« Ces quelques habits, ces denrées alimentaires sont un symbole de notre considération pour vous, et notre souhait est que ceux qui doivent sortir légalement qu’ils sortent et qu’ils oublient définitivement le chemin de la prison et que ceux qui sont dedans purgent tranquillement, royalement leur peine pour que la liberté continue d’avoir un sens. »
Tout le monde peut atterrir dans une prison. Du plus important des hommes au plus énergumène parmi les hommes. Ainsi la prison est remplie d’hommes de tous les calibres et de tous les talents.
Vendredi 29 décembre 2023, grâce au sénateur professeur Anaclet FOMETHE qui offrait des dons aux pensionnaires de la prison principale de Dschang, cette maison de privation des libertés a exposé ses multiples talents.
Ils excellent dans l’artisanat, la littérature, les arts du spectacle, l’art de la jonglerie. Impossible de croire des artistes aussi talentueux se sont laissés emportés par des anormalités au point de se retrouver coincés entre les quatre murs d’une prison.
Ils se sont exprimés, ils ont chanté et magnifié « papa Sénateur » qui ne manque jamais de penser à eux dès que l’occasion le lui permet. Quelques fois s’y fait accompagner par d’autres élus du peuple.
Cette fois, fête de Nouvel An l’impose, le sénateur professeur Anaclet FOMETHE s’est fait accompagner par le préfet du département de la Menoua, ITOE Peter MBONGO, le 1er Adjoint au Maire de la commune de Dschang, professeur TEMGOUA Émile, la présidente du réseau des femmes de la Menoua, MANYI TESSA Annette.
A l’occasion, non seulement des provisions alimentaires et des vêtements ont étés remis aux pensionnaires de cette prison, mais des conseils aussi afin que lorsqu’ils seront de l’autres côté des murs ils ne retombent plus jamais dans les travers d’hier. Peu importe ce pour quoi ils ont été condamnés. Le souhait est que la prison soit un véritable instrument de transformation et de socialisation pour ses pensionnaires.
A la prison principale de Dschang, le régisseur ELOUTI et son équipe y veillent. Grâce à l’entregent de l’association Jeunesse Africaine Unie pour la Paix (JAUP) du président TAMO Yves, le mécanisme de socialisation dans la préparation des pensionnaires pour leur réinsertion au retour en société est en place et prospère. Ce sont des ateliers équipés grâce à la générosité de quelques mécènes de JAUP et du ministère de la jeunesse et de l’éducation civique.
Ainsi tout pensionnaire peut s’inscrire dans l’un des ateliers : tissage, informatique, menuiserie, électronique. Si l’artisanat est l’atelier le plus couru, l’atelier d’informatique commence à connaitre un rayonnement dont les échos vont au-delà de la prison. Il a permis l’éclosion d’écrivains. Ne dit-on pas que le livre est universel ?
« (…) Le jour où je t’aurai encore entre mes mains/ Je vais te serrer si fort/Telle une maman qui serre son bébé à l’approche du danger/ Liberté ! Liberté ! Ma chère liberté !/Ce bien si précieux que l’on ne connait sa valeur /que quand on l’a perdu. »
DONGMO Patrick est poète. Lorsque sa voix sanglote « Liberté », c’est à peine si l’on ne ressent pas surgir notre incapacité de le faire sortir de là afin qu’il puisse semer sa joie de la découverte de la justice de par la terre. En attendant de recouvrer sa liberté, il s’est fixé un objectif derrière les barreaux: créer et éditer si possible un recueil de 10 poèmes.
« ‘’Une Vie volée’’, on l’avait commencée, mais on manquait véritablement d’inspiration. C’est vrai que le milieu carcéral offre beaucoup d’inspiration. Parce que vous avez assez de temps pour réfléchir. Le roman ‘’Une vie volée’’ c’est une œuvre comique, en même temps dramatique qui relate le quotidien des enfants de notre arrière-pays, plus précisément les enfants qui sont nés et issus des familles monoparentales. C’est pas pour dire qu’il va forcément échouer, mais qu’il a plus de défis à relever que celui né dans une famille où tout le monde est là. »
Jean Jules KOWA est un autre. Il est un écrivain prolifique et auteur de plusieurs livres dont « Une vie volée » et « L’Église face aux Enjeux de la Mondialisation » parus aux éditions Croix du Salut. « Une vie volée » écrit et édité pendant que l’auteur séjourne à la prison principale d Dschang retrace une partie de la vie d’un enfant élevé dans une famille monoparentale. Son père déclaré mort par sa mère est vivant quelque part, sa belle-mère ne lui garantit pas une vie facile d’où sa décision de quitter Douala pour retrouver sa grand-mère à Bandjoun. C’est 215 pages de péripéties palpitantes, un autre livre où l’arnaque dégouline telle une fontaine publique. Mais un livre qui mérite une réédition pour le dépouiller de nombreuses coquilles qui l’émaillent.
Ces spectacles n’ont pas contraint le sénateur et le préfet de prodiguer quelques conseils aux détenus. Des conseils puisés dans la Bible. Ils constituent des vecteurs d’une humanité souhaitée par tous : aime ton prochain comme toi-même, faire à autrui ce que tu voudras que l’on te fasse ; savoir venir au secours de son prochain lorsqu’il est dans le besoin ; savoir corriger ses erreurs pour devenir un citoyen responsable.
« Le sénateur en venant ici a donné une large définition de ces commandements. J’ai réfléchi sur le comportement du sénateur et je me suis dit voilà un citoyen qui applique les principes de Jésus, à la lettre. On était chez les personnes déplacées la semaine dernière, on a été à l’hôpital, on a été chez les enfants…Monsieur le sénateur, au nom de cette population, au nom du gouvernement, au nom des pouvoirs publics, nous vous disons merci pour cette démonstration d’amour, de générosité et d’humanité. »
Augustin Roger MOMOKANA