N’ayez pas peur de vous rendre dans son atelier sis derrière la Camwater à Dschang. Wirsiy Kernyuy Nsolo et son musée animalier vous y accueille à bras ouverts.
« Cela fait déjà 12 ans que je travaille du bambou. Au départ c’était pour fabriquer des tabourets de cuisine, puis avec le temps l’idée m’est venue d’aller plus loin ».
Le temps d’une visite, dans ce qui en réalité n’est qu’un atelier d’artiste, vous découvrirez l’art du bambou des raphiales.
Wirsiy n’est pas n’importe qui. Il a su se tailler une place dans le monde de la sculpture. Il passe ses heures à fabriquer, à l’aide de la moelle de bambou, des animaux sous leur présentation monumentale.
« Mes œuvres sont partout dans la ville de Dschang, au CENAJES, à la FASA, au Musée des Civilisations, et dans beaucoup d’autres lieux. Ce sont des œuvres monumentales. Raison pour laquelle elles sont exposées à l’extérieur pour la plupart.»
Ses œuvres les particuliers comme les institutions se les arrachent soit à titre privé soit à titre public. Dans le hall du Musée des Civilisations comme dans le campus du Centre national de la jeunesse et des sports (CENAJES) de Dschang, ses créations sous souhaiteront une chaleureuse bienvenue.
« Avec le bambou comme matière première je fabrique toutes sortes d’animaux. Mais je peux faire la même chose avec d’autres matériaux, notamment le ciment et le bois. »
En plus du gorille, du porc, de l’éléphant, de la torture, de la girafe, de l’oie, du rat, de l’aigle, du buffle, du lion, de la panthère, du lièvre, de la sauterelle, de l’escargot et de la termite, Wirsiy Kernyuy Nsolo vous crache votre portrait.
Le dernier en date, celui que Sinotables a trouvé alors que l’artiste s’apprêtait pour aller le livrer à son propriétaire représente une des personnalités les plus distinguées de la République.
Le professeur Roger Tsafack Nanfosso réalisé avec du bambou par le sculpteur Warsiy#art #sculpture #travail pic.twitter.com/3Sjcwo0zEe
— Momokana Augustin Ro (@ARMomokana) April 10, 2023
« Pour réaliser le portrait que vous voyez, c’est tout un mois de travail. Il faut trouver les bambous appropriés, les préparer, analyser les traits du personnage et se mettre au travail. Je travaille que je me sens prêt. »
Le professeur Roger TSAFACK NANFOSSO, recteur de l’université de Dschang sort du Wirsiy Arts Gallery. C’est du bambou de raphiales bien travaillé et traité selon les normes que l’artiste lui-même s’est fixés pour construire des œuvres durables, capables de supporter des conditions climatiques les plus rugueuses.
Wirsiy est un artiste autodidacte qui a tout simplement amélioré son art du bambou qu’il pratiquait tout jeune dans son Nso (département de Kumbo, région du Nord-Ouest) natal où il devait fabriquer des tabourets pour la maison. Il a voulu cesser d’être artisan pour devenir artiste.
« Depuis que je suis arrivé à l’université, c’est grâce au travail du bambou que je paie mon logement, me nourris et paie ma scolarité. Bien sûr que mes parents me donnent de l’argent, mais cet argent est recyclé dans le bambou. »
L' Atelier du sculpteur de bambou Warsiy à Dschang
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Il dispose des capacités intellectuelles pour opérer cette mutation car d’abord titulaire d’un GCE, puis d’une licence en droit public de l’Université de Dschang depuis quelques années, et peut-être prochainement d’un master en droit.
Entre ses études et l’art, il a tissé une rigueur dont les parents ne s’en sont rendus compte que plus tard, lorsqu’ils ont appris, à travers les médias et des connaissances, qu’une œuvre réalisée par leur fils avait été découverte chez Justice AYAH Paul ABINE, l’avocat de la Cour suprême à la retraite.
« Combien me faudrait-il pour espérer avoir un portrait comme celui-ci ? Attention ! Wirsiy Kernyuy Nsolo ne vous répond pas en termes d’argent, mais en termes de joie que cela vous procure. « Si ça vous plait d’avoir un portrait comme celui-ci, c’est toujours possible. Vous passez votre commande et je vais faire le travail. Na ma job no massa ? Si je peux faire ma part, vous pouvez faire votre part. »
Wirsiy travaille à Dschang, mais il a été contacté par l’Institut des Beaux-Arts de l’Université de Dschang à Foumban ou il partage depuis deux ans déjà son savoir-faire avec les étudiants.
Augustin Roger MOMOKANA