Au départ, Hemedti était le chef d’une milice aidant les Forces Armées soudanaises à neutraliser toutes velléités insurrectionnelles ; contrairement au général Burhan qui est un soldat de carrière.
Depuis samedi 15 avril, le Soudan est à feu et à sang. Le conflit entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR) a enregistré près de 200 morts en quelques jours. Ce qui se passe au Soudan est vraiment préoccupant. Deux armées se disputent le pouvoir.
Il s’agit, en réalité, de la lutte entre l’armée contre le FSR au nom du retour du pouvoir aux civils. L’armée a déjà trop conservé le pouvoir depuis la déchéance d’Omar el-Béchir à la faveur du soulèvement populaire intervenu en 2018.
Les FSR, constituée de la milice janjawids de la guerre civile de 2003 dans la région occidentale du Darfour soudanais, exigent la rétrocession du pouvoir aux civils avant leur reversement dans les Forces armées soudanaises.
Dans une déclaration, le responsable en second et porte-parole des FSR a clairement dit « (…) nous ne permettrons plus que de jeunes militants soient tués et que des politiciens soient arrêtés. Nous ne voudrions pas en être la cause, mais nous ne compromettrons pas les principes fondamentaux qui unissent le peuple soudanais et garantissent la justice, et nous ne reculerons pas. »
Rappelons qu’en 2013, la milice Janjawids rompt toute collaboration avec le pouvoir de Khartoum. Ainsi, Mohamed Hamdane Daglo, dit “Hemdti” met alors en place une force paramilitaire qui prendra part aux conflits d’abord au Yémen et en Libye, et plus tard dans le Darfour et le Kordofan en 2017.
La même année, 2017, le parlement soudanais avait adopté une loi sur « l’affiliation des FSR à l’armée nationale, c’est-à-dire « l’enrôlement complet des FSR dans l’armée » dirigée par Omar el-Béchir. Sauf qu’entre temps, en fin 2018 éclate les soulèvements populaires dans les principales villes comme Atbara, Khartoum et Kes.
Face aux soulèvements populaires les FSR, malgré la confiance et le soutien que leur accorde le dictateur au détriment des FAS, prennent cause pour le peuple. L’homme fort de Khartoum est ainsi neutralisé après que Burhan et Hemdti aient décidés de se mettre ensemble pour le peuple.
Ainsi, avril 2019 le général Abdul Fattah al-Burhan et le général de corps d’armée Mohamed Hamdane Dagalo prennent les choses. Avec les manifestants ils consentent pour former un gouvernement de civils mais qui sera supervisé par le Conseil de souveraineté. Ce dernier est un organe mixte civil et militaire, avec le général Burhan à sa tête et Hemedti comme adjoint.
Deux ans plus tard, en octobre 2021, le pouvoir, avec le général Burhan à la tête de l’État et Hemedti comme adjoint reprennent le pouvoir aux civils. Le général Burhan procède au rétablissement d’anciens membres du régime dans leurs anciennes fonctions. Ce qui n’est du goût de Hemdti, fils du Darfour, qui voit en cela la tentative de restaurer le régime d’Omar al-Bashir.
Il se retire et entreprend de mobiliser les forces rebelles périphériques au sein d’une alliance dans le but de conquérir le pouvoir pour la politique du Général Burhan.
Augustin Roger MOMOKANA