
Paul Biya répondant à Mo Ibrahim
Le président Paul BIYA a déclaré que les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest allaient être dotées d’un « statut spécifique ».
Intervenant dans un panel du 2e Forum sur la Paix, à Paris, en France, le président Paul Biya a dévoilé sa décision de doter les deux régions anglophones du Cameroun d’un statut particulier.
« L’histoire de mon pays est compliquée… Nous avons été d’abord colonie allemande. Après la Première guerre mondiale l’Allemagne a perdu ses colonies. Celles-ci ont été partagées entre la Grande Bretagne et la France. Et mon pays a été divisé : une partie sous colonisation britannique et une autre sous colonisation française. Il en est résulté une juxtaposition de cultures et de civilisations qui rendent les choses assez délicates. On a tout fait pour mettre à égalité les deux langues, mais les mentalités, les systèmes scolaires, les systèmes de la magistrature sont différents. Nous avons donc eu des conflits qu’on est entrain de résoudre en ce moment pour concéder à la partie de mon pays qui était sous colonisation britannique un statut spécifique. Mais il reste dans l’unité de la nation. On avait la possibilité de les intégrer directement dans le système francophone qui était celui de la majorité du peuple qui est de 80%, mais je crois que les pays sont aujourd’hui soucieux d’affirmer leur identité. C’est pourquoi nous mettons sur pied un statut spécial qui reconnaît la spécificité de la zone anglophone, mais elle reste dans l’intégrité territoriale du Cameroun », a déclaré Paul Biya.
Alors que Paul Biya se trouve encore à Paris, un groupe de 50 intellectuels africains demandent à Emmanuel Macron, à travers une lettre ouverte publiée par Jeune Afrique, d’encourager son homologue camerounais « à participer ouvertement aux pourparlers de paix menés par la Suisse pour tenter de mettre fin à la crise anglophone au Cameroun. »
Selon les signataires, le grand dialogue national du 30 septembre au 04 octobre n’a pas su apporter la paix dans les régions anglophones du Cameroun. Pour cela, il serait important d’éviter que le pays bascule dans le même cas que le Rwanda en 1994.
« Les pourparlers menés par la Suisse semblent désormais être le seul moyen de parvenir à une solution politique appropriée, et ce, par le biais d’une table de négociation inclusive », poursuit le collectif d’universitaires, écrivains, défenseurs des droits de l’homme.
Paul Biya va décider. Sa décision ne va-t-elle pas soulever de nouvelles vagues de contestations ? Le Camerounais, dans leur large majorité, demande le passage au de fédéralisme, en lieu et place de la décentralisation accrue. Les populations souhaitent désormais participer aux décisions qui les concernent. Être responsable de leur destin. Seule alternative pour oublier tous les méfaits du système actuel concentrés entre les mains d’une minorité qui n’en fait qu’à sa tête.
Augustin Roger MOMOKANA