
Notre journal a rencontré deux citoyennes nipponnes en séjour linguistique au Cameroun. Accueillies à Yaoundé, Mmes Noriko Nakagawa et Nanako Iketani ont séjourné du samedi 25 au lundi 27 novembre 2017 dans la cité de Dschang.
Mmes Noriko Nakagawa et Nanako Iketani sont deux membres de Hippo Family Club/ Language Experience, Experiment & Exchange (LEX Institute). Leur séjour au Cameroun leur a permis de beaucoup apprendre sur les hommes et leurs cultures. Elles repartent au Japon avec la conviction que de nombreux japonais autres suivront leur exemple. Notre entretien avec Mme Noriko Nakagawa a été facilité par M. Emmanuel Kanla.
Sinotables.com : Qu’avez-vous appris du Cameroun ?
Mme Noriko Nakagawa: Lorsque nous serons de retour au japon, nous allons partager notre expérience du Cameroun avec les autres membres du club. Les membres de Lex Hippo Club. Nous irons le faire dans les établissements scolaires. Et pour cela nous arborerons ces tenues (elle indique sa robe qui est typique de la région du Nord-Ouest, ndlr) pour leur dire « voici le Cameroun ! » Cette tenue et les photos faciliteront la transmission de ce que nous avons appris ici.
Vous est-il arrivé de visiter un centre linguistique au Cameroun ?
Non. Nous n’avons visité aucun institut d’apprentissage de langues au Cameroun. Par contre nous avons visité des familles d’hôtes, étant donné que nous sommes installées dans ces familles-là.
La particularité ici au Cameroun, contrairement au Japon où toutes les familles hôtes parlent une seule langue qui est l’anglais, c’est que chaque famille parle d’abord une langue qui est différente du français et de l’anglais. Il y a beaucoup de dialectes ici. Ce n’est pas la même chose au Japon.
Parlez-nous de l’objectif de votre séjour.
Nous sommes des membres du Hippo Family Club de l’Institute for Language Experience, Experiment & Exchange (LEX Institute). Deux choses nous ont encouragés à venir au Cameroun : La première raison c’est qu’un Camerounais du nom de Mengn’jo Jude venu passer le PhD a été accueilli dans une famille au Japon. Il a tellement bien marqué sa famille d’accueil que, lorsqu’il est retourné dans son pays, cette famille a gardé un bon contact avec lui. Cette famille a décidé de venir lui rendre visite au Cameroun. La deuxième raison, c’est que j’ai eu l’opportunité de visiter l’Afrique du sud en 2008. Ce qui m’a permis de constater que les sud-africains sont des gens merveilleux. Lorsque j’ai appris qu’un voyage pour le Cameroun se préparait, je me suis dit « voilà une autre opportunité de visiter l’Afrique ! »
Et lorsque nous sommes allés rendre visite à l’ambassadeur du Cameroun au Japon il nous a dit : « le Japon est long, d’Hokkaido jusqu’à Okinawa, mais avec une seule langue. Par contre, au Cameroun vous avez 250 langues. » Je me suis dit que c’est une occasion extraordinaire de découvrir le Cameroun et sa diversité.
Depuis leur arrivée au Cameroun, avez-vous rencontré M. Mengn’jo ?
Bien sûr ! M. Mengn’jo nous a promenés dans Yaoundé. M. Mengn’jo est chercheur dans un institut minier. C’est lui qui nous a accueillis en premier.
Que retenez-vous de votre séjour au Cameroun ?
Les Africains sont ouverts et accueillants. Notre philosophie, en tant qu’institut de langues, c’est qu’il n’y ait aucune barrière entre les hommes. Il faut que les gens soient ouverts les uns envers les autres. Il faut que les gens vivent comme un seul et même peuple, malgré leur pays et leurs particularités. Leurs particularités doivent être vues comme des richesses. Parce que c’est elles qui doivent rapprocher les uns des autres.
A votre retour vous comptez partager votre expérience du Cameroun avec vos compatriotes. Quel est le message spécifique que vous souhaitez passer ?
Nous aurons des opportunités pour partager nos expériences du Cameroun : à travers des conférences, à l’occasion des rencontres, etc. La plupart de gens dans le monde accorde de l’importance à l’anglais-il est vrai que l’anglais est très important-mais il ne faut pas oublier ou ignorer le fait qu’il existe, ailleurs, d’autres peuples dont la langue n’est pas l’anglais. Ces gens parlent des langues toutes aussi importantes que l’anglais. Le fait de mettre l’accent seulement sur l’anglais n’est pas bien. Il faut aussi considérer les autres langues car ce faisant on pense à ces autres peuples qui ont des difficultés.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué dans la gastronomie camerounaise ?
J’ai beaucoup mangé : les hannetons et les bâtons de manioc à Yaoundé. Les légumes au poulet avec de la banane ici à Dschang. C’est très bon ! Nous avons mangé de la bonne nourriture, mais la meilleure mémoire du Cameroun c’est les gens. Vous êtes un peuple extraordinaire et merveilleux. Nous avons eu la chance de venir chez vous et j’en suis contente.
Vous serez donc des sortes d’ambassadrices du Cameroun au Japon, aux côté de notre Ambassadeur officiel, n’est-ce pas ?
Lorsque nous seront rentrées au Japon, nous allons remettre un rapport de notre visite à l’Ambassadeur du Cameroun au Japon. Nous parlerons beaucoup du Cameroun aux gens de chez nous et sûrement d’autres personnes viendront découvrir ce pays formidable.
Vous avez visité le palais royal Foto au moment où s’achèvent les travaux de construction de sa bibliothèque et de son musée. Quelqu’un vous a suggéré de faire un don de livres ou d’objet d’art japonais pour marquer à jamais votre séjour. Cela est-il possible ?
J’ai beaucoup de livres dans ma bibliothèque, mais ils sont en japonais. Ce serait difficile, mais nous allons voir ce qu’il y a lieu de faire. Un objet d’art, oui pour quoi pas ! On verra.
Quelle fonction assumez-vous au sein du Hippo family Club?
Dans notre institut il n’y a ni enseignant, ni salle de classe, encore moins de livres. A Hippo on n’enseigne pas, mais plutôt on apprend d’une manière naturelle ; exactement comme à la maison où l’enfant écoute ses parents, observe les parents et d’autres personnes pour apprendre progressivement à parler.
Dans la perspective des Jeux Olympiques (Tokyo 2020, ndlr), le gouvernement japonais a déclaré qu’il s’agit une occasion de nouer des contacts d’amitié avec le monde. Pour cela il a mis sur pied un programme de collaboration et d’échange avec des écoles des pays à travers le monde. A Tama city qui est ma ville, l’école où j’ai fait mes études a choisi le Cameroun. Et avant qu’on ne quitte le pays, le principal de cet établissement a remis une lettre avec les photos et le drapeau du Japon. Je suis arrivée ici et j’ai remis cela à une école de Yaoundé.
Propos Recueillis par Augustin Roger MOMOKANA