
Un bloc détaché du moteur d’un avion abattu par les nationalistes en 1959 à Messeng, un village du groupement Bamendou, a été découvert dans un cours d’eau à Messeng.
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 17 septembre 2021.
L’affaire se situe avant l’indépendance du Cameroun. Probablement en 1958 et 1960. Puisque les parents situent le fait à partir de l’âge qu’avait tel ou tel enfant.
La pièce [en image] retrouvée au fond d’un cours d’eau à Bamendou, dans le département de la Menoua, est l’élément d’un moteur d’avion abattu par les nationalistes que les colons appelaient pompeusement « maquisards ».
Cette découverte a été faite par l’historien DONLEFACK Martin. Ce spécialiste des migrations, dont les travaux portent sur les Baré Tchamba, s’est intéressé aux témoignages de personnes âgées pour aboutir à cette importante découverte.
A Penka-Michel, depuis des lustres, l’information circulait selon laquelle les « maquisards » avaient abattu un avion français à Bamendou. L’avion transportait deux personnes dont le pilote et le mitrailleur.
« Ce jour-là, dans le ciel, deux avions cherchaient les maquisards cachés dans les champs. Dès que l’un est tombé, l’autre s’est enfui. Les enfants du pays l’ont eu », a confié à Sinotables un fils de Bamendou.
Plus tard, devenu historien, DONLEFACK Martin a cherché à comprendre cette histoire. Ainsi, après des mois d’investigations auprès des villageois il a fini par identifier sa zone de recherche, de même que des indices pouvant lui permettre de rencontrer une des personnes qui a vu l’épave.
« Nous sommes toujours sur les traces des vestiges de cet appareil. Une prochaine descente nous conduira aux domiciles de ceux qui, selon les témoignages, détiendraient d’autres pièces de cet appareil », indique Docteur DONLEFACK Martin.
Il se rend d’abord à Bafoussam pour rencontrer NENTEDEM Simplice qui, à son jeune âge, avait l’habitude de « nager » avec ses amis dans le cours d’eau. Ce faisant ils avaient trouvé un gros morceau de fer dans ce cours d’eau.
L’historien et son guide se sont donc transportés à la limite Bamendou et Baloum. Ils ont entrepris de fouiller le cours d’eau à l’aide d’un métal. Jusqu’à ce que leur métal se heurte contre un fer. Il est extrait de l’eau.
Selon un premier diagnostic effectué par un mécanicien d’avion, il s’agit effectivement d’une pièce du moteur d’un petit avion. Des investigations se poursuivent pour mieux connaître cette ferraille.
D’ores et déjà, cette pièce pourrait être un argument de poids pour lever un pan de l’épais voile sur les crimes commis sur les populations civiles dans le cadre de la guerre de libération du Cameroun.

Ce qui se passe, racontent quelques sources glanées par l’Historien, c’est que l’armée coloniale avait l’habitude de passer arroser ce territoire. Décimant les « maquisards » cachés dans la brousse.
Ces « maquisards » avaient tendu un guet-apens. Ce jour-là, ils avaient placé un des leurs dans un arbre au niveau de Banig, à Baloum. Ce tireur a pu viser et atteindre le pilote. Le petit avion a perdu son contrôle et est finalement tombé dans un champ. Le village pris peur et chacun s’est bien caché.
A la tombée de la nuit, une colonne de soldats français est passée dans le village. Elle est partie en direction de Messeng. Elle a sans doute constaté ce qui s’était passé en journée. Les populations dans les camps craignaient à pisser dans leur cache-sexe. Heureusement personne n’a été ni interrogé ni arrêté.
Augustin Roger MOMOKANA