
Au Salon International du Livre de Yaoundé
Quels symptômes la fermeture inopinée des libraires principales de Yaoundé ci indique- t- elle ?
Il y a deux mois, l’enseignant-chercheur Jean Michel Jiele Monga, étudiant en Master à Bamenda University me prie de lui trouver des livres d’auteurs relevant de certaines aires géographiques ou culturelles de ce Camer. Je me rends à cœur joie à Messapresse. Qu’est-ce que je lis à travers les grilles du portail? Les herbes ! Le coin est fermé. On me renseigne que c’est depuis plusieurs mois la fermeture là.
A trois rues de Messapresse, je me retrouve devant clé en plein devant Clé et que vois-je encore? Grilles sur les ouvertures et quelques toiles d’araignée renforcent l’embrasure du huis depuis longtemps fermé. Malchance, depuis quand ferme-ton la librairie-ci à 16h? Ça n’avertit pas? Hélas, Librairie Clé à bel et bien fermé. La dessus, on m’apprend que Librairie Clé n’avait rien à voir avec les Éditions Clé qui elles, poursuivent leur existence dans le même immeuble de l’ex – Librairie. Voici Clé désormais plus froide qu’un âtre inondé, et plus déserte que la Librairie EKAPRESS qui a fermé ses portes près de Mini Ferme, depuis les années 2000, peut être étouffée par l’effluve d’alcool et les effets du proxénétisme ambiant, pour retrouver dans l’oubli “Hermes Memento”, une autre librairie qui fit la fierté de Ndjon Melen, face CHU, dans les années 1995. “Les éditions Clé vendent du livre, si les auteurs que vous cherchez sont édités ici, vous en aurez sans problème de leur stock en vente!”, m’indique une vendeuse de cigarettes installée à l’entrée de cette maison d’édition.
Taxi! Montée SNI, Ancien Librairie Harmattan, 100!!!!(Ça laisse qui?)
Le conducteur m’embarque avant de me rappeler une fois à bord que je ferai mieux de dire maison Don Bosco, “Qui connaît vos affaires de librairies là ici à Yaoundé?….On sait qu’on prend les livres pour nos enfants vers la cathédrale, près de Saint Paul ! Ha Saint Paul la librairie de “référence” qui dans ses rayons n’affiche aucun document poétique de création nationale, ni même africaine parmi premières de couverture. J’ai beau fouiller pour me faire une santé, à peine quelques classiques européens! J’en ressors déçu, personne ici ne se retrouve dans les noms de Fernando d’Almeida et autre Kolian Djila Taywe que je cherche pour la thèse de mon ami étudiant. “Si les poètes que vous cherchez sont au programme, nous en aurons à coup sûr dans nos rayons”, me répond avec assurance la réceptionniste de St Paul! St Paul où s’élèvent plus les senteurs d’encens que la clameur d’encre de poètes!
Une fois à Don Bosco, c’est désormais Librairie des Peuples noirs qui occupe les lieux. Un troc non planifié des espaces de résidence a eu lieu entre les deux Structures libraires: Peuples Noirs a remplacé Harmattan chez Don Bosco tandis que ce dernier a migré à Tsinga à quelques encablures de l’immeuble qu’occupait jusque-là Peuples Noirs, près de la Fécafoot. Quel échange de sites!
Le décor chez feu Mongo Beti est toujours le même que dans ses anciens locaux de Tsinga: vue d’ensemble du hall, rayons bas et aérés. Le demi-portrait du fondateur en premier plan à l’intérieur trône sur les lieux. L’espace de discussion habituel ne fait pas défaut et pour y donner vie, j’arrive sous l’ovation du silence qui prête l’oreille à la dédicace d’Ecrits de Prison de Edzoa Titus qui, lui, partage la table centrée au milieu de la salle, entouré de quelque exégète et présentateur. Pas de logo visible d’une seule chaîne radio ou télé en vue ici dehors. Quelques amis et admirateurs ont fait le déplacement, à peine 20 et on ne ressent pas l’euphorie et le plein d’œuf que font les bienheureux écrivains politiques quand ils sont aux affaires ou dans la grâce.
Je parcours les rayons en prêtant une oreille les circonstances d’écriture en prison. Un livre qui aurait fait de son auteur un best- seller, n’eut été la déchéance de ce dernier. Chez Peuples Noirs, on trouve néanmoins l’essentiel des publications poétiques par les maisons d’édition locales de l’heure, mais au finish, de tous les ouvrages que je cherchais, je n’en ai trouvé que ces quelques pièces chez l’éditeur Clé:
-Le Sahel, ses femmes et ses puits, recueil de poèmes de Kolian Djina Thaiwé
-Transatlantic Blues, recueil de Valère Épée,
Il manque à ma liste Fernando d’Almeida avec les titres
: *Au seuil de l’exil* ;
*Traduit du je pluriel* ;
*En attendant le verdict* ;
*L’espace de la parole*.
Ou n’importe quel titre de Djili Palaï
Je cherche libraire ou éditeur national disposant de ces titres.
Il y’a trois jours au Salon du Livre de Yaoundé(SALYA), en présence de Jean Jean-Claude Awono Ann cillon Peri, Fleury Benjamin Ngamele et Wilfried Mwenye, je suis resté dans la désillusion, n’ayant pu retrouver ces titres dans le stand consacré au fameux auteur Fernando d’Almeida. Accéder à la bibliothèque d’un auteur de la trempe de Fernando et ne pouvoir y retrouver ses propres publications! Voilà la vraie mort de l’auteur de ” Provisoire Lieu du Poème ” qui se joue derrière le repos de son âme!
Fernand Leos DOUANA