Le bilinguisme et le multiculturalisme a constitué le menu d’une table-ronde organisée mercredi 8 février 2017 dans la salle des spectacles de l’Université de Dschang par la Dschang school of arts and social science.
Les professeurs Louis Bertin Amougou (spécialiste des littératures et cultures), Alawadi Zelao (spécialiste de sociologie politique) et Emmanuel Nforbi (spécialiste de langues et de linguistique) ont ainsi croisé leurs savoirs sur le thème : « Unité et diversité : regards croisés sur le vivre ensemble au Cameroun ».
Cette réflexion modérée par le Professeur Robert Fotsing Mangoua (coordonnateur de la Dschang School of arts and social science) a identifié et analysé les différents espaces de socialisation (la famille, l’école, l’église, la ville, la vie professionnelle) pour conclure que ces espaces ont failli à leurs missions et sont déclarés, par conséquent, inaptes à favoriser la tolérance de la différence, la mixité transculturelle. Pour le professeur Louis Bertin Amougou « ce que nous avons hérité de l’histoire coloniale, notamment, ne devrait pas être des facteurs de notre division, de notre segmentation. Mieux elle devrait nous servir de facteur de cohésion si tant est que nous sommes désormais appelés à vivre ensemble ».
Cet échec est à mettre à l’actif des acteurs politiques qui ont confondu politique et pratique du pouvoir, synonyme de rapprochement à un espace jouissif, selon le professeur Alawadi Zelao. Pour ce dernier, au lieu de constituer un problème, la diversité doit plutôt enrichir l’unité nationale, étant entendu qu’il serait impossible de parler d’unité sans diversité. La diversité est un instrument de propulsion du Cameroun sur la scène internationale. Elle est donc une chance pour le Cameroun.
Pour un vivre ensemble durable, il est nécessaire d’enseigner l’histoire du Cameroun aux camerounais. Afin que partout au Cameroun, le Camerounais se sente à la maison, parce que connaissant mieux le milieu. Pour ce faire, le professeur Emmanuel Nforbi, pour qui l’anglais a une côte largement supérieure à celle du français à l’échelle internationale, propose la création d’un institut national des langues camerounaises, harmoniser les outils pédagogiques du primaire au secondaire, uniformiser les curricula de la formation bilingue et renforcer le bilinguisme et le multilinguisme dans la formation des enseignants. Ces défis avaient déjà été identifiés par le professeur Maurice Tadadjeu.
Prenant la parole pour saluer la prestation des conférenciers, le recteur de l’université de Dschang, Roger Tsafack Nanfosso a expliqué l’objectif des Grandes conférences qui seront mensuelles et vont permettre à son institution de se pencher sur tous les sujets y compris les plus redoutés. Elles ont une multiple fonction : connaissance, éducation, construction de la dynamique collective. La dynamique collective en vigueur à l’université de Dschang depuis l’installation du Prof. Roger Tsafack Nanfosso est synonyme du vivre ensemble. Il s’agit de garder les particularismes tout en s’insérant dans l’unité. Et cela nécessite la connaissance de soi, la compréhension de l’environnement, l’acceptation de l’autre et la tolérance, etc.
Augustin Roger MOMOKANA