
A première vue, l’école publique de Tchuéza, dans le groupement Baleveng, commune de Nkong-Ni, est un établissement scolaire jouissant d’un état de santé qui se passe de tout commentaire. Erreur car tout n’est qu’apparence. Les beaux bâtiments qui se dressent fièrement dans son enceinte sont deux grands arbres qui cachent la forêt.
« Avant, l’école publique de Tchuéza était bien doté en la matière. Il me souvient qu’à une certaine époque, celle dite faste, notre école a compté cinq maîtres qualifiés. Les résultats étaient concrets. Puis vint un jour, et le gouvernement a commencé à muter les enseignants sans procéder à leur remplacement. Si bien qu’aujourd’hui on se contente du seul directeur.», témoigne Etienne Sazang, le président d’honneur de cette école.
Depuis quelques années, cette école connait une baisse drastique de ses effectifs, du fait d’un manque criard d’enseignants qualifiés. Les parents sont de plus en plus soucieux de la bonne formation de leurs enfants. Ils n’hésitent pas à sortir leurs enfants de l’école du quartier pour aller les inscrire dans les écoles voisines où la situation est nettement meilleure.
Seul le directeur, qui tient la classe de CM2, est qualifié. Les autres étant des enseignants sous la responsabilité financière des parents d’élèves. Un état de chose qui a des répercussions criardes sur les frais de scolarité. Ici à l’école publique de Tchuéza la politique de gratuité de l’école primaire ne peut pas encore être une réalité, vu le contexte et les réalités.
Si le parent veut envoyer son fils à l’école, il doit débourser entre 6500 F cfa et 8000 Fcfa selon sa classe. Une somme difficile à débourser quand on connaît le niveau de vie dans nos campagnes. Pendant ce temps, dans les villes, une salle classe peut se payer le luxe d’avoir à elle seule jusqu’à trois enseignants. Une habitude qui ne sert pas notre système éducatif qui, pourtant, se veut en quête de performance.
Pour tenter de sauver les meubles, les parents appellent à la mise sur pied d’une association des anciens élèves. Elle pourra certes apporter sa contribution, mais pourra-t-elle se substituer à l’Etat qui gère le personnel enseignant ? Sauf à dire que cette association viendra contribuer à perpétuer la corruption tant combattue au niveau des administrations publiques, et singulièrement en milieux scolaire où les affectations comme les nominations ne tiendraient plus de l’objectivité.
Augustin Roger MOMOKANA