« La photographie est le seul art qui a pour responsabilité d’arrêter le temps. Grâce à une seule photo on peut arriver à écrire tout un livre. »
La rentrée culturelle et artistique du pôle Photographie d’art a eu lieu mardi 14 mars au Musée national à Yaoundé sous le thème « Oser la photographie ». Cette réflexion est une prospective en vue de la mise sur pied effective de la fédération de la photographie d’art du Cameroun.
« Notre responsabilité c’est de raconter nos histoires, nos paysages. Exprimer nos émotions à travers ces histoires, ces paysages. »
Organisée par le coordonnateur du pôle photographie d’art, et en conformité avec la loi du 20 juillet 2020 sur la restructuration du mouvement artistique et culturelle national, la rentrée culturelle et artistique a servi de prétexte pour mobiliser les photographes d’art en vue d’une meilleure organisation de cette catégorie socioprofessionnelle à l’échelle d’arrondissement, départementale, régionale et nationale.
Ainsi, ils ces artistes photographes venus de diverses régions du Cameroun et les différents experts mobilisés par la coordination ont marqué la journée d’empreintes indélébiles, notamment par des réflexions, une exposition, des hommages à certains professionnels, et remise des distinctions au lauréats du concours Wiki Love Africa 2022.
« pourquoi fait-t-on une photo ? On ne fait pas une photo pour le plaisir, mais pour répondre à une préoccupation de la mémoire. »
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— Momokana Augustin Ro (@ARMomokana) March 23, 2023
Monsieur Armand ABANDA MAYE, directeur du développement et de la promotion des arts au ministère des Arts et de la culture, à travers un exposé appuyé sur les différentes composantes législatives en la matière, a largement entretenu les photographes d’art sur les enjeux de la mise sur pied de la fédération nationale de la photographie d’art qui s’incruste dans la politique de restructuration du mouvement artistique et culturelle national voulue par le gouvernement. Cette option a pour finalité la valorisation et la préservation de la mémoire du Cameroun dans tous les segments de la vie.
Pour mieux saisir la pertinence de cette mission à eux confiée, les photographes d’art ont planché sous le thème « Oser la photographie ». Il ressorts des différents interventions et des échanges qui en ont suivis que la photographie d’art a une responsabilité cruciale en tant qu’elle doit capter, archiver et conserver la mémoire du Cameroun.
« L’objectif est de faire de la photographie un art majeur dans le paysage artistique camerounais. Cela passe, entre autres, par le Programme Nadar visant la formation en vue l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, la création d’une base de données de 2000 000 de photos sur le Cameroun, la réactivation ou la création des clubs photos au niveau des établissements scolaires.»
Cette mission est d’autant urgente que les mutations sociales sont quotidiennes, portées par la modernité. Elle concerne les modes de vie, l’habitat, les paysages, etc. d’où la nécessité pour le Cameroun de penser à créer ses encyclopédies mémorielles.
« Le photographe est comme le snipper qui tient une carabine, mais prend toutes les préoccupations pour ne pas rater sa cible ».
Face à ce défi, le photographe d’art à l’obligation de se former en vue de mieux appréhender sa mission, de travailler de manière professionnel sur des axes préalablement définis, de conserver ses productions pour répondre aux défis du futur. Il va sans dire qu’en tout temps l’on aura besoin de ce qui était hier, de ce qui est aujourd’hui.
Pour relever le défi il serait important pour l’artiste camerounais de se distancer de la manière de faire occidentale pour agir selon son propre regard. Cela lui permettra de produire un travail de qualité qui reflète son ressenti et la réalité. C’est cela ce qui fait la différence entre un travail d’amateur et celui d’un professionnel.
« Oser la photo c’est penser faire autrement que l’autre, c’est ne pas copier l’autre. Pour cela il faut trouver son domaine à traverses ses propres objectifs. »
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Dans son exposé introductif, Fabrice N’GON, le coordonnateur du Pole Photographie d’art, a d’ailleurs fort heureusement retracé l’histoire de la photographie au Cameroun. Elle s’écrit en trois grandes périodes (1860 -1980 : sa naissance et son développement ; 1980-2000 : disparition des studios suite à l’avènement de la couleur) ; depuis 2000 : renaissance portée par une jeunesse préoccupée par l’esthétique, l’entrepreneuriat et l’appropriation de la technologie numérique).
Il ne suffit pas d’être photographe d’art, il faudra assurer son image à travers le marketing, la communication. L’exposé d’Arsène Wilfried NJINJI NGAHOUNE, directeur général d’Ayila Sarl, a porté sur le développement de l’image de marque du photographe. Très peu de photographes parmi ceux présents portent cette préoccupation. Pourtant ils sont gâtés par la technologie numérique qui leur offre des facilités pour construire leur image et vendre leurs créations sans trop de tracasserie. Avoir un logo, créer un site web ou des pages professionnelles, savoir gérer ses images en termes de protection de la propriété, sont autant d’initiatives qui doivent retenir l’attention du photographe d’art.
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De même que trois doyens de la photographie (Emmanuel NOUBEMBONG, Vincent Gaspard TATANG et ADALA BIEDI) ont partagé leurs parcours professionnels de plus de 50 ans avec les participants, également les attentions ont été marquées par la remise des prix aux lauréats du concours Wiki Love Africa 2022. Parmi les trois lauréats le photographe militant Max MBAKOP.
Augustin Roger MOMOKANA