
Madame Béatrice Pauthier, La directrice de l’association Compostri lors de son séjour à Dschang
Béatrice Pauthier, La directrice de l’association Compostri, établie à Nantes, en France, vient de séjourner pendant une semaine à Dschang dans la cadre d’une mission qui lui a permis de vivre pleinement l’expérience de Dschang en gestion des déchets. Et de partager la sienne avec l’AMGED (Agence municipale de la gestion des déchets de la ville de Dschang)
Compostri est cette association qui s’occupe de la gestion des déchets biodégradable de la Ville de Nantes. Béatrice Pauthier est le successeur de Pascal Retière qui a pris sa retraite mais s’engage pour un nouveau défi à travers Compost In Situ. Elle s’est confiée à Sinotables.com.
Madame la Directrice, commençons par l’objet même de votre séjour à Dschang.
On est là, mon collègue Samir de Morthier et moi, pour une mission d’une semaine. En quoi consiste notre mission ? Déjà notre association à Nantes fait la promotion du compostage partagé. Ce sont des habitants qui se regroupent et qui décident de composter ensemble sur un même équipement. On a également tout une mission de sensibilisation et d’animation auprès du public plus jeune donc des scolaires.
Cela dit, il existe un fort partenariat avec la ville de Dschang sur la notion des biodéchets dans laquelle forcément nous sommes impliqués. Ce qui fait qu’on a une histoire assez longue et une pratique de travailler ensemble assez construite aujourd’hui. Ce qu’on vient faire ici c’est tout simplement un partage d’expérience sur la façon dont on fonctionne et découvrir comment ça fonctionne sur Dschang puisqu’il y a 9 compostières communautaires qui ont été installées et qu’il y a un travail qui commence avec les scolaires, avec les enfants des écoles.
Vous avez visité les 09 compostières communautaires. Quel constat en faites vous ?
Mon collègue et moi avons été agréablement surpris par la dynamique habitante qu’il y a autour des compostières, l’engouement pour ce type d’équipement et surtout la prise de conscience de la réutilisation du compost directement dans les champs ou à proximité. Ce qu’on a entendu des habitants c’est deux choses : « on va produire du compost qu’on va nous-mêmes utiliser ; et du coup ça va nous faire des meilleures plantations, des meilleures récoltes. Et la deuxième chose, qui est aussi beaucoup importante, c’est que beaucoup ont émis le souhait d’avoir un environnement plus sain et du coup de ne plus avoir la problématiques des déchets, des ordures à proximité de leur maison.»
Vous travaillez sur des critères d’évaluation ?
On a un critère d’évaluation sur les sites de compostage partagé, donc les compostières communautaires. On a à la fois des critères qui tiennent compte du lien social : comment ça vit ? Est-ce que l’environnement est agréable ? Est-ce qu’il n’y a pas de déchets autour ? La compostière est-elle bien entretenue ? Est-ce que le processus de compostage se fait bien ? Ce sont de petites choses comme ça qui permettent, pour quelqu’un qui voudrait venir voir la compostière, de se dire qu’est-ce que je regarde ? Sur quoi j’évalue que ça se passe bien ?
Comparativement à votre façon de faire à Nantes, à quel niveau se situe la différence ?
Elles sont minimes. Parce qu’on s’appuie d’un côté comme de l’autre sur la dynamique habitante. On est sur l’accompagnement des projets. J’ai l’habitude de dire, à Nantes, qu’on est des facilitateurs. On a l’impression que c’est l’orientation qu’a pris l’AMGED aussi. Les différences sont plutôt techniques. Ce qui veut dire que le compostage se fait beaucoup plus vite ici d’autant plus que les déchets qui sont mis dans les compostières n’ont pas besoin de la matière carbonée. Ils ont besoin d’un peu plus d’eau. Dans le process on a quelque chose qui est assez identique, avec des compostières qui ne sont accessibles qu’à des moments précis parce que fermés à cadenas ; et de manière à créer une dynamique habitante et aussi le lien social.
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Forcément la nature des déchets est différente.
On n’a pas les mêmes produits. Ici on va retrouver les peaux de canne à sucre, les peaux de bananes, des coques d’arachide qui sont des matières carboniques. Ça joue sur l’équilibre dans le composteur. On a vu des compostières où c’est très très bien fait, et d’autres où il va nécessiter encore un petit peu d’accompagnement parce que ce n’est pas une poubelle. Une compostière sert pour fabriquer du compost. On a vu des femmes autour d’un composteur qui ne savaient pas trop quoi faire. On leur a démontré que c’est simple : « Est-ce que ça vous le mettriez dans votre champ ? » Elles ont répondu non. On leur a donc expliqué que dans la compostière on ne met que ce qu’on voudrait mettre au champ. Ça change le rapport et la vision de ce qu’est une compostière.
Vous relevez que ces compostières communautaires sont un outil de socialisation ?
On a entendu sur deux sites la notion de tontine. Et je crois que ça peut être une prémisse à ça, un lien intergénérationnel, et aussi un lien homme-femme un peu différent avec des pratiques qui sont intéressantes. On a vu de très très belles choses. Franchement on repart gonflés à bloc. L’objectif aussi de notre séjour c’est mettre en lien des compostières communautaires de Dschang avec des sites de compostage partagé que l’on a à Nantes. Donc d’habitants à habitants, d’école à école. L’objectif c’est de même en relation des sites qui sont à peu près identiques dans la façon de fonctionner. Malgré tout, dans les neuf sites qu’on a visités il n’y en a pas un pareil. Si l’équipement est pareil autour il y a une dynamique différente. On peut trouver des sites en France et au Cameroun qui sont semblables.
Est-ce que vous avez pu visiter quelques écoles de Dschang ?
On a visité deux écoles, et l’université. Il s’agit de l’école publique du Centre et de l’école de Nzong Foto. On a en projet plusieurs choses dont la sensibilisation directement auprès des élèves et la mise en lien avec des écoles sur Nantes qui font la même chose, c’est-à-dire du compostage qui finit dans le jardin de l’école. On a vérifié avec les directeurs de ces écoles que cela rentre dans le programme scolaire. On va certainement s’appuyer sur le gouvernement des enfants pour mettre le projet en place, avec des équipements, avec deux bacs. L’idée étant de sensibiliser au tri à la source, un geste qui va partir de l’école pour irradier les familles. On s’appuiera aussi sur l’Inspecteur de l’Éducation de base pour faire comprendre la démarche globale, et qui va plus loin, c’est-à-dire en quoi le processus de compostage est un processus naturel ? Qu’est-ce qui se passe dans la nature ? Quels sont les décomposeurs ? L’intérêt du compost dans le sol ? Une approche biologique et scientifique des choses. Des sols qui sont amendés au compost ont des rendements supérieurs et surtout il y a des pertes moindres. Un compost va retenir le carbone, il va retenir l’humidité. Dans des endroits où il y a la sécheresse on arrive à avoir des rendements supérieurs de 30% quand on met du compost au sol. On l’a vu en visitant un champ où d’un côté il y a du compost et de l’autre pas. Visuellement c’était nettement claire la différence. Je crois que cette photo va faire le tour de manière à montrer le bienfait du compost.
Pour quelle finalité allez-vous mettre en lien les écoles d’ici et de Nantes ?
Pourquoi cette mise ensemble ? Pour le partage d’expériences. Se dire qu’il y a des choses comme celle que je fais qui se font ailleurs est primordiale. Nous avons envie d’avoir des choses un peu plus concrètes dans nos missions de coopération. Nous souhaitons que cette coopération soit descendante, et qu’elle ne reste pas au niveau des structures. Notre engagement est que l’on arrive à avoir quelque chose qui vient directement des populations, d’un côté comme de l’autre. Qu’il y ait aussi un échange culturel autour de tout cela. Je pense qu’on peut apprendre beaucoup les uns des autres. Nos problématiques ne sont pas tout à fait identiques, mais elles se rejoignent quand même quelque part. Ici comme à Nantes il y a une réelle volonté d’entrer dans ce genre de démarche. En tout cas on est sûr que pour les écoles ça va être quelque chose de très enrichissant.
Vous avez découvert les neuf compostières communautaires, mais avez-vous été sur les deux plateformes de compostage des déchets ?
D’une façon globale, je parle du compostage à Dschang. Dschang est un précurseur au Cameroun et peut-être en Afrique. Parce qu’il y a plusieurs systèmes et le cumul des systèmes permettra d’avoir un traitement efficace. La problématique qu’il y a à Dschang est simple par rapport à chez nous. On est sur 70 à 80% des ordures ménagères sont biodégradables. En France on est à 30%. Donc le ratio n’est pas le même. Par contre, ce qu’il faut mettre très rapidement en place c’est le tri à la source. Plus on sera dans les ménages en mesure de trier enfin que ça sorte de la maison, meilleur le compost sera et meilleures seront les conditions de travail sur les plateformes. Aujourd’hui ce n’est pas agréable pour les personnes sur les plateformes de mettre leurs mains dans les déchets pour les trier. Le deuxième bémol que je vois c’est les places de dépôts des ordures ménagères non triées et où la collecte en ce moment n’est pas efficace. Je sais que ça se met en place. Je sais aussi qu’il y a un transfert de compétence pour ça et qu’elle va s’organiser d’après ce que j’ai pu entendre, d’près ce que j’ai pu comprendre. Des passages récurrents et organisés pour enlever tout ce qui est sur les dépôts. La dernière chose que j’ai remarquée et que j’ai appréciée c’est ce travail en partenariat que fait l’AMGED avec des partenaires sur le terrain. J’ai retenu CEPDEL, TOCKEM, ADECOTEC. Elles ont des missions de sensibilisation pour faire adhérer les populations, les ménages à l’enlèvement des déchets avec cette collecte de porte à porte. Je trouve intéressant d’avoir un développement qui s’appuie sur des partenaires locaux. On voie bien que c’est une filière qui est en développement et qui va générer des emplois locaux.
Vous avez évoqué la sensibilisation, et je trouve que c’est un gros problème ici. Quel conseil à l’AMGED pour améliorer sa stratégie ?
Aujourd’hui c’est assez compliqué parce qu’on parle d’amélioration de la collecte, du tri et de la valorisation des biodéchets. Mais quand on se promène en ville qu’est-ce qu’on voit ? C’est effectivement ces tas d’ordures qui trainent à droite et à gauche. Qui ne sont pas ramassés. Dans le concret les habitants voient les tas d’ordures non ramassés. Par contre si elles se rendent sur les plateformes, elles se rendront compte des efforts colossaux qui sont faits au quotidien pour gérer les déchets qu’elles produisent et jettent où ça les arrange. Je crois qu’il faut s’appuyer sur le mode de fonctionnement de la cellule familiale à Dschang pour sensibiliser. On peut se poser la bonne question : Qui s’occupe des déchets dans la famille ? Qui fait les repas ? Parce que les biodéchets doivent être générés au moment de la fabrication des repas. C’est évident que les femmes font les repas. Mais les enfants vont s’occuper des déchets. Quand on a compris ça, on sait vers qui on doit aller pour expliquer ce qu’il faut faire et pour quoi il faut le faire. Je pense que ça c’est un élément important pour la sensibilisation. Et ensuite c’est aussi pour ça que l’on rentre dans une phase de sensibilisation des élèves pour que leur cadre scolaire déjà soit plus agréable. Ils sont les futurs citoyens. C’est eux les adultes de demain.
Ils sont de ceux qui jettent les déchets sur la rue quand ils vont ou reviennent de l’école.
C’est vrai, mais il faut avoir des endroits de dépôt. En France c’est un préfet qui s’appelait Monsieur Poubelle qui, avec les mêmes problématiques que l’on peut rencontrer ici a inventé un contenant qu’on appelle aujourd’hui poubelle. Les gens y jetaient déjà leurs déchets et les gens chargés de les ramasser n’avaient plus qu’à les transporter pour verser directement dans la charrette. Je crois qu’ici on est sur la problématique similaire.
Il l’a fait parce que ce n’était pas agréable de voir les déchets s’amonceler sur les trottoirs, parce que les ramasser prenait beaucoup du temps, et enfin parce qu’il fallait les ramasser pour mettre dans la charrette.
Il faut organiser des endroits ici qui soient accessibles, qui soient repérés par la population comme étant les seuls endroits où l’on doit pouvoir mettre d’un côté les déchets qu’on va pouvoir valoriser en faisant du compost, et de l’autre les déchets qu’on ne va pas valoriser tout de suite. Ceci de manière à avoir non seulement une action de sensibilisation, mais aussi de permettre aux gens d’en être acteurs. Ça fait plus de 100 ans que Monsieur Poubelle a œuvré à Paris. Nous avons encore des Français chez qui la question des déchets n’est pas leur préoccupation. Ils font du n’importe quoi.
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La décision prise par l’Asie de ne plus traiter de vos déchets vous touche-t-elle directement à Nantes ?
Les déchets en questions sont surtout des équipements électriques, électroniques. Ce qu’on appelle les D3E-déchets d’équipement-qui sont très polluants. Aujourd’hui on a plusieurs plans de collecte : des magasins qui en vendent, des centres de déchèteries. Quand ils sont apportés par les ménages, les déchets sont envoyés dans la bonne filière et ces filières sont in situ en France. Ce qui pose problème en France c’est les déchets des autres, c’est-à-dire les déchets des entreprises qui sont rachetés par des gens qui font du commerce de ce type de déchets et qui, malheureusement, peuvent encore arriver en Chine ou en Afrique. Et là c’est assez catastrophique. Tous les déchets des ménages sont gérés dans la proximité la plus possible.
La perspective de l’AMGED est d’impulser l’agriculture biologique ici grâce à son activité de compostage. Est-ce les gens qui fabriquent du compost mangent bio à Nantes ?
Nantes, c’est le premier département français en termes de fermes biologiques. On a beaucoup d’agriculteurs qui pratiquent l’agriculture biologique. Pascal Retière que je remplace à Compostri a créé une entité qui s’appelle Compost’In Situ qui collecte de gros volumes de déchets, par exemple les déchets du Centre hospitalier universitaire de Nantes qui génère énormément de repas ; ce qui fait qu’il y a d’importantes quantités de restes de repas. Il collecte les déchets auprès de grosses structures commerciales et tout ça il les amène chez des agriculteurs. Donc il y a une vraie démarche de compostage de proximité pour éviter de transporter les déchets le plus loin possible, de les garder. On veut avoir un retour immédiat au sol.
Est-il possible dans ce cas de mettre également ensemble des agriculteurs du biologique d’ici et de Nantes ?
Pour quoi pas ! En tout cas ce qu’il y a de très prégnant à Dschang c’est… à Nantes on parle d’agriculture urbaine. Et quand j’arrive à Dschang je rigole, je dis elle est là l’agriculture urbaine. On essaie de faire des choses à Nantes, mais on est de loin capables de faire ce que ce que vous faites ici. Il n’y a pas un seul centimètre de terre qui n’est pas cultivé. L’utilisation du compost, c’est vrai, est encore beaucoup plus urbaine. Je pense que, grâce à la faculté d’Agronomie de l’Université de Dschang, il y a des choses qu’on peut développer en synergie avec Dschang.
Vous êtes à Dschang depuis une semaine, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
J’étais déjà venue ici l’année dernière, à l’occasion du séminaire international. Pour moi c’est la deuxième fois, tandis que pour mon collègue Samir c’est la première fois. Cette fois-ci ce qui m’a le plus marquée c’est l’enthousiasme des populations autour des compostières communautaires. Vous êtes dans une région qui est magnifique, qui est belle, et où on a des gens accueillants. Par contre l’état des routes complique sérieusement le travail pour faire le suivi. Mais ça fait partie de la vie ici. On repart avec tout un tas de petites choses, des spécialités d’ici. L’année dernière j’ai eu l’occasion d’assister au festival Foto qui était grandiose, et ce week-end j’ai assisté à des funérailles. Avec mon collègue on a également visité le Musée des civilisations. Ça fait partie des choses importantes que nous devons avoir pour la connaissance de notre interlocuteur, de nos partenaires. Je vois la qualité des hommes qui travaillent ici, les compétences qu’il y a à l’AMGED, l’envie de bien faire, la détermination et un investissement qui est sans bornes. C’est aussi un gage de réussite.
Quel message porterez-vous une fois retournée à Nantes ?
C’est qu’il faut continuer à avoir ce type de coopération. Parce qu’avec Dschang on n’est pas dans l’assistanat. On est sur des choses réelles et à destination des populations. L’objectif c’est qu’il y ait une autonomisation de la structure. L’autonomie est fondamentale. Il faut arriver à une autogestion, à quelque chose qui soit fiable et pérenne au niveau économique. On a fait un point sur les outils qu’on avait en France et sur les outils qu’on avait ici. Et on est parvenu à constater que d’un côté comme de l’autre il manque ceci ou cela.
Quand on parle de l’autonomisation de l’AMGED cela signifie lui donner les moyens nécessaires pour se libérer des contraintes de dépendance. Lesquels moyens la Mairie de Dschang n’en dispose pas. Comment Compostri peut-elle dans ce cas accompagner le processus ?
La coopération s’est organisée de sorte qu’aujourd’hui nous avons une aide de Nantes métropole pour intervenir à Dschang. On est pareilles. Nous n’avons pas de financements autres que les financements publics. On veut diversifier nos sources, et l’AMGED sur ce plan a une longueur d’avance sur nous. Puisqu’il y a une vente du compost. Ce que nous ne faisons pas. Ce qui est fait sur les plateformes visent à parvenir à un équilibre de l’activité. Ce qui n’est déjà pas mal. Par contre ce qui va le plus poser problème demain va être le compostage partagé. La question est quid du suivi du site ? Quid de la mise en relation avec les référents ? On ne peut pas laisser les gens seuls, même si on vise l’autonomie. Nous avons cette expérience à Nantes. Il faut qu’il y ait quelqu’un qui soit en mesure de régler les disfonctionnements, qui soit en mesure d’accompagner techniquement les populations à avoir le plus d’autonomie possible, à gérer leur compost. C’est une belle aventure.
Est-ce que toutes les villes de France font pareille que Nantes ?
Il y en a beaucoup qui sont engagées. En tout cas aujourd’hui c’est entrain de se généraliser. Pour plusieurs raisons. La plus importante c’est qu’il y a une réglementation qui fait qu’en fin 2023 il y aura obligation pour les habitants de valoriser leurs biodéchets. On y vient petit à petit et avec des façons de faire différentes. A Nantes il y a le compostage partagé, mais il devrait y avoir de la collecte au porte-à porte à des visées de méthanisation. Vous avez déjà tout cela à Dschang.
Propos recueillis par Augustin Roger MOMOKANA