« Chers parents, reposez en paix ! C’était une fin difficile. Nous avons trouvé que c’était une fin un peu injuste. Mais je crois que la boucle est bouclée. Reposez en paix ! Continuez de veiller sur nous. Parce que depuis que vous êtes partis nous ressentons que vous êtes toujours parmi nous et plus que jamais. »
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 22 Novembre 2021.
L’histoire retiendra que le deuil organisé en mémoires du très regretté Docteur MOMO Bernard et de son épouse ESSOMBA ASSOMO Lucienne, décédés prématurément en avril 2020 a été un grand succès. Ça été un « Cours de droit administratif », comme l’a qualifié le professeur Bernard NGUIMDO.
Peut-être que si l’ancien maire de la Commune de Dschang, et coordonnateur du Programme National de gouvernance (PNG) et son épouse ESSOMBA ASSOMO Lucienne avaient trouvé la mort dans de circonstances ordinaires, ils n’auraient pas eu les obsèques de la taille de celles auxquelles nous avons assistées samedi dernier au campus de l’École publique de Ngui.
« Il n’est pas là. Mais il est là. La configuration de ce lieu, avec ce monde me rappelle l’amphi 700, l’amphi 1000 de l’Université de Yaoundé où il a eu à dispenser un certain nombre d’enseignements parmi lesquels le droit administratif et le droit constitutionnel. Je voudrais ici dire que c’est extraordinaire cette façon de faire. Il le fait sans être là. Sa première épouse est à côté de lui. Et il y a un public varié, de niveaux différents : les chefs, les administrateurs, la famille. Et il veut nous faire comprendre le droit administratif. Eh bien il a choisi de travailler sur l’acte administratif unilatéral. L’acte naît, vit et meurt. Comme son auteur. »
Personne n’a menti dans son témoignage. Même pas les hommes politiques qui sont doués dans l’art de manipuler les esprits, même lorsqu’il fait jour. Que ce soit son ami NKEUDEM Maurice, son étudiant et disciple professeur Bernard NGUIMDO, la famille de Lucienne, ou encore ces dames de la Réunion de Yaoundé en rose dont le témoignage a été à la fois poignant et amusant.
D’ailleurs, les prêtres avaient donné le ton dans leur homélie. Il faut apprendre à appeler Bernard Bernard. Il faut éviter les tripatouillages de testaments, avoir une raison raisonnable et acceptable de notre présence aux obsèques d’un défunt.
« Aujourd’hui encore, avec la société devenue si mauvaise et hypocrite, est-ce qu’il est facile à l’heure de sa mort de parler à ses enfants sans témoins ? Nous espérons que beaucoup de tronqueurs ou de trafiqueurs de testaments ne sont pas ici présents (…) Nous espérons que ceux qui ont le testament de Fô Laahfie l’ont gardé dans son intégralité ».
La vérité était si forte que les dépositaires testamentaires, par la voix de leur porte-parole ATEMKENG Clément, chef du village Nzengla à Fongo-Ndeng, ont dévoilé le nom du successeur lors des témoignages. Ils n’ont pas attendu le conclave habituel avant d’appeler : « Christian viens ici ! » Un fait inédit dans une tribu où le dévoilement des dernières volontés du défunt a souvent été entouré d’un mythe inexplicable.
Ainsi, Christian MOMO, directeur de la coopération à la mairie de Dschang, répond désormais en lieu et place de Docteur MOMO Bernard. Il devient par la même occasion le chef de 3e degré du village Laahfie, dans le groupement Foréké-Dschang. Par conséquent il prendra le nom de Effo Ngang Nkuilah MOMO Christian Bernard.
Pour le présenter aux chefs traditionnels, aux autorités administratives, aux hôtes de marque ainsi qu’à la population, la cavalerie de son village a fait des démonstrations très applaudies par le Vice-premier Ministre, secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean NKUETE ; le Ministre d’État Membre du Conseil constitutionnelle, professeur Etienne Charles LEKENE DONFACK ; le recteur de l’Université de Dschang, professeur Roger TSAFACK NAFOSSO ; Madame le Coordonnateur Adjoint et Coordonnateur par intérim du PNG, entre autres.
« La famille ASSOMO, et BELINGA ABESSOLO d’Etenga en général est en deuil. Elle pleure Bouboule leur petite fille devenue aujourd’hui défunte, ce qui signifie qu’elle a accompli sa vie, a vécu sa part. elle qui était un pilier, une base dans son système. Elle perd un grand guide, une combattante, une Jeanne d’Arc, un messie ou un sauveur. Sita, maman Bouboule, bien que morte tu es vivante. Nous avions encore faim et soif de toi pour consolider notre famille. »
Le directeur du Cabinet du premier Ministre, BALUNGELI Confiance EBUNE, et le préfet du département de la Menoua, MBOKE Godlive NTUA ont raté quelque chose. Ils s’étaient retirés un peu plus tôt, avant l’essani qui a marqué la fin des cérémonies ici dans la cour de l’École publique de Ngui habillée des habits de grands jours.
Tous les témoignages s’accordent sur un fait : le soulagement après que la dépouille de Docteur MOMO Bernard (Tonton Bernard) et celle se sont épouse ESSOMBA ASSOMO Lucienne (Bouboule) reposent en paix désormais à Laahfie.
Laahfie est ce défi qui attend le successeur du défunt maire de Dschang. Un défi colossale car il s’agit d’un village à construire sans trop s’écarter de l’esprit de son fondateur qui le voulait un village témoin, c’est-à-dire un modèle à servir d’exemple pour révolutionner les villages du Cameroun.
Augustin Roger MOMOKANA