
Un décret du président de la République publié vendredi 24 novembre 2017 créé une faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques à l’Université de Dschang. Le maire de Dschang Sa Majesté Donfack Beaudelaire s’en félicite, mais demeure dans l’attente. Lisez plutôt l’entretien qu’il a accordé lundi à Sinotables.com.
Au nom des populations de Dschang, dites-nous Monsieur le Maire, quelle est votre réaction suite à la création par le président de la république d’une faculté de Médecine et des sciences pharmaceutiques à l’université de Dschang ?
Je vous remercie de me donner l’opportunité de réagir, en tant que maire de Dschang, suite au décret présidentiel de vendredi dernier créant la faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques à l’université de Dschang. Je suis en joie, tout comme l’ensemble des populations de la commune de Dschang, du département de la Menoua, et de la région de l’Ouest. La jeunesse camerounaise est en joie. Non seulement parce que cette faculté a été créée à Dschang, mais parce que d’autres grandes écoles ont été créées dans d’autres universités. En ce qui nous concerne ici, nous avons longtemps attendu que cette promesse présidentielle se réalise à Dschang. Désormais c’est chose faite. Donc, c’est l’occasion idoine pour moi de transmettre au Chef de l’Etat les vifs remerciements des populations de Dschang pour cette constante sollicitude qu’il ne cesse de manifester à l’égard de notre chère ville.
Quels peuvent être mes effets de cette nouvelle faculté sur votre commune ?
Une faculté comme celle-là a beaucoup d’effets induits dans le devenir de notre ville. Vous imaginez, ces étudiants seront enseignés par des professeurs en médecine qui, n’est-ce pas, ne manqueront pas de faire des consultations et de soigner les populations de Dschang en tant que professeurs de médecine et praticiens.
Un autre effet induit c’est la création d’un centre hospitalier universitaire ou la transformation de l’hôpital de district. Cela implique bien évidemment le relèvement du plateau technique de cette formation sanitaire dont les populations devraient être bénéficiaires. Beaucoup de malades de Dschang ne seront plus évacués ailleurs pour de besoins de compétences appropriées. Sur place on trouvera des hommes et du matériel nécessaires pour une santé décente.
Et qu’en dites-vous, parlant des effets économiques ?
On aura des professeurs de médecine qui sont des gens d’un niveau social élevé ; et il faudra les loger dans des habitations décentes. Il y a des gens qui ont fait des investissements dans des logements qui ne sont pas occupés. Ces gens qui viennent vont consommer ces produits et bien d’autres. Ceci pour dire que les bienfaits de cette initiative du président de la république sont nombreux.
Quelles sont les leçons politiques de cet acte présidentiel ?
Comme leçons politiques, nous retiendrons que Paul Biya réalise toujours ce qu’il promet. Il avait, en 2008, promis de créer la faculté de médecine à Buea, à Douala et à Dschang. Dans les deux premiers cas cela déjà été fait. Il ne restait que Dschang. Au plan politique ça a fait beaucoup jazzer dans tous les bords politiques à Dschang, si bien que d’aucuns ont même taxé cela de promesse fallacieuse. Nous autres connaissant notre mentor, notre rais, nous savions qu’il prend du temps pour faire des choses sérieuses, des choses durables.
Lors de la tournée de prise de contact du préfet de la Menoua on en parlait encore, Monsieur le Maire, avec une gêne compréhensible.
Oui, un jour avant ce décret présidentiel la promesse du Chef de l’Etat a fait l’objet d’une question lors de la tournée de prise de contact de Monsieur le Préfet dans l’arrondissement de Dschang. Nous avions répondu ce jour-là, vous vous en rappelez, qu’il faut s’armer de patience. Tout simplement.
Sur le plan géostratégique ?
C’est important, d’autant plus que nous aurons des enfants de cette région qui, sur place, vont apprendre à devenir médecins. Le coût de la vie à Dschang est relativement moins cher par rapport aux autres métropoles du pays ; et ceux des parents de cette région qui voudront avoir des enfants médecins n’auront pas à beaucoup souffrir. Vous imaginez ce que cela coûte d’envoyer un enfant se former comme médecin hors du pays ? Ça a un coût colossal. Donc, géostratégiquement, c’était important que notre région ait sa faculté de médecine. Il est certes vrai qu’il s’agit d’une école républicaine, mais il aurait fallu qu’elle s’implante ici, puisque toutes les élites de l’Ouest ont, comme un seul homme, réclamé la création à l’université de Dschang d’une faculté de médecine.
Le décret présidentiel précise bien, « faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques de l’université de Dschang à Dschang. Ça voudrait dire quoi « à Dschang », Monsieur le Maire ?
Cela signifie que c’est à l’université de Dschang, parce qu’effectivement l’université de Dschang a des démembrements dans d’autres localités du pays. La faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques n’est pas une école délocalisées. Elle doit s’implanter dans la ville de Dschang.
Pour ceux qui suivent l’actualité au cœur de Dschang aucun discours, dans certains bords politiques, ne se passait de cette requête. Du coup, à la publication du décret présidentiel on a l’impression qu’il s’agit d’effet de pressions. Qu’en dites-vous ?
Ce n’est pas un épiphénomène. En vérité, on a réalisé que nous attendions une faculté de médecine dont aucune demande formelle, aucun dossier maturé n’avait été formellement adressé. Je dois vous le dire, le recteur Nanfosso et quelques élites se sont penchées dessus, il y a moins de deux ans, et la faculté est là. Nous avons, à un moment donné, pensé qu’on faisait des revendications dans le vide. Parce que lorsque les habitants d’une localité sollicitent un établissement scolaire ou une infrastructure quelconque, il y a quand même un dossier de maturation pour dire que le foncier est disponible, telle chose est disponible, etc. Pour dire qu’après étude, voici la nécessité de créer cela ici.
Vous sous-entendez là qu’il y a eu enfin la maturation dans votre démarche ?
C’est effectivement cela.
Comment la ville de Dschang dont vous êtes le premier magistrat se prépare-t-elle pour accueillir cette faculté, sachant que l’université de Dschang connait une pénurie en infrastructures pour les cours ?
De toutes les façons, en tant que maire de Dschang je rencontrerai bientôt le recteur, pour qu’avec lui en tant que chef d’institution, nous analysions les contours pour le démarrage effectif de cette faculté. Si cela démarre le plus tôt possible, ce serait une bonne chose pour nous. Le décret présidentiel est là et il faudrait que les choses soient effectives.
Vous le savez très bien, l’université est un sanctuaire et pour cela la mairie n’a pas à y aller, même si elle dispose des moyens colossaux. Il va falloir lier langue avec les autorités académiques pour développer des stratégies pour le démarrage effectif de cette faculté à Dschang.
Si nous avons demandé que cette faculté soit ici à Dschang, c’est parce que nous avons, évidemment, les moyens psychologiques et politiques de sa mise en œuvre.
Quel type de débat aviez-vous initié, auprès des élites, sachant que la demande pouvait aboutir ?
Tout compte fait, je dois vous dire que Dschang est prêt à accueillir sa faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques. Vous connaissez comment l’université de Dschang est organisée ; comment la communauté universitaire de l’université de Dschang est organisée. Tout récemment on a mis en place ce qu’on a appelé la fondation de l’université de Dschang. Nous sommes entrain de nous préparer, en tant qu’individu et en tant qu’institution, à nous impliquer fortement pour que… j’ai ce dossier sur ma table et je le feuillette tous les jours… pour que notre université puisse s’envoler durablement. C’est une question de temps et dans de brefs délais nous allons nous atteler à ce que les choses soient bien faites pour que cette faculté soit effective à Dschang, en termes d’opérationnalité.
Il y a eu certes beaucoup de lettres dont celle récemment initiée par la section Rdpc de Menoua Centre I qui a eu le mérite de mobiliser les chefs traditionnels, les maires, les présidents de sections, les députés et quelques forces vives toujours du Rdpc.
Je vais vous le dire, toutes les élites de la Menoua et de l’Ouest, les populations de cette ville ont prié et ont souhaité que cette faculté soit à Dschang. Elle est arrivée. Nous attendons encore d’autres : nous attendons l’Ecole normale supérieure ; nous attendons l’école nationale polytechnique. Nous attendons des écoles qui s’ouvrent sur l’emploi direct. Nous connaissons l’Etat tellement en difficulté à cause de la récession qui est internationale. Une telle conjoncture nous impose d’adopter ce que nous appelons le ramadan économique dans la gestion, afin de pouvoir nous adapter et mener des actions durables. Le chef de l’Etat a attentivement lu nos correspondances et il a compris que c’est une nécessité absolue pour ce département, pour cette région qu’il aime tant.
Mais il y a eu également ce discours du professeur Vittorio Colizzi aux obsèques de Madame Françoise Foning. Il s’adressait directement au Chef de l’Etat, à travers son chef du gouvernement. On ne peut pas ignorer la contribution des partenaires italiens du Cameroun, Monsieur le Maire !
Ecoutez ! Colizzi est un professeur en médecine. C’est un partenaire classique, voire traditionnel dans la mise en œuvre de cette faculté à Dschang. Actuellement je suis en pourparlers très avancées avec l’école d’agronomie de Nantes pour qu’elle travaille avec la faculté d’agronomie et des sciences agricoles de l’université de Dschang. Vous savez aussi que Dschang a eu un grand partenariat avec des universités italiennes dans le domaine de la formation en sciences biomédicales, juste parce que la commune de Dschang avait ouvert la brèche. L’une de nos missions consiste à rechercher des partenariats pour développer l’université nationale qui est à Dschang.
Monsieur le Maire, le décret présidentiel intervient en fin 2017, et nous savons que 2018 au Cameroun est une année densément électorale. Ne serait-ce pas un appât électoral du président national du Rdpc ?
C’est vous qui voyez le rapprochement des dates. Moi, je me dis que la vie est un processus. La concrétisation de la promesse présidentielle arrive en son temps ; dès lors que les décideurs ont maturé le projet et ont que pensé c’était une nécessité impérieuse de créer la faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques de l’université de Dschang. Donc, moi je n’ai rien à dire sur l’agencement du calendrier politique. Quand on travaille pour son peuple on a, chaque jour en tête, la mise en œuvre des projets pour le bien-être de tous et de chacun.
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA