
« Grâce au CODEF nous avons aujourd’hui ces plants de bananier-plantain. Hier c’était la formation en élevage de porc. Nous voulons avoir suffisamment de la banane-plantain dans nos champs pour ne plus aller au marché lorsque nous en avons besoin pour nos cérémonies ou pour la maison » : Madame TEGUIMNANG KENFACK Solange est l’unique femme propriétaire d’une bananeraie-plantain. Elle l’avait créée sans avoir suivi une formation. Aujourd’hui elle entend l’améliorer progressivement en respectant les enseignements reçus.
Plus de 500 plants de bananier-plantain dont 100 rejets baïonnettes (rejets détachés des bananiers mères) et 400 plants issus de fragments (PIF) ont été distribués à 23 paysans membres du Comité de développement du groupement Fokoué (CODEF), arrondissement de Fokoué. La cérémonie a eu lieu samedi 22 mai 2021 à la case communautaire de ce village.
Cette cérémonie présidée par le président du CODEF, le Professeur TCHAMBA Martin, a le mérité de s’inscrire dans une politique globale de lutte contre la pauvreté à travers la formation et le soutien à la mise sur pieds de petites unités de agropastoraux. Le tout pour promouvoir les activités génératrices de revenus au sein de cette communauté rurale.
« Nous allons conclure l’année agricole ici par la production du bananier-plantain. Il s’agit pour tous d’avoir une source alternative de revenus. Nous savons quel rôle joue la banane-plantain dans notre communauté. Les rejets que nous avons adoptés sont améliorés. C’est les french qui, dans deux ans ou deux ans et demi au maximum, commenceront à produire des régimes. Et imaginez un paysan qui a une quarantaine de ces plants dans son champ, en association avec les autres cultures. Produire à peu près 100 régimes annuels. Si vous mettez le prix du régime à 3000 francs, cela va vous faire déjà 300 000 francs pour l’année. »
Ainsi après la formation en élevage de poulets, après la formation en culture de maïs, la formation en élevage de porc, il fallait bien que des plantations de bananiers plantains soient créées à travers le groupement. Pour ce, un appel a été lancé à tout membre du CODEF détenteur de la carte de développement.
C’est ainsi qu’à l’atelier de samedi dernier l’on a vu des élites partis de villes pour venir participer à cette opportunité animée par l’ingénieur agronome TCHOUMBA André ci-devant Coordonnateur du programme Agriculture-Elevage du CODEF. « Que ce soit le pif ou le rejet ça doit suivre un itinéraire technique pour la plantation. Pour cela nous avons avant la distribution essayé d’expliquer, le plus simplement possible, l’itinéraire technique. Il s’agissait de leur expliquer comment faire le choix du terrain, la préparation du terrain, le piquetage, la trouaison, la mise en place même des plants. Nous avions identifié dans notre communauté le problème du choix de rejetons pour la création de nouvelles plantations de bananiers plantains. C’est pour cela que le président du CODEF a souhaité que l’on s’y penche. »
Richard NGUEDIA est comptable à Douala. Il a exprimé sa joie d’être parmi les bénéficiaires de cette opération : « J’ai toujours été flatté par les activités rurales ; l’élevage, l’agriculture. Et quand j’ai suivi ce projet dans le forum CODEF j’ai aussitôt appelé le président pour lui dire que j’étais intéressé. Je dois même vous confier que j’ai même anticipé mon déplacement pour être au village une semaine avant la date. Ce qui m’a permis de prendre le temps pour préparer le champ. J’ai donc fait la trouaison qui tombe à peu près avec les dimensions que le formateur vient d’indiquer. Je vais juste les agrandir pour avoir les 50 x 40 cm recommandées. Dès demain ce sera fait, et ensuite les plants mis en sol. J’ai déjà des personnes qui vont s’en occuper, et moi-même, je vais revoir mon agenda de déplacements au village », a-t-il expliqué à Sinotables.
Un constat amer cependant, même s’ils sont conscients que « la terre ne ment pas », les jeunes du groupement Fokoué ne sont pas prêts à prendre la machette et la houe. Ils préfèrent passer leurs journées à flâner et à se chamailler assis dans des ventes à emporter ou dans ce qu’on appelle communément ici le Club Matango.
Pourtant, ils savent qu’à Fokoué même les hommes de Dieu n’hésitent pas à consacrer un peu de leur temps à la pratique de l’agriculture. Le pasteur proposant TAKAM Roger Ernest de la paroisse de l’Eglise Évangélique du Cameroun (EEC) de Fokoué était parmi les bénéficiaires de cet atelier.
« Ce projet est à encourager. En tant que pasteur nous encourageons le développement holistique des fidèles. Ce projet permet de lutter contre la dépendance et la pauvreté dans notre localité. La formation à laquelle nous avons participé nous a permis de savoir qu’il ne suffit pas de planter, mais de savoir planter et cela est capital. Puisque si on plante mal, on risque d’avoir un mauvais résultat. En fait ce projet arrive alors que je suis dans le besoin. C’est par hasard que je suis tombé sur le projet, et, par la grâce de Dieu j’en ai été associé. J’en suis bénéficiaire. Ce que je vais mettre au champ va me permettre d’expliquer aux fidèles que ce que je leur dis n’est pas seulement la parole, mais aussi l’acte. Voilà un exemple à suivre. Si vous le suivez tel que le CODEF nous l’a expliqué voilà le résultat que vous allez obtenir. »
Quoi qu’il en soit, comme le soutient KENFACK Volvian, Point Focal CODEF Fokoué, il est essentiel que le comité de développement impulse une nouvelle vision, de nouvelles pratiques car, le développement tant recherché ou attendu ne viendra jamais si nous des acteurs engagés.
« Nous avons lancé un communiqué à l’adresse des volontaires qui voudraient obtenir les rejetons de bananier-plantain pour leur champ. Les candidatures nous sont parvenues de presque toutes les villes du Cameroun et même de l’extérieur du pays. Nous disposions de 400 rejetons PIF et de 80 rejetons prélevés dans les champs. La répartition a été faite à raison de 25 PIF et 5 rejets baïonnettes. 24 personnes ont reçues. Quelques souscripteurs (quatre) ont été empêchés. Des dispositions sont prises pour qu’ils aient les parts qui leur reviennent. Nous allons faire en sorte que leurs lots arrivent à bon port. Nous sommes satisfaits de l’activité que nous avons menée. »
Dans sa vision du développement du groupement Fokoué, le président du CODEF est convaincu que le programme mis en place permet aux populations bénéficiaires non seulement de se mieux se nourrir sans plus dépendre du marché, mais qu’il est aussi une opportunité pour eux de vendre le surplus de leurs productions. D’ailleurs, il pense que cette vision fasse tache d’huile, les élites rentrer dans la bataille. C’est en montrant le bel exemple que la jeunesse renoncera à ses plaisirs actuels pour rentrer dans les champs.
Les terres à Fokoué ne manquent pas. Les montagnes sont encore herbeuses, à la merci de troupeaux de bovins des populations bororo et de quelques élites. Si les jeunes du village ne peuvent pas travailler ces terres, l’Etat devrait peut-être en offrir aux demandeurs, qu’ils viennent de l’arrondissement ou la d’ailleurs.
Le CODEF ne se limite pas à distribuer des rejets. Les champs des bénéficiaires seront visités fin juin. Ceux qui auront respectés les consignes du formateur se verront encouragés. Ces plants sont gracieusement offerts.
« Nous avons souvent noté dans certains cas qu’après cette initiative il y avait un peu d’abandon. C’est pour cela que nous disons que dans un mois nous visiterons toutes les parcelles et pour celles qui ont été les plus réussies nous allons organiser de nouvelles donations équivalentes de ce que ces personnes ont reçu ce jour. Pour les encourager. » Professeur TCHAMBA Martin, président du Comité de développement du groupement Fokoué.
Augustin Roger MOMOKANA