
Le Covid-19 n’est pas une maladie de la honte
Madame Adrienne Tapamo Demenou est-elle malchanceuse ? Le Covid-19 donne du tournis à madame le Maire de la Commune de Fokoué, dans le département de la Menoua. L’orage est derrière, mais elle est sur ses gardes. D’ailleurs elle se souviendra à jamais de « la folle nuit à Fokoué ». Cette nuit où Tout Fokoué est pour tenter d’intercepter ces gens qui déterrent les corps de leur personne morte du Covid-19 pour venir enterrer au village. Au mépris de prescriptions du gouvernement en matière de la gestion des dépouilles mortuaires des malades du Coronavirus.
Sinotables vous livre ici l’entretien qu’il a eu avec Madame Adrienne Tapamo Demenou. c’était dimanche dernier, en marge de la rencontre de l’Honorable Tikobau Pierre Marie avec les leaders sociaux des cinq groupements qui constituent l’arrondissement de Fokoué. Selon madame le Maire de Fokoué, le “Covid-19 n’est pas une maladie de la honte”.
Dites-vous que le Covid-19 n’est pas une maladie de la honte ?
Le Covid-19 n’est pas une maladie de la honte. Il y a des gens qui meurent de cela parce qu’ils se cachent. Parce que même le Sida on n’a pas honte de ça. Que les autorités traditionnelles, nos infirmiers, nos médecins, nous donnent l’information en temps réel sur des cas de contamination. Pour que les autorités administratives et sanitaires prennent des dispositions idoines à temps. Pour soigner, le cas échéant barrer la route.
La Commune de Fokoué est particulièrement engagée dans la guerre contre la pandémie à coronavirus. Quelles sont les ficelles que vous actionnez pour le succès de cette bataille?
Notre stratégie est simple. Elle consiste en la vulgarisation des mesures barrières édictées par le Chef de l’Etat et relayées par monsieur le premier Ministre ainsi que le ministre de la santé publique. En plus, nous effectuons régulièrement des descentes sur le terrain à l’effet de sensibiliser les populations, de leur offrir des masques, du savon, de gels. Par ailleurs, nous sommes plus que nulle autre debout, afin que ceux qui veulent venir contaminer nos populations avec des corps du Covid-19 n’entrent pas dans la Commune de Fokoué.
Dès l’ouverture de la campagne vous avez lancé un cri de cœur à destination de l’élite extérieure, de la diaspora et de toutes les âmes de bonne volonté…
Effectivement, à cette occasion nous avions lancé un cri de cœur à toutes les forces vives, à toutes les élites, à tous les hommes politiques, à notre député. Pour qu’ils viennent, n’est-ce pas, soutenir l’action de la mairie. Et nous sommes contents aujourd’hui que ce cri de cœur ait été entendu. Parce que ce samedi seulement nous avons participé à deux distributions de savon, de l’huile, des seaux, de pulvérisateurs notamment par l’honorable Tikobau à qui nous disons merci ; et également par sa majesté le chef supérieur Fokoué Sa Majesté Tchamba Tessa Henri qui a également dit que le peuple ne doit pas périr.
Le dimanche passé, deux élites ont également distribué l’un, le président de la section RDPC, 1500 masques ; l’autre le Pdg Dupleix Ngoga des seaux, 1000 masques, du javel en carton.
Votre cri de cœur a été largement entendu, n’est-ce pas?
Notre cri de cœur a été entendu. Nous commençons à être apaisés. Parce que s’il fallait qu’on laisse la Commune toute seule agir ce serait difficile. Nous sommes à peu près 30 000 habitants. Heureusement les forces vives et les élites viennent à la rescousse. D’autres ont promis, dans la semaine il y aura des distributions. On est très content de tous ces appuis. Nous sommes presque sûrs que nous allons barrer la voie au coronavirus dans la Commune de Fokoué.
L’actualité du Covid-19 ces derniers jours c’est aussi et surtout ces morts de Douala que l’on tente de venir enterrer dans votre Commune.
Malheureusement vous l’avez constaté et avez relayé l’information. Je vous dis merci. Pour les deux malheureux cas de Covid-19 que l’on voulait enterrer à Fokoué, nous disons à nos parents, à nos frères qui vivent en ville d’éviter d’amener des enterrements de Covid-19 au village. Il y a un corps qui, malheureusement, a été enterré. Parce qu’ils l’ont fait dans la discrétion. Ils ont trompé notre vigilance. Pour le deuxième corps j’ai eu l’information en temps réel, j’ai alerté les autorités du département, notamment le préfet et le Cocom (Commandant de la compagnie de gendarmerie), les autorités d’arrondissement, notamment le sous-préfet et le commandant de brigade. Et vous avez vu toute la battue qui a été organisée autour de ce corps. Nous n’avons pas dormi de toute la nuit et, toute la journée on était dans la chasse-poursuite. Finalement nous avons réussi et ce corps a été enterré à Dschang.
Que nos populations cessent d’amener les corps qui meurent de Covid-19 au village. Parce que la population est vieillissante et les mesures d’hygiène ne sont pas toujours respectées. Nous, ici, nous barrons la voie parce que le milieu est encore sain. Nous ne voulons pas la pollution.
Que leur conseillez-vous ?
Si quelqu’un meurt de Covid-19 quelque part, on l’y enterre. Et si des corps doivent venir pour dire que ce sont des corps sains, il faut que les autorités médicales agréées nous aient donné des documents qui prouvent que ces corps ne sont pas contaminés de Covid-19. Sinon nous allons leur barrer la voie et les accompagner d’où ils sont venus. Ils n’entreront pas à Fokoué.
Quelles sont les dispositions prises en faveur de ceux qui ont participé à l’enterrement fait en catimini ?
Les autorités ont confiné ceux-là. Des prélèvements ont été faits par les autorités médicales agréées. Ces populations sont confinées et on attend les résultats. Et après les résultats les prises en charge suivront si nécessaires.
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA