans la haine viscérale que les uns ont contre les Bamilékés. C’est ce qu’un adage africain appelle « déshabiller adulte pour habiller un jeune ».
Pour rappel, la spécificité de l’université de Dschang c’est sa vocation agronomique et agricole. A ce titre la Faculté d’agronomie et des sciences agricoles est un établissement qui offre des formations professionnelles dans plusieurs spécialités dont la production animale, la foresterie, l’économie et la sociologie rurales, la production végétale, l’eau et l’environnement, mécanisation et génie rural.
Augustin Roger MOMOKANA