
Comment une institution aussi grandiose et unique en son genre a-t-elle pu voir le jour dans à Mandong, un petit village d’agriculteur-éleveurs perdu au sud des montagnes de l’arrondissement Fokoué ? Les uns répondront que le développement peut partir de l’arrière-pays. D’autres, au contraire, y verront l’amour démesuré de Menkem III TCHIAGO pour son terroir.
« Ce n’est pas une petite ambition d’avoir implanté la fondation Baaré-Tchamba dans la chefferie du petit prince Pani. Les Baaré-Tchamba sont un peuple composite qui porte en lui la promesse de l’unité nationale de notre pays. On parle des populations composées de plusieurs groupes ethniques », explique Bell Fanon OUELEGA, Menkem TCHIAGO III.
La Fondation Baaré-Tchamba dont l’ouverture date de l’année 2015 a, curieusement, pour promoteur Bell Fanon OUELEGA, dit Menkem III TCHIAGO, un mathématicien de haut vol, résidant des Etats-Unis d’ Amérique. Ses actions portent non seulement sur le musée à ciel ouvert, espace de découverte du peuplement des grassfield, mais aussi sur la promotion d’une éducation de qualité.
Samedi 19 décembre 2020, cette Fondation a organisé une double cérémonie : la remise de prix aux enseignants du CES et des 4 écoles primaires du groupement ; suivie de l’inauguration de l’iconographie (8m de long sur 2m de hauteur) qui retrace la migration des peuples mboum partis du bassin du Lac Tchad pour la Haute Benoué, puis de ce lieu vers le sud Cameroun.
Le directeur de la recherche historique de la Fondation Baaré-Tchamba, Docteur NDONLEFACK Martin, a dans une présentation très argumentée présenté ce mouvement migratoire des Baaré-Tchamba de la Haute Benoué jusqu’à la région de Bamenda à partir d’où ils ont lancé des expéditions contre les royaumes des hautes terres de l’Ouest. Les éléments tels la queue de cheval, le tissu ndop, le tambour sont des éléments hérités de cette expansion.
« L’arrivée des Mboum dans le plateau de l’Adamaoua remonte au XIIème siècle. Dès leur arrivée, ils vont se constituer en six chefferies: Mbéré, Pana, Kuman, Mana, Mbusa, et Mbum. » Les mboum se retrouvent au Nigéria, Centrafrique, Tchad, Cameroun.
La cérémonie présidée par le représentant du sous-préfet de l’arrondissement de Fokoué, entouré du commandant de brigade de gendarmerie, du délégué départemental des affaires sociales de la Menoua, du représentant du délégué départemental des arts et de la Culture pour la Menoua a le double mérite de célébrer, chose rare au Cameroun, l’enseignant dont l’abnégation, la témérité, la patience transforment nos enfants en citoyens.
La cérémonie fut un régal culturel exceptionnel. Grâce au sketch proposé par les enfants de l’école publique de Fomopéa Centre, à l’interprétation musicale par une jeune du Collège d’enseignement secondaire (CES), le grand ballet des corbeaux dans le ciel de la fondation, la sortie des termites, et avec comme point d’orgue la prestation de l’artiste Dorine FOMOU qui, à travers deux titres interprétés invite à ne pas se décourager face aux difficultés de la vie.
« Tant que tu respires, il faut toujours essayer. Bats-toi, n’abandonne pas. Il faut rêver », chante l’artiste, invitant les élèves à respecter leurs enseignants, à suivre leurs conseils car,dit-elle, ce n’est pas parce qu’on est élève à Fomopéa qu’on ne peut pas prétendre devenir ministre ou président de la République.
Pour sa part, le sous-préfet de l’arrondissement de Fokoué a salué l’initiative de la Fondation Baaré-Tchamba. Non seulement elle ouvre le groupement Fomopéa au monde, mais elle félicite les enseignants tout en leur lançant le défi de rééditer les exploits d’hier grâce auxquels ont sont primés pour être « les bénéficiaires de cette prime demain ». Par ailleurs, il a émis le souhait de voir cette opération être étendue à l’ensemble de l’arrondissement de Fokoué.
« Dans cette enveloppe se trouve une reconnaissance de votre laborieux travail. Je vous exhorte à maintenir le cap », mot de félicitations et d’encouragement du représentant du sous-préfet à un enseignants primé.
NGUIMMO Gilbert, directeur du CES de Fondonera, n’économise pas les maux lorsqu’il évoque l’œuvre de la Fondation Baaré-Tchamba pour l’éducation de la jeunesse du village. D’ailleurs, il a prescrit aux enseignants d’histoire géographie de prendre les dispositions nécessaires afin que les leçons sur les grandes migrations soient faites depuis le musée à ciel ouvert, afin de permettre aux apprenants de mieux comprendre la réalité à partir du parcours et des éléments disponibles dans la Villa la Paix érigée en pierres, 1938, par MENKEM TCHIAHO 1er.
Augustin Roger MOMOKANA