Que s’est-il réellement passé pour que le corps de AYISSI MENGUE Hilaire (22 ans) soit charcuté comme le témoigne la vidéo publiée par un membre de cette famille dans le désarroi ?
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 29 septembre 2021.
Une vidéo fait sensation sur les réseaux sociaux. Elle a été postée par un jeune homme qui accuse l’Hôpital Central de Yaoundé d’avoir prélevé les reins sur un patient qui est décédé par la suite.
« Nous avons été reçu par une infirmière du nom de KOA BILOA Hortence Clarisse qui d’entame avait fourni des médicaments pour que l’on administre des soins à ce dernier et dont j’avais remis une somme de 19.000 FCFA (dix-neuf mille francs) entre ses mains suivie des frais de radiographie donc cette dernière m’avait demandé d’envoyer au biais de son compte orange money et cela a été fait plus tard (14.000 FCFA) ». NGONO MENGUE Sosthenie est la génitrice de AYISSI MENGUE Hilaire.
Tout a commencé le 10 septembre 2021 lorsque le jeune AYISSI MENGUE Hilaire est poignardé dans le dos au cours d’une bagarre. Après des examens, le médecin prescrit une observation de deux jours.
Entre temps, le 11 septembre, une infirmière du nom de KOA BILOA Hortense Clarisse approche la famille du patient et propose de le libérer contre l’achat de médicaments. Elle passera suivre le patient à la maison. Pour ce faire elle se fait payer 20 000 francs CFA.
Trois jours plus tard, alors de AYISSI MENGUE Hilaire se plaint de douleurs, il est transporté à l’hôpital où l’on décèle une hémorragie interne non détectée à la première occasion. Cela résulte d’une lésion du gros intestin.
Le 14 septembre, le patient est admis au bloc opératoire. Docteur AKABA s’en charge, sous la supervision de docteur NOAH. Tout s’est bien passé, selon la dame qui a effectué l’opération. Une ordonnance a été prescrite pour les soins.
Quatre jours plus tard, alors que le patient se remet progressivement –il va sans grandes difficultés aux selles- un médecin au nom de NOAH vient effectuer des prélèvements sanguins. Cela aux environs de 20heures et à 2heures du matin.
Le 17 septembre, à l’issue de ces prélèvements, Docteur NOAH décide d’une deuxième opération chirurgicale qu’il achève à 8 heures. Le patient est remis à la famille. Sans avoir exigé, comme cela est une tradition dans cet hôpital, ni le kit ni les frais d’opération à la famille de Hilaire.
« Il est exactement 02h00, l’heure à laquelle mon fils entrera au bloc opératoire pour une seconde fois par Docteur NOAH qui me rassure qu’il s’en chargera des frais, quelques heures plus tard de son entrée au bloc, j’entendis des cris de mon enfant on dirait un animal se faisant abattre dans un abattoir, j’ai dû me lever et aller cogner car j’étais très curieuse de ce qui se passait dans ce bloc ; »
A l’observation le corps a subi trois ouvertures: une au niveau du ventre, les deux autres au niveau des côtés. L’arrière cuisse a été coupée et creusée.
Pendant que cette famille s’interroge, elle constate, intriguée, que le dossier médical, c’est-à-dire le carnet et le plastique contenant les ordonnances et les médicaments du patient ont disparus. Docteur NOAH lui-même devient introuvable.
Dimanche 19 septembre à 15 heures, Hilaire décède dans une salle postopératoire où il a été abandonné à sa famille. C’est d’ailleurs à ce moment précis que sa famille se rend compte des dégâts causés par le chirurgien sur le corps de cet enfant. Des cavités ouvertes laissant voir comment la chaire a été tailladée.
A la morgue, constatant l’état du corps, le morguier prend la peine d’attirer l’attention de la famille sur l’état du corps. Sans doute afin de se dédouaner. Puisque généralement de tels actes observés à la levée de corps sont attribués au morguier.
Le 24 septembre, à la morgue pour la levée de corps, la famille de AYISSI MENGUE Hilaire a décidé de déshabillé le corps afin que toute la famille découvre ce qui reste de son fils pendant qu’il est encore à l’hôpital central de Yaoundé.
Surprise générale. C’est ainsi que la foule décide de transporter la dépouille pour aller la déposer devant le bureau du directeur de l’hôpital central. Le directeur fait appel à la police pour tenter de disperser la famille, tandis que la famille fait appel à un huissier pour constater et à la presse pour témoigner.
« C’est dans cet élan et épris de colère, vu que nous n’avions eu des explications suite aux nombreuses mutilations découvertes sur mon fils, nous avons pris l’initiative de consulter un Huissier de Justice qui après levée de corps est venu sur place faire un constat. »
Au même moment arrive le procureur de la république qui découvre un corps dont les conditions de traitements suscitent des questionnements. Il prend la décision de placé le corps sous scellé. Une enquête est ouverte qui permettra, sans doute, d’en savoir plus sur ce qui s’est réellement passé, d’établir les responsabilités des personnes soupçonnées d’avoir orchestré les mutilations sur une personne vivante. Par ailleurs, la famille du défunt a déposé une plainte le 27 septembre 2021.
Intervenant à la suite de cette affaire, le directeur de l’Hôpital Central de Yaoundé, le Pr Pierre Joseph FOUDA, croit devoir dénoncer une cabale contre sa formation hospitalière ; demandant que « la famille amène son médecin légiste pour faire éclater la vérité sur cette affaire ». Le travail a été effectué, selon lui, dans les règles de l’Art.
Augustin Roger MOMOKANA / Photo:DR