
L’adjudant DJOUKENG Paul, militaire à la retraite, que Sinotables a rencontré jeudi le 28 octobre 2021 à l’occasion de l’installation du Sous-préfet de l’arrondissement de Fongo-Tongo, MOUNTAPBEME POUNOUKO Jules Yves, de souvient de Bakassi.
« Après ma formation à N’gaoundéré, mon premier poste d’affectation était à Buea, à la 210e Compagnie d’Appui Anti-char.»
De Buea, DJOUKENG Paul partit pour l’expédition qui intervint à Yaoundé en avril 1984 lorsque des soldats ont voulu renverser les institutions de l’État, précisément le Président de la République du Cameroun.
« En 1984 j’étais soldat de 1ere classe à la 210e Compagnie d’Appui Anti-char. Nous avons été dépêchés à Yaoundé avec des armes lourdes et nous avons défendu la République. »
Puis il y a eu le fameux conflit Bakassi qui a opposé le Nigeria au Cameroun au sujet de la frontière maritime.
« Bakassi était un terrain d’insécurité et nous y effectuions des missions. Notre compagnie fut donc la première sur le terrain, le renfort a suivi après. »
DJOUKENG Paul se souvient d’un détachement de quatre soldats à Edima Nyanga. Juste quelques soldats dont NEMBOT, MATCHABI, lui-même et un autre.
« Nous étions quatre. On a vu l’ennemi. Que fallait-il fait d’autre sinon qu’ouvrir le feu ? Nous l’avons fait pour stopper sa progression. Les échanges de tirs ont fait en sorte que certains de mes camarades sont entrés dans la forêt et n’ont été retrouvés que dix jours plus tard grâce à la sonorisation de notre clairon ».
La guerre n’est pas ce que les gens racontent dans les bureaux en temps de paix ou de guerre. Des échanges de coups de feu avec l’ennemi et des soldats disparaissent. NEMBOT…
« L’un de nous, MATCHABI Marcus, s’est retrouvé au Nigeria. Il est revenu au pays trois années après, à l’issue d’un échange de prisonniers entre le Cameroun et l’ennemi. MATCHABI Marcus est le tout premier camerounais fait prisonnier de la guerre de Bakassi. MATCHABI a fini son service à Bafoussam. NEMBOT n’a pas eu la chance de sortir vivant de cette guerre. »
Mais ce qui émeut l’adjudant DJOUKENG Paul, c’est qu’il se considère comme le tout premier soldat Camerounais à ouvrir le feu dans ce qui sera qualifié « Guerre de Bakassi.»
« En tant qu’un combattant de l’infanterie sauvage de l’armée de terre, je ne pouvais pas voir l’ennemi avec son dispositif et ne pas ouvrir le feu. Il fallait le faire, avant de chercher à se mettre à l’abri de sa riposte.»
Au-delà de ces missions régaliennes au service de la République, l’adjudant DJOUKENG Paul se réjouit du repos mérité. Alors il ne manque aucune occasion pour afficher ses médailles : la force publique, la médaille de chevalier et celle d’Officier du Mérite camerounais.
« Le grand souvenir que je garde de mon séjour dans l’armée, c’est toutes ces missions que j’ai évoquées et bien d’autres auxquelles j’ai eu la chance de participer avec honneur et fidélité. Mais surtout je rends grâce au Seigneur de m’avoir gardé vivant, de m’avoir permis de regagner la maison avec tous mes quatre membres ».
Depuis qu’il est à la retraite, à Fongo-Tongo son village natal, l’Adjudant DJOUKENG Paul continue de servir autrement, en assurant l’encadrement des comités de vigilance. Fongo-Tongo est arrondissement du département de la Menoua. Il partage la limite avec Alou dans le département du Lebialem, région du Sud –Ouest.
Augustin Roger MOMOKANA
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