
Mascotte MOLA de la CAN TOTAL 2021
La mascotte et la chanson officielles de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN Total 2021) ont été dévoilées samedi soir, 15 mai 2021, au cours d’un show télévisé par la Crtv. Les deux éléments vainqueurs seront portés à la Confédération africaine de football (CAF) pour sanction.
Cet article est rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 18 mai 2021.
Selon wikimédia, « Mola » est un mot d’origine latin. Il signifie, en Français « Mou » ou « mouillé ». Il se décline en Mollis, Molle, Mollus, etc. avec des modernismes dans plusieurs langues dont l’espagnol (moler), russe (molaj), Italien (Mole, plur) etc. Molare fait partie des déclinaisons modernes de ce mot. Des personnes portent le nom « Mola », à l’exemple Ugo Mola (chanteur). Le musée archéologique de Londres est aussi appelé « Mola ».
Les dirigeants camerounais ont ainsi cette brillance d’esprit qui consiste à aller puiser dans le registre du moralement complexe pour des choses ordinaires. Les mascottes des compétitions africaines (CHAN et CAN) que le Cameroun organise le témoignent.
Après « Tara », révélé au grand public pour la première fois par une célèbre chanson de Lapiro de Mbanga, voici « Mola » qui est le nom de baptême donné à la Coupe d’Afrique des Nations que le Cameroun organise du 8 janvier au 6 février 2021. A cette allure ils nous serviront un jour « Boutman » ou « Njapé ».
Le Mola que le ministre Narcisse MOUELLE KOMBI et ses amis ont donné à la mascotte de la CAN pourrait prêter à confusion. Pas seulement à cause du rapprochement à Molah Omar, le très célèbre leader des Moudjahidines, mais parce que nous avons grandi dans ce Cameroun où seuls les seuls les bandits s’appelaient « Mola ». Mola est un code que ces brigands et ces personnes moralement peu recommandables se partagent pour se distinguer de la foule !
– « How no Mola? »
– « Mola ! Work di trooong ».
Lorsque j’ai appris que le Cameroun a choisi le mot pour nommer la mascotte de la CAN, cet échange que j’ai écouté entre deux grands frères du quartier que tout le monde redoutait parce que qu’ils étaient de grands bandits, je suis tombé du ciel. De nombreux Camerounais de ma génération n’ont certainement pas oublié ce type d’échanges qui jadis polluaient l’air.
Le gouvernement et la CAF devraient initier une campagne de communication pour expliquer « Mola » et rassurer ainsi les esprits. Sinon il va sans dire que ceux qui comme moi avaient déjà collé une certaine idée négative à ce nom diront que ceux qui ont choisi ce mot ont voulu passer un code plutôt compliqué pour l’Africain ordinaire.
Il va falloir expliquer et réexpliquer que le Mola des « bakweri » n’est ni le Mola des ndoss ni celui des moudjahidines ou encore talibans. Et qu’il est celui qui donne naissance à Mollis, Molle, Mollus, Molare, etc. Qui signifie “mou” ou “mouillé” selon Wikimédia. On ne peut pas être un pays de linguistes et se permettre des mots qui ne résonnent pas d’un même écho dans les têtes des populations.
Augustin Roger MOMOKANA