L’idée de donner à son enfant un prénom bamiléké (Africain) plutôt que chrétien/islamique/européen (comme c’est devenu la norme depuis la colonisation) est quelque chose de plus en plus présent à l’esprit d’une minorité de Bamiléké (Africains) avant-gardiste. Cependant beaucoup de ceux-ci restent quelque peu confus sur comment procéder pendant que la plupart des gens autour d’eux semblent dire que ce n’est pas faisable. Comment procéder donc ?
Une stratégie simple pour adopter les prénoms Bamiléké, c’est simplement aller dans ta langue et choisir un mot que tu aimes bien et qui a un sens que tu souhaites donner à ton enfant. Il y a par exemple des exemples en dialecte Yemba de la langue Bamiléké comme Mbweli (calme, paix) ; Nkonli (amour, amitié) dont je connais des personnes qui portent ces prénoms. C’est en fait la même technique que d’autres langues africaines ont adopté et ont réussi à établir au fils du temps des prénoms courants qui ne surprennent plus personne.
En Afrique du sud, par exemple, parmi les noirs les prénoms comme Siyabonga (merci en Zulu) et Lerato (amour en Tswana) et bien d’autres sont devenus des prénoms courants. C’est pareil dans beaucoup d’autres pays Africains surtout anglophones. En milieu Bamiléké, les gens sont encore surpris quand ils demandent le nom de l’enfant et on leur répond Mbweli ou Nkonli. Ça leur semble encore invraisemblable, voire choquant, que quelqu’un n’est pas un prénom étranger ! Pour ceux-ci le prénom ne peut qu’être étranger (chrétien/islamique/européen, etc.)
En fait, il convient de souligner que techniquement parlant, il n’y a pas de différence entre « noms » et « prénoms » excepté que l’un précède l’autre. Donc des ‘noms’ comme ‘Momo’, ‘Kana’ ‘Kemta’ ‘Songna’ ‘Kamto’. ‘Simo’ etc. peuvent bien être utilisés comme des ‘prénoms’ ; de la même manière qu’un français qui se nomme Pierre (prénom) Olivier (nom) pendant qu’un autre se nomme Olivier Pierre ; ou un anglais qui se nomme John (prénom) Kelly (nom) alors qu’en même temps Kelly est un prénom courant de beaucoup d’autres anglais. Il faut le redire le prénom est juste un nom qui précède un autre nom.
L’habitude de donner des prénoms Bamiléké à nos enfants reste encore à instituer et rendre courant dans notre société. Heureusement quelques pionniers nous y poussent par leur exemple et par leur exhortation. Notre génération à l’opportunité de rectifier les erreurs de la génération de nos parents qui était souvent trop hâtivement séduite par tout ce qui est occidental. Let get there quick!
Serge Zelezeck (Dr.)