« Il y a eu trop de faux au Rdpc. Ils ont menti au président. Dans un parti sérieux on ne vendait pas les cartes aux tous venants. Faites une expérience. Prenez un agent. Donnez-lui un peu d’argent…Récemment des camarades m’ont dit qu’ils sont encore allés acheter des cartes… vous arrivez, parce qu’ils sont fous d’argent, ils veulent remplir les caisses à tout prix et à tous les prix ».
Le professeur Pascal Charlemagne MESSANGA NYAMDING, récemment relevé de ses fonctions de chef de Département à l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric), établissement de l’Université de Yaoundé I, puis mis à la disposition, avec transfert des dossiers, de l’Annexe de la faculté des Sciences politiques et juridiques de l’Université de N’Gaoundéré à Garoua, était l’invité de Equinoxe Télévision dimanche soir 4 avril 2021 dans le cadre de son magazine « La Vérité en Face ».
Ce que l’enseignant et membre du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) appelle « l’ivresse du pouvoir » est entretenu par 2% des cadres du parti, en marge des hautes instructions du président national de leur parti.
« Avec tout ce que j’ai fait pour ce parti (…) mes assassins sont mes camarades politiques. Mes contempteurs sont mes camarades politiques », martèle Pascal MESSANGA NYAMDING.
Sans citer nommément quelqu’un pense fermement que les décisions qui s’abattent sur sa tête visent à délester le président national du Rdpc de l’un de ses inconditionnels militants. Il a cette occasion fait savoir qu’il fait partie d’une poignée de cadres du parti qui rencontrent souvent le président national du RDPC et chef de l’Etat.
Pourtant il ne comprend pas ce qui peut emmener certains cadres du parti à se cacher derrière le couvert de l’administration pour poser des lapins au Rdpc. L’intrusion du sous-préfet de Yaoundé 1er dans une réunion de concertation des partis politiques de l’opposition, au siège de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) atteste de cette volonté manifeste de détruire le Rdpc.
« Est ce qu’il y a aujourd’hui dans notre code pénal délit de concertation politique ? Non. Le Rdpc est fort parce que le président Paul Biya est là. Mais il peut être encore plus fort si nous nous organisons. Notre parti n’a même pas de siège. Avec tout ce qu’on a engrangé comme ministres (…) nous confondons souvent les actes administratifs aux actes du Rdpc. Le Rdpc bat campagne et le moment venu les fonctionnaires, à travers leur petit groupe reprennent les choses en main. Ces personnalités ? Au moment où on parle d’apaisement, au moment où le président Paul BIYA a tout donné, mais alors tout donné à certains (…) au moment où il y a la guerre au NOSO, au moment où on doit resserrer les coudes, être solidaire dans le parti, eh bien, regardez le type d’incident que certains veulent créer.»
Le coordonnateur national du Mouvement Biyaiste dénonce également la manière dont est conduite l’opération d’actualisation du sommier politique de son parti. Partant des contradictions étalées par les chiffres des cartes de militants vendues et les chiffres réels en matière de participation aux élections.
Dans un parti sérieux le placement des cartes de militants se fait non pas au comité central, mais auprès des comités de base. Cela permet d’avoir une maitrise des effectifs.
« Pardonnez-moi ! Je suis devenu frustré. Je suis…On m’étouffe. On vous critique parce que de petits réseaux et des groupes d’hommes qui, malheureusement, vous vous battez pour les victoires mais le moment venus les fonctionnaires et ceux qui contrôlent l’administration reprennent la main sur le parti ».
Le cri de Messanga Nyamding va-t-il être entendu par Paul Biya ? C’est en tout cas à lui que le cadre « humilié » du Rdpc s’adresse parce que les « enfants pressés », chargés de « l’ivresse du pouvoir », convoitent ses hautes fonctions à la tête de l’État.
Augustin Roger MOMOKANA