Comme le veut les us et coutumes dans le département de la Menoua, c’est un mouton qui a donné le coup d’envoie des lamentations dans le cadre des obsèques de Fô’o Ntsingbeu KENHAGO Robert.
L’ouverture des obsèques a eu lieu mardi 11 août 2020 à la chefferie de 3e degré du village Ntsingbeu, en présence des notables et des populations partisans.
Dès son apparition dans la cour, le mouton a bêlé. Mais il a par la suite refusé, malgré les sévices sur lui, de renouveler cet acte. Il a été trainé jusqu’à l’entrée du palais avant d’être lâché.
L’ouverture des obsèques de Fô’o Ntsingbeu KENHAGO Robert avait été interdite par une lettre du sous-préfet de l’Arrondissement de Nkong-Ni au président du comité d’organisation en la personne de Momo Jean. Le document dit se fonder sur une instruction reçue du ministre de l’administration territoriale.
L’interdiction intervient près d’une semaine après une décision du préfet de la Menoua ordonnant au village Ntsingbeu de pouvoir organiser des obsèques de Fô’o Ntsingbeu KENHAGO Robert conformément aux us et coutumes locales, c’est-à-dire conformément à son statut de chef traditionnel de 3e degré.
« Nous avons bravé l’interdiction par souci de respecter certains aspects des us et coutumes de notre villages que l’autorité administrative ignore. 60 jours c’est le délai pour ouvrir les obsèques. Nous avons ouvert les obsèques, cela ne signifie pas que nous n’avons plus l’attention sur l’administration », a expliqué le président du comité d’organisation à Sinotables.
Pendant cette cérémonie purement coutumière, des pleureurs portaient des pancartes pour dénoncer les manœuvres de l’administration. Elles vont jusqu’à dénoncer une Administration « sous les ordres de Dr Pierre-Marie METANGMO ».
Du côté de TOCKEM où Sinotables a été reçu par des notables partisans de Dr Pierre Marie METANGMO, on attend le verdict de l’Administration. Non pas sans rappeler les circonstances par lesquelles le trône a été confié au père de KENHAGO Robert.
C’était pendant la création de la route de Djuttitsa. METANGMO Daniel héritier naturel de Fô’o MKEMVOU était âgé de 5 ans seulement. Le village était sans régent. Vint le tour de Ntsingbeu d’aller creuser la route. KEMTSA, le frère de MKEMVOU, qui était un homme grand et robuste prit les devants et conduisit le village Ntsingbeu au chantier. Et, à la fin de sa participation le roi NGOUADJIO de Bafou fut très impressionné par la performance de ce village. C’est ainsi qu’il demanda à KEMTSA de répondre désormais des affaires de la chefferie Ntsingbeu. Lorsque KEMTSA mourut, TEIGUETSA, un autre frère de MKEMVOU, lui succéda à la tête de la chefferie Ntsingbeu. A sa mort TEMETANG venu de Batsing’la accéda au trône. Lorsque la mort emporte TEMETANG en 1955, KENHAGO Robert lui succède.
Ce que Dr Pierre-Marie METANGMO et son clan reproche à KENHAGO Robert c’est le refus de mettre fin à la régence, en restituant le trône au descendant au fils de METANGMO Daniel. Perpétuant ainsi la régence en cours depuis 1910 date de la mort par pendaison par les Allemands de EFO NKEMVOU, grand-père de Dr Pierre-Marie METANGMO.
Sauf que la justice a déjà tranché, en 1956, au profit de KENHAGO à l’occasion d’un procès intenté par METANGMO Daniel où MIAFO MEKONTCHOU, TAGUEDONNANG François et OUAMBA SOB appelé à témoigner devant le Tribunal civil de Premier Degré de la Subdivision de Dschang ont plutôt reconnu KENHAGO comme « l’héritier de feu TETSAVOU et de Fotsimbing ».
Logiquement, sauf intervention de dernière minute, le successeur de Fô’o Ntsingbeu KENHAGO Robert sera connu samedi à l’issue de la clôture des obsèques de ce chef de 3e degré décédé le 12 juin 2020.
Augustin Roger MOMOKANA