L’atelier de mise en place du cadre de concertation départemental en matière de préparation aux situations d’urgences urbaines s’est tenu jeudi 7 mars au siège du Syndicat des Communes de la Menoua (SYCOME).
Les participants représentaient les six mairies de la Menoua, les forces du maintien de l’ordre notamment le commissariat central de Dschang et la compagnie de gendarmerie de Dschang, l’université de Dschang et les sectoriels de l’Etat en charge de la décentralisation et du développement urbain.
A travers les différents exposés, la situation générale du département de la Menoua a été dressée en ce qui concerne les catastrophes naturelles et les catastrophes provoquées par l’action humaine. Quelques intervenants reviennent ici sur les points forts de cet atelier qui s’est voulu la 1ère étape de formation des points focaux.
Paul DONTSOP, coordonnateur du projet ECOSAME
Le premier point gagné est que cet atelier de ce jour a permis au SYCOME de réunir sur une plateforme tous les acteurs de la gestion des urgences dans le département de la Menoua. Cela n’avait pas encore été possible avant. Cela s’est fait sans qu’il y ait eu une urgence de terrain. Cette plateforme qui vient d’être mise en place facilite la tâche aux autorités chargés de mobiliser les acteurs pour la gestion des situations d’urgence.
ASONG EDET Donatus, Délégué départemental du MINHDU
Lorsque nous observons les communes de la Menoua, nous constatons qu’aucune ne dispose de réserves foncières. Si une catastrophe d’ampleur survient, il faut négocier avec les propriétaires pour disposer des terres pour le recasement des sinistrés. Ce qui peut créer une source de conflits. Et pendant le temps de négociation, les sinistrés souffrent. Le MINHDU insiste sur le fait que chaque mairie doit avoir une ou des réserves foncières. Ensuite il y a les campagnes villes propres qui sont des cadres de sensibilisation des populations sur les mesures d’urgence pour éviter ou réduire au maximum les risques de catastrophes. Dans ce cadre le maire de Dschang a nettoyé le nid du cours d’eau au niveau de la Régie. Comme conséquence nous n »avons plus d’inondations de ce côté-là.
Professeur TEMGOUA Emile, 1er adjoint au maire de Dschang
Nous nous sentons honoré de ce que les partenaires AIMF et la Fondation Bill & Melinda Gates ont choisi le territoire de notre intercommunalité pour implémenter l’étude des cas d’urgence. Il faut le rappeler qu’en dehors des villes de Yaoundé et Douala, c’est le syndicat des communes de la Menoua qui a été retenu. Nous sortons de cet atelier étant très bien informés des différents niveaux de catastrophes et des différents niveaux d’urgence. Les urgences qui peuvent être naturelles et les urgences qui peuvent aussi être artificielles. Nous avons convenu qu’il faut mettre en place une plateforme des acteurs devant intervenir dans les cas d’urgence, mais avant tout nous devons mettre en place une stratégie de gestion des risques.
WABO, Commissaire de police en service au Commissariat central de Dschang
Vous avez parlé beaucoup plus des catastrophes naturelles, moi je vais vous parler des catastrophes qui découlent de l’activité humaine. Nous pouvons prendre deux cas : un accident de la circulation et un attentat terroriste. Ceci pour dire que la gestion des catastrophes nécessite des interventions professionnelles coordonnées. Il est malheureux de constater qu’en cas d’accident des individus se précipitent sur les lieux sans avoir qualité. Les mesures professionnelles demande que les autorités administratives et judiciaires en soient informées, que le premier geste du secours soit la délimitation de la zone afin d’empêcher son accès aux personnes non habilitées, que non seulement les secours soient portés sur les hommes mais également sur leurs biens.
Professeur YEMAFOUO Aristide, chef de département de Géographie, Université de Dschang
Ce que nous devons retenir au sortir de cet atelier c’est que les communes de la Menoua ont un potentiel de risques très élevé. Mon exposé a visé à montrer ce potentiel de risques. Nous avons constaté que les communes de la Menoua sont situées au pied du mont Bamboutos, donc à une altitude de 2740m à 700m dans la plaine des Mbos. Cela donne de l’accélération au processus érosif, notamment en termes de cumul des eaux qui vont créer des inondations dans les zones urbanisées. J’ai également démontré que l’étalement urbain est un facteur qui aussi accélère le processus d’exposition aux risques. Notre exposé a démontré qu’on ne doit pas limiter notre action au niveau des villes, mais que l’on doit aussi être attentif aux campagnes. Les images que j’ai projetées ont présenté des inondations dans la zone de Fongo-Tongo et de Santchou. Le potentiel de risques est important et il y a lieu d’agir. Nous nous sommes concentrés sur les risques naturels. Et parlant des risques naturels on va voir les catalyseurs qui sont les fortes densités de populations et puis le milieu naturel qui est fortement propice. Nous l’avons fait, et maintenant il faut évaluer, quantifier les potentiels de risques sur les six territoires qui constituent la Menoua.
WAMBA William, secrétaire permanent du SYCOME
La mise sur pied du cadre de concertation était très attendue par les populations de la Menoua qui vivent au quotidien des catastrophes naturelles. L’atelier a déjà apporté un élément de réponse à leur préoccupation en ce sens qu’il fédère les acteurs du département. Ensemble ils vont mutualiser les forces en vue de la création de cette unité au sein du SYCOME chargée de coordonner la réponse au niveau départemental et que les relais soient pris au niveau des différentes communes du territoire intercommunal. A cet atelier, en plus des administrations nous avons convoqué la société civile intervenant dans l’humanitaire. C’est ainsi que ERA Cameroun, TOCKEM étaient présents. La croix rouge n’a malheureusement pas répondue à l’invitation.
Ouvrant l’atelier, le premier adjoint préfectoral de Dschang, EVAGA Adelphe, a rappelé les dernières catastrophes d’urgence survenues dans le département de la Menoua. Il s’agit de l’accident de la circulation survenue le 27 février 2020 au niveau de la Falaise de Dschang, lequel a fait 55 morts et de nombreux blessés, puis les inondations survenues à Santchou. Il n’a pas omis la pandémie à Covid-19. Ces dernières ont détruits des plantations, des habitations et fait provoquées des morts d’hommes. D’où l’importance du projet qui vise à doter la Menoua d’une unité d’intervention d’urgence en cas de catastrophe.
La suite du programme du cadre de concertation prévoit le diagnostic des risques par un consultant recruté par le SYCOME, l’élaboration du plan de prévention des risques qui sera un document annexe local au Code général des collectivités territoriales décentralisées.
Les participants ont émis le vœu que des formation adaptées soient prévues et organisées pour les différents points focaux et des autres acteurs du plan d’intervention d’urgence. Cela permettra d’assurer l’efficacité des interventions.
Augustin Roger MOMOKANA