
Depuis plus d’un siècle, la communauté internationale célèbre la journée internationale du travail le premier mai de chaque année. À cette occasion, l’on a coutume de souhaiter bonne fête de travail à toute personne mature estimant à tort ou à raison que, à quelque niveau que l’on est, l’on mènerait une quelconque activité fut-il avec joie ou tristesse. Pourtant, on ne devrait souhaiter bonne fête de travail qu’à celui ou celle-là dont l’activité mérite d’être encouragée. Ceci suppose que l’on sache s’il travaille pour la libération ou l’aliénation du vivant.
Martin Luther King (1929-1968) n’avait pas toujours imaginé la portée de ses propos. En effet, en affirmant que, « quel qu’en soit ce que vous avez à faire dans la vie, faites le bien. Si bien que ni les anges du ciel, ni les vivants de la terre, ni même les morts ne puissent le faire mieux que vous. », il était loin de s’imaginer qu’en le faisant, celui ou celle qui travaille pour la corruption handicaperait la vie de ceux qui sont là ainsi que de ceux et celles qui seront là. À ces travailleurs et leurs adjuvants, faut-il aussi souhaiter bonne fête de travail ?
En effet, depuis plus d’un siècle, la communauté internationale célèbre chaque premier mai la journée internationale des travailleurs. À cette occasion, on a coutume de souhaiter en ce jour « bonne fête du travail ! » à toute personne adulte consciente de ce que, à quelque niveau que l’on soit, on mène une quelconque activité fut-il avec joie ou non. C’est une façon de dire « bon courage ! » ; « Continuez ! ».
Or, tout travail mérite-t-il d’être poursuivi ? Pour bien répondre à cette question, notons qu’il existe deux types majeurs de travail.
Le premier est celui qui consiste à faire souffrir les autres ou à leur donner la mort. C’est l’activité des personnes dont, consciemment ou inconsciemment, les efforts concourent à rendre la vie difficile pour ceux qui sont là, ou pour ceux qui viendront, ou les deux à la fois. Sans être exhaustif, relevons en quelques sous-catégories. Il y a le travail de domination. Eh oui, ceux et celles qui travaillent à dominer les autres, travaillent à les faire souffrir et ne manquent pas souvent de faire tuer quelques-uns pour davantage assurer leur position de dominants. Il y a aussi le travail de séparation. C’est l’activité de ceux et celles qui travaillent à séparer les vivants à travers différentes techniques. Ajouter à ceci, le travail des personnes qui œuvrent à l’animalisation et la chosification de la personne humaine.
Malgré la puissance de ce premier type majeur, de nombreux efforts sont déployés chaque jour parfois même au prix de la vie de leurs auteurs. Que l’on se souvienne des luttes antiesclavagistes et anticoloniales par exemple. C’est le fait du deuxième type majeur de travail.
Il consiste prioritairement à deux choses. D’abord, dénouer les nœuds constitués par les agents du premier type et leurs adjuvants. C’est le travail de raccommodage auquel Achille Mbembe convie ses semblables. C’est le travail de réparation qu’accompagne celui de la restitution. Ensuite, travailler essentiellement à faciliter la vie aux vivants sans pour autant mettre en difficulté la vie de ceux et celles qui ne sont pas encore là.
De la distinction de ces deux types majeurs de travail, il appert qu’on devrait se méfier de souhaiter « bonne fête de travail » à n’importe qui. On devrait se rassurer que notre destinataire exerce une activité que nous pouvons encourager avec toute lucidité.
TAGNE Blaise