
« Vous n’avez pas besoin que le Président de la République vous connaisse. Par contre, si vous faites ce que vous avez à faire les gens vous découvriront. Apprenez à partir des difficultés de la vie et vous deviendrez un grand Homme ».
Pour sa conférence de presse, les journalistes ont eu droit plutôt à une « évangélisation » qu’à la présentation d’un album. L’artiste et écrivain Michel NGUE AWANE est venu à Dschang pour convertir les cœurs et les esprits.
Michel NGUE AWANE est un motivateur. Un coach en développement personnel. Ainsi ses discours aident ses fans à s’accepter, à trouver l’équilibre de leur être, à découvrir et à mettre à profit leurs forces, et à savoir saisir les opportunités qui se présentent à eux.
« Je ne cache pas l’histoire de mon enfance. Je dois toujours me rappeler d’où je viens. Je chante, j’écris parce qu’à travers moi beaucoup de personnes vont s’accepter et devenir eux-mêmes.», dit-il.
Michel NGUE AWANE voudrait impacter les vies, amener chacun de nous à se faire positive. D’abord pour soi-même, ensuite pour sa société. C’est ce qui ressort, en tout cas, de la rencontre vendredi 26 mars 2021 avec des professionnels de médias, dans un restaurant de la ville de Dschang.
Ce fils du département de la Menoua- il est du village Essekou dans l’arrondissement de Santchou – distille l’impression d’un berger préoccupé par la condition du troupeau. Le village Essekou est connu pour ses lacs jumeaux. Il se raconte à Santchou que ces lacs sont pleins d’ivoires. Tout éléphant totem abattu par des chasseurs venait y disparaitre, pour que les chasseurs ne s’emparent point de leurs défenses.
Son humanisme, Michel NGUE AWANE le doit à sa propre vie. Une vie faite de misère, mais de courage et de détermination qui lui ont permis de faire bouger sa condition. Il se souvient de son enfance. Pour aller à l’école il traversait une forêt réputée pour ses éléphants nains et ses serpents boa.
« Ma passion pour la musique commence dès l’âge de 8 ans. Un enfant sort de la maison-il est seul et va parcourir 15 kilomètres pour arriver à l’école, faire autant de kilomètres pour revenir à la maison. Ce que j’avais à faire pendant le trajet était simple : soit je chantais soit je pleurais. Ce parcours m’a donné aussi de l’inspiration pour l’avenir. Seul dans la brousse je regardais le ciel et priais le Seigneur afin qu’il puisse faire de moi quelqu’un », explique l’artiste-écrivain Michel NGUE AWANE.
« Kacti Kacti », l’album de Michel NGUE AWANE, est un mélange des combats de l’écolier de brousse, du collégien qui a abandonné ses parents pour les études secondaires d’abord dans la ville de Dschang puis à Douala, de l’étudiant en philosophie à Ngoa Ekellé, du jeune enseignant qui renonce à un salaire honorable pour devenir consultant auprès d’un organisme du système des Nations Unies. Ce parcours lui a permis de tirer d’importantes leçons de la vie. Leçons qu’il partage avec ses semblables soit avec la musique soit avec l’écriture.
L’artiste se souvient que c’est sa condition d’enfance qui lui a inspiré la chanson « Money ». Il prenait sa pause de midi en faisant le « lèche-vitrine » dans le centre-ville de Santchou, allant d’une boutique à l’autre, en savourant les musiques de Ngalle Jojo, Moni Mbilé, Pierre de Moussy, et les autres. «Ndedy Eyango était à ses débuts. Je chantais surtout pour ma protection. Malgré la forêt je n’avais jamais croisé ou aperçu ni un éléphant ni un serpent boa. La seule fois que j’ai vu cela on était en groupe. Pour dire que Dieu m’a beaucoup protégé ».
Michel NGUE AWANE chante en mbo, yemba, duala, ewondo, anglais, français, et dans plusieurs autres langues africaines, en l’occurrence du Burkina Faso. « Je me suis demandé ce qu’il faille faire pour que nos langues ne disparaissent pas. En Europe beaucoup de langues ont disparu. Je chante en langue non seulement pour préserver la culture, mais pour sensibiliser d’autres artistes sur le fait qu’on peut très bien chanter en yemba », dit-il.
Ce que Michel NGUE AWANE revendique dans ses chansons et ses écrits, c’est l’humilité et l’audace en toutes circonstance et en tout temps. Cette capacité de s’assumer fait de l’homme un esprit positif et non un pourfendeur de ses semblables. « Ne voyez pas les fautes que les autres ont faites. A travers leurs fautes voyez la possibilité de corriger ces fautes, voyez la possibilité de les aider à changer positivement»
En écoutant « kact kacti », notamment les titres «mougou », « langue mba », « metsong », « yessu » ; en lisant des livres dont « Poor Land or Poor Mind » chez Amazon, 2008 ; « Above The Colonial Subconscious, Africa Moves » 2015.
Gardons à l’esprit que « Chaque pays a ses difficultés. Que chacun doit faire ce qui est à son niveau. Chaque Camerounais doit être l’exemple qu’il veut voir en d’autres ».
Augustin Roger MOMOKANA