
YOUEYOUENE Christian Yannick est un contrôleur principal des impôts en service au Centre divisionnaire des impôts de la Menoua, à Dschang, où il a la charge de la Cellule de gestion.
Ce jeune fonctionnaire d’un calme placide ne sait pas que faire ce qu’il a appris à l’école, il est également un excellent footballeur. C’est d’ailleurs dans ce cadre que Sinotables l’a remarqué, lors du championnat inter-régions dans le cadre des Olympiades organisées par la Direction général des impôts en mi-2022.
Christian Yannick YOUEYOUENE a accepté à se prêter à un entretien avec Sinotables. Il parle de son travail de cadre des impôts et du sport dont il est un inconditionnel.
Ouvrons cet entretien par votre environnement de travail. Comment se porte-t-il ?
Le monde des impôts est compliqué car nous devons faire face aux contribuables. En ce qui concerne le département de la Menoua, nous avons les contribuables de l’impôt libératoire qui ont un civisme fiscal très bas. Pour cela nous devons toujours les sensibiliser, beaucoup dialoguer avec eux, les encourager pour leur montrer le bien-fondé du paiement des impôts. Nous essayons de donner le meilleur de nous-même pour essayer de réaliser les objectifs qui nous sont assignés.
Il nous est revenu que vous avez reçu des félicitations de votre haute hiérarchie l’année dernière ?
Vous avez la bonne information. Nous avons été félicités par notre hiérarchie. Le Directeur général essaie de créer une atmosphère positive dans le secteur des impôts. Trimestriellement il adresse une lettre de félicitations à chaque agent qui a pu se démarquer au courant de cette période pour la réalisation des objectifs attendus de lui. En ce qui nous concerne, nous avons bénéficié de ces encouragements en mars et en septembre 2022. Aujourd’hui nous essayons de donner le maintenir dans cette même lancée.
Vous parlez d’objectifs. Il s’agit concrètement de quoi en 2023 ?
En matière d’impôts, on essaie de nous fixer des objectifs en fonction du budget de l’État. Parce que les impôts doivent réaliser le budget de l’État à 70%. C’est un peu comme un gâteau, et on le tranche par régions. Concrètement la région de l’Ouest a comme objectifs 15 milliards FCFA et le CDI Menoua a des objectifs de 800 millions FCFA. Cela signifie que nous devons nous battre pour réaliser cet objectif en ce qui concerne la Menoua. En janvier nous avons 45 millions FCFA à atteindre comme objectif.
Vous dites bien « nous battre ». C’est si compliqué ?
Ce n’est vraiment pas facile. La culture fiscale est encore une bataille à mener pour amener les contribuables à s’exécuter.
Expliquez-nous, à quel niveau se trouve exactement le problème ?
En fait le problème se trouve déjà dans la maitrise du fichier du contribuable. Nous devons aller sur le terrain pour détecter les nouvelles activités. Je vous prends un seul exemple : nous avons la fabrique de parpaings qui se développe dans la ville de Dschang. Nous essayons de les ramener dans le fichier et lorsqu’ils vont déclarer les acomptes cela va permettre l’accroissement de nos recettes budgétaires. Ensuite, nous devons faire un suivi rigoureux pour essayer d’atteindre les objectifs. Déjà avec la plateforme rien ne se cache plus.
Quelle est la franche des contribuables avec laquelle vous rencontrez le plus de difficultés ?
En fait il s’agit des contribuables de l’impôt libératoire ; et ils sont comme un nourrisson. Ils sont à la basse classe. Ce que nous faisons avec eux c’est surtout le dialogue à travers lequel nous leur montrons le bien-fondé de payer ses impôts. Sans les impôts que nous leur demandons de payer il serait impossible pour l’État de construire des routes, de construire ou d’équiper les hôpitaux, de payer les enseignants pour éduquer nos enfants, bref de réaliser toutes les attentes des populations. Alors en payant ses impôts, le contribuable sait qu’il y a sa main dans les chantiers et réalisation que l’État exécute. C’est à la fois un devoir, mais un sentiment de joie de participer.
Et quid des contribuables du régime de la patente ?
Avec les contribuables du régime de la patente la tâche est un peu plus facile. Parce qu’ils connaissent déjà leurs obligations fiscales. Mais il faudrait toujours les suivre. Les contribuables du régime simplifié doivent faire leur déclaration avant le 15 du mois, ce qui signifie que déjà le 16 nous devons les relancer avec les mise en demeure ou les avis de mise en recouvrement.
Quel est Le niveau d’impact de la digitalisation dans le processus de collecte des impôts ?
La déclaration numérique a amélioré les choses dans la mesure où elle facilite la tâche au contribuable. Elle lui évite de se déplacer, parfois sur de longues distances, pour remplir ses obligations fiscales. De sa maison ou de votre chambre vous pouvez faire votre déclaration et effectuer le paiement lorsque votre compte e-money est approvisionné. C’est d’un. Nous avons aussi la sécurisation des recettes. Ça évite le voyage avec de l’argent sachant tous les risques auxquels cela expose soit le contribuable soit l’agent percepteur. La digitalisation est une très bonne chose, il faudrait tout simplement que le personnel continue de se capaciter afin de pouvoir mieux suivre les contribuables.
Comment le contribuable qui se trouve à Fossong Ellelem, par exemple, fait pour effectuer ses opérations quand nous savons que certaines zones sont hors réseau ?
C’est difficile pour les coins reculés, mais cela ne signifie pas que c’est impossible. Il suffit que dans la zone on ait un coin Orange Money, MTN Money ou bien la Campost. On peut donc faire sa déclaration de son téléphone, et payer via ces opérateurs. C’est ce que nous appelons Mobile Tax. C’est vrai, la connexion par moment n’est pas bonne. Le directeur général essaie de comprendre les contribuables. Raison pour laquelle vous constatez qu’il repousse les délais de paiements. Parce qu’il y a des moments où la plateforme dérange.
Partagez avec nos lecteurs le discours que vous tenez aux contribuables de la Menoua.
Notre discours est celui de la sensibilisation, du dialogue. Il n’est pas facile de faire sortir de l’argent des poches des contribuables. Je dois vous avouer que nous-mêmes les fonctionnaires, si on ne retenait pas nos impôts à la source, il y aurait toujours des moments où vous résistez de payer. Je sais qu’il est très difficile de sortir de l’argent pour payer ses impôts, mais nous devons le faire parce que nous sommes des citoyens responsables. Et en tant que tel nous devons être fiers de participer à la construction de notre pays.
Dites-nous quel est l’état de vos rapports avec les comptables ?
Nous sommes là parce qu’il y a des contribuables. Nous essayons de créer une atmosphère propice à notre partenariat. Certains comptables sont toujours entrain de vouloir faire des dissimulations. Mais nous savons détecter les chiffres d’affaires qu’ils ont dissimulés. Certains sont citoyens, mais il y en a qu’il faut toujours relancer afin qu’ils puissent s’exécuter. Le directeur général promeut le partenariat fiscal intégré.
Le partenariat fiscal intégré, de quoi s’agit-il ?
En fait, le partenariat fiscal intégré est un partenariat créé entre l’administration fiscale et les contribuables. Ils sont comme les représentants des contribuables concernant un secteur d’activité. Donc les représentants d’un secteur d’activité remontent au niveau de l’administration fiscale les difficultés de son secteur, de même qu’il ramène les informations de son secteur pour les contribuables. S’agissant l’hébergement, ils détectent de nouvelles activités et nous apportent les informations nécessaires pour mieux fiscaliser leur secteur. Mais ces représentants ne sont pas toujours prêts à nous faciliter la tâche. Raison pour laquelle nous devons toujours être mobilisés pour détecter par nous-mêmes ces nouvelles activités.
En ce qui nous concerne ici au CDI Menoua, comme dit un adage, une seule main ne fait pas le fagot. Donc nous travaillons en parfaite synergie pour atteindre les objectifs à nous assignés.
Monsieur YOUEYOUENE Christian Yannick n’est pas expert qu’en recouvrement des impôts, vous l’êtes également au football et vous venez d’ailleurs d’être sacré meilleur buteur à l’issue des Olympiades organisées par la direction générale des impôts !
Monsieur le directeur général a organisé les olympiades concernant le personnel des impôts. Vous savez très bien que le travail nous stresse beaucoup. Alors ces olympiades étaient pour lui une solution à la lutte contre ce stress. Cela nous permet de nous retrouver avec les collègues des autres régions, mais de prouver que nous avons d’autres talents en dehors du travail que nous accomplissons au quotidien. Dans la domaine du football, la région de l’Ouest a pu aller jusqu’en demi-finale où elle a été éliminée par la région de l’Est.
La région de l’Ouest a été éliminée en demi-finale certes, mais c’est elle qui détient le soulier d’or. Ma modeste personne a été consacré Meilleur buteur avec 6 réalisations en trois matches.
Sur le plan du travail, vous êtes un exemple d’où les félicitations de votre hiérarchie, sur le plan des activités détente vous êtes un exemple. Félicitations !
Je vous en prie.
Vous avez été vu à la télévision recevant les félicitations de votre hiérarchie.
Effectivement. Le directeur général s’est inscrit dans la logique où il faut toujours encourager l’excellence, féliciter son personnel méritant. Quand vous recevez une lettre de félicitations, il y a une prime qui l’accompagne. Ce qui est extrêmement motivateur. Je dois vous dire qu’en tant que meilleur buteur du football aux olympiades j’ai reçu une prime de 50 000 FCFA.
Nous saisissons l’opportunité que vous nous offrez pour dire merci à notre hiérarchie pour la grande attention qu’elle accorde à son personnel afin que nous travaillions dans de bonnes conditions.
Il est envisagé la reprise prochaine du championnat national corpo et vétérans. Vous y serez ?
Si la direction générale des impôts est conviée et que nous sommes retenu parmi les joueurs qui vont défendre son honneur, pourquoi pas ! Et si nous y allons, nous donnerons toujours le meilleur de nous-même, comme nous nous battons pour la réalisation de nos objectifs professionnels. Vous savez bien que dès lors que vous êtes convoqués, votre objectif c’est que votre équipe remporte le trophée final.
Nous n’avons pas parlé de votre parcours professionnel. En quoi se résume-t-il ?
Dschang est notre deuxième poste d’affectation. A la sortie de l’École nous avons été affecté à Bamenda où nous avons servi pendant cinq années. Et cela fait deux ans que nous sommes à Dschang.
Et comment vous sentez-vous à Dschang ?
Heuuu ! Nous sommes à Dschang au Cameroun et nous travaillons où le devoir nous appelle. Avant je ne connaissais pas le Nord-Ouest, mais nous avons été affecté à Bamenda et dans les conditions [crise anglophone] que vous connaissez parfaitement. Nous avons pu tenir et nous sommes partis grand de cette région. Dans le Nord-Ouest nous avons aussi reçu une lettre de félicitations par rapport au travail. Partout où nous allons être appelé à servir nous allons donner le meilleur de nous-mêmes, sans frustrer quiconque ce soit. Nous nous sentons à l’aise dans le département de la Menoua.
Je vous remercie pour l’amabilité que vous nous faites de vous prêter à nos questions.
Je vous en prie et bon boulot « au service des causes nobles ».
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA
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