
Le Cameroun est « un scandale géologique avec environ 52 indices de minerais identifiés ». Il est pour cela admis que l’exploitation transparente de ce potentiel minier pourrait révolutionner l’économie camerounaise et en faire une émergente, à la condition que des infrastructures adaptées pour son exploitation soient disponibles, à la condition aussi que la production de l’énergie est soit suffisante pour satisfaire les ménages et l’industrie à la fois.
Des experts et des spécialistes de la géologie et des mines réunis mercredi 17 mai 2017 à l’Université de Dschang dans le cadre des Grandes Conférences ont mis à nu l’exploitation minière au Cameroun à travers le thème « L’exploitation minière au Cameroun : état des savoirs, enjeux techniques et perspectives pour le développement des projets structurants ».
Cette conférence a permis de ressortir les défis qui interpellent le Cameroun en matière de mines, pétrole et géologie. Ces défis désormais à la portée de notre pays qui dispose des compétences professionnelles locales capables d’agir sur toute la chaîne d’exploitation des mines et du pétrole. Pour citer un exemple, Zébazé Ngaka Paul Hervé est un ingénieur géologue formé à l’Université de Dschang et qui occupe aujourd’hui le poste de manager à Shlumberger.
De l’avis des experts et spécialistes du panel – ils viennent du ministère des Mines et du Développement Technologique (Mimbang Aristide Sous-directeur des activités minières), de l’Université de Dschang (Prof. Kwekam Maurice, géologue et Prof. Keubou Philippe, juriste), du milieu de l’entreprise (Zébazé Ngaka Paul Hervé, Ingénieur géologue, manager à Shlumberger) et de la société civile (Chekoua Justin Landry, cadre du FODER et Fotie Lelé Rodrigue)- le Cameroun a réalisé un bond significatif depuis l’an 2000. Depuis cette époque, en effet, des offres de formation ont été mises en œuvre, un nouveau Code minier existe et de nombreuses licences ont été attribuées. S’agissant du nouveau Code minier (14 décembre 2016), ses améliorations portent aussi bien sur la collecte des taxes et à la redistribution de la valeur ajoutée d’une part, et les sanctions prévues contre le non-respect de la réglementation minière d’autre part.
Malgré de nombreux efforts, l’attractivité du secteur demeure problématique. Ce qui pourrait s’expliquer en partie par la conjoncture internationale actuelle qui affecte ce secteur dominés par deux mastodontes d’une part, par les problèmes de gouvernance, de déficit d’infrastructures et d’énergie d’autre part.
Réagissant au sortir de cette table-ronde, le recteur de l’Université de Dschang a exprimé sa satisfaction en ces termes : « On apprend des choses intéressantes, bien que surprenantes. D’abord les définitions très compliquées entre l’artisanat qui est simple, qui n’est pas simple. On apprend des choses qui sont extrêmement utiles. Rendez-vous compte, 48% des personnes qui exploitent les mines au Cameroun le font sans autorisation. Est-ce que vous savez que 12% des personnes qui exploitent les mines le font avec des permis périmés ? Quand on nous explique d’en deux ans, 2015-2016, il y a eu 200 kilos d’or qui ont rapporté 8 milliards de FCFA. Est-ce que M’balam peut construire l’autoroute Yaoundé-Douala tous les deux ans ? » En plus, l’on a appris qu’environ 77% de personnes employées dans la mine artisanale ne détiennent pas de contrat de travail. Ce qui dénote de la précarité ambiante dans ce secteur pourtant d’avenir.
L’Université de Dschang a saisi l’occasion de cette conférence pour présenter son offre de formation dans les mines, la géologie et le pétrole. Ce sont essentiellement des formations de niveau Master professionnel Mines et pétrole, et Géologie appliquée. Avec un taux d’insertion socio-professionnelle très au-dessus de la moyenne. Il apparaît que le secteur minier qui est embryonnaire offre de grands espoirs quant à la création d’emploi. Il suffit de se connecter à la cartographie nationale où les chantiers ne se comptent pas sur les doigts de nos mains.
Augustin Roger MOMOKANA