
Maitre DJIKA ZANKIA Kevin est avocat au barreau du Rwanda. Avec Sinotables il évoque les raisons de l’attractivité du Barreau du Rwanda pour les aspirants camerounais à l’avocature.
Loin du cliché véhiculé par certaines personnes pour qui l’accès à la profession d’avocat serait facile au Rwanda, il s’agit plutôt d’une option politique voulue par ce pays dont l’ambition est son raysonnement international y compris dans le domaine de la justice. Institute of legal practice and development, l’école qui forme aux professions du droit, a une vocation internationale.
Sinotables vous invite à lire l’entretien avec Maître DJIKA ZANKIA Kevin.
Nous vous remercions, Maître, d’avoir accepté de nos accorder une entrevue à l’effet d’éclairer nos internautes sur l’accès à la profession d’avocat au Rwanda.
Je suis heureux que votre journal ait jeté son dévolu sur ma modeste personne pour répondre à ses préoccupations sur la ruée des jeunes camerounais au Rwanda.
Me DJIKA ZANKIA Kevin, vous êtes un fils du Cameroun et avocat stagiaire au barreau du Rwanda. Dites-moi, comme vous sentez-vous au Rwanda ?
Tout d’abord, je vous remercie d’avoir exprimé cet intérêt à mon endroit, ma gratitude est profonde et je ne saurais la cacher. Pour une petite précision, je suis avocat au barreau du Rwanda et membre de la East African Law Society (EALS). Cette précision en vaut la peine parce que mon accession au barreau du Rwanda m’ouvre les portes d’accès aux cinq autres pays membre de la Sous-Région Afrique de l’Est (East African Community). Et pour revenir à la question initiale, comme tous les autres étrangers vivant au Rwanda, je me sens comme à la maison car les Rwandais et leur gouvernement sont très hospitaliers envers les étrangers.
Que répondez-vous à ces personnes pour qui les Camerounais envahissent le barreau du Rwanda parce que l’avocature de ce côté est offerte ?
Les camerounais ont été nombreux à l’examen d’accès à la profession d’avocat organisé par le barreau du Rwanda. Mais les camerounais ne sont pas les seuls à participer à cet examen. Vous avez les Kényans, les Nigérians, les Ghanéens, des ressortissants de nombreuses autres nationalités, et sans oublier les rwandais eux-mêmes.
Comment justifiez-vous cet engouement le barreau du Rwanda?
LE RWANDA offre tout simplement une formation à l’échelle internationale. Pour être candidat à l’examen d’entrée au barreau il faut, en dehors de la licence en droit, être titulaire du « diploma in legal practice » qui est un diplôme international reconnu tant aux USA qu’en Europe. Et ce n’est pas tout. Dites-moi dans quel pays africain on échoue à un examen avec une moyenne de 13,99 sur 20.
L’attrait réside aussi dans le fait que lorsqu’on est avocat au Rwanda, on est également membre de la East African Law Society. Ce qui permet de suivre des dossiers dans toute la sous-région Afrique de l’Est.
Comment arrivez-vous au Rwanda ? En quelle année ?
Apres mes études universitaires à l’Université de Dschang, faculté de science juridique et politique, j’avais un seul rêve : devenir avocat. Et c’est dans l’optique de réaliser ma passion et de tâter la chose des doigts, qu’à peine arrêté avec la faculté, j’ai fait mes premières pas dans un cabinet d’avocat. Et c’est pendant mon séjour dans ce cabinet qu’en début d’année 2019, je vais faire la connaissance d’une avocate au barreau du Rwanda qui en son temps était en stage au Cameroun. Une fois mon intérêt exprimé. Elle m’a fourni les informations nécessaires et c’est ainsi que je vais décider de partir du Cameroun le 02 Janvier 2020 à la conquête mon rêve.
Dites-nous, Maitre, comment un Camerounais devient-il avocat au barreau du Rwanda?
Le processus d’accès à la profession d’avocat au Rwanda n’est pas un long fleuve tranquille. Tout d’abord il faut être titulaire au moins d’une licence en droit, avoir un « Diploma in Legal Practice » (DLP) (diplôme en pratique du droit) qui s’obtient à « Institute of legal practice and development », ici même au Rwanda. C’est l’école qui forme tous les praticiens du droit au Rwanda.
Une fois les conditions suscitées réunies, vous devez participer à l’examen d’entrée au barreau. Il est lancé chaque année à la discrétion du conseil de l’ordre du barreau. Cet examen est organisé en deux phases : la phase écrite et la phase orale, les candidats admis à l’écrit passent à la phase orale et il convient de préciser que pour être admis définitivement il faut avoir totalisé une moyenne de 70%, soit 14/20. Et ensuite, on passe à la prestation de serment qui a lieu à la cour suprême. La prestation de serment marque le début du stage. La période de stage dure un an. A la fin du stage, le barreau organise l’examen du CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’Avocat) et ne peut être candidat à cet examen que le stagiaire ayant remplir ces obligations de stage conformément à la loi. Les candidats admis à l’examen du CAPA sont inscris au grand tableau de l’ordre des avocats au barreau du Rwanda.
Combien de temps ça vous a pris pour réaliser votre rêve ?
Pour être plus précis, je suis à presque 2 (deux) ans à compter du 02 Janvier 2020 et je poursuis encore ma période de stage qui va se terminer courant 2022 à la discrétion du conseil de l’ordre.
Aviez-vous essayé d’être avocat au Cameroun?
Non. Le dernier examen d’entrée au barreau du Cameroun date de 2014 et la date du prochain examen demeure inconnue. Donc je n’ai pas eu cette opportunité.
Quelle est l’étendue de votre compétence personnelle ?
Comme en faculté nous avons commencé par le droit commun. Moi aussi j’ai fait du droit commun avant de m’intéresser particulièrement au droit des affaires. Il convient de préciser qu’en dehors de la Licence je suis également titulaire d’un Master in business Law.
Parlez-nous un peu de ce que le Rwanda offre de particulier pour fasciner autant l’étranger.
Comme nous le savons, le Rwanda est un pays touristique. Il présente des sites touristiques très remarquables qui attirent et fascinent beaucoup d’étrangers. Pour cela il s’est doté d’infrastructures au standard de nature à faciliter le séjour des étrangers. D’ailleurs j’ai envie de dire que si ce pays continue dans la même lancée, il est bien parti pour devenir le Dubaï de l’Afrique.
Vous avez un mot pour vos amis restés au Cameroun ?
Bien ! J’invite mes amis et la jeunesse Camerounaise toute entière à se battre pour leur avenir en osant, à prendre des risques car un sage disait que : « qu’un idiot qui tente des choses a plus de chance de réussir qu’un génie qui reste dans sa zone de confort ».
Quelle est l’image que l’usager des tribunaux doit garder de l’avocat en général?
Les usagers des tribunaux doivent comprendre que l’avocat, bien qu’étant un acteur de la société civile et défenseur des droits, est un auxiliaire de la justice ou encore un officier de la justice ; c’est-à-dire que l’avocat sert la justice et soutien l’autorité des tribunaux ; il ne peut agir de manière à porter préjudice à l’administration de la justice. En résumé les usagers de la justice doivent garder de l’avocat l’image d’un Homme digne, intègre et délicat.
Comment entrevoyez-vous la profession dans une vingtaine d’année ?
Le métier d’avocat est bien organisé sur la tutelle des différents barreaux autour du globe et l’entrée dans la profession étant harmonisée et contrôlée, cela répond au besoin de la profession de s’ouvrir à de nouveaux marchés et de faire évoluer son offre traduisant ainsi un avenir meilleur.
Quel est le plat rwandais que vous affectionnez le plus ?
Le Rwanda a une diversité alimentaire très remarquable ; leur plat préféré étant le haricot dont ils consomment sur tous les formes. Mais celui qui m’a vraiment copté, pas que j’affectionne, c’est le mélange couscous manioc et haricot bouilli ou encore brouillons de haricot.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur la vie au Rwanda ?
L’esprit du développement communautaire et la transparence dans la gestion en général, et le taxi vélo.
Qui est Maitre Djika Zankia Kevin ?
Je suis Camerounais âgé de 27ans, célibataire, originaire de la région de l’Ouest, Département de la Menoua, arrondissement de Dschang, groupement Foto et digne fils du village Batoula-Foguimgo où j’ai vu le jour. Sur le plan familial, je suis le deuxième fils (jumeau) d’une famille modeste de 08(huit) enfants, avec pour père technicien en bâtiment et mère ménagère.
Nous vous disons merci pour l’attention que vous accordez à Sinotables.
C’est nous qui vous remercions pour le choix porté sur notre modeste personne !
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA
Photos: Me DJIKA