« Vous êtes bêtes. Il ne faut pas quitter un homme qui te donne 10 000 pour un homme qui te donne 15000. Il faut garder les deux pour que ça donne 25000 francs » : l’artiste s’appelle Mitoumba.
Cet article a été rédigé par Augustin Roger MOMOKANA pour le compte du journal en ligne Sinotables. Date de la mise en ligne 25 octobre 2021.
L’art n’est ni une perte de temps ni un jeu d’enfant. Même si pour certains artistes leur travail est un jeu. Il est un jeu parce qu’ils éprouvent un plaisir extrême à l’exécuter.
Peindre, écrire, monter sur scène, danser, photographier, filmer, tailler un monument. Tout cela signifie prendre la parole pour s’adresser à un public. C’est influencer le public qui le lis, écoute, contemple. Les artistes sont les plus grands influenceurs que le monde puisse produire.
De ce point de vue, leur mission n’est pas de conduire leurs sociétés à la dérive. Ils doivent lui éviter d’y sombrer. En mettant à sa disposition des productions artistiques qui réveillent et retiennent son attention.
Aujourd’hui et plus que jamais, l’Afrique a besoin de ses artistes. Ils doivent intervenir pour pallier à l’absence d’une presse avant-gardiste. Cette dernière n’a pas su porter dignement sa mission d’éclaireur de consciences. Elle s’est laissée apprivoiser et corrompre par les puissances économiques et les dictatures. La presse d’aujourd’hui manque de culot et d’entêtement face aux pouvoirs financiers.
Dans un pays comme le Cameroun, le visage de la presse n’est pas aussi reluisant que son éblouissant ses titres et ses contenus. Comment avoir confiance à une presse qui, malgré sa diversité de titres, offre les mêmes contenus avec les mêmes angles de traitement ?
Contrairement à la presse, les arts visuels et les arts de scènes ont cette particularité d’être la conséquence d’une observation, d’une vision, d’un rêve de l’artiste. Un artiste qui propose une photographie sur l’effet de la guerre ne fait pas l’apologie de la guerre. Il n’est pas un dissident.
De même qu’un réalisateur qui peint des personnages aux tendances sexuelles exagérées ne fait pas la promotion de la sexualité à outrance, de même un comique qui blesse par sa révélation des secrets de l’Homme ne commet pas d’impair. Ils réveillent la société à maitriser sa libido. Ils dénoncent les écarts de l’Homme. Seules les personnes fragiles s’en sentiraient en égratignées.
Pour réveiller et susciter la conscience africaine, l’Afrique a besoin de ses artistes. Ils doivent orienter leur créativité sur la détermination du continent à s’auto-développer. Il s’agit pour eux de créer des œuvres circonstanciés et les partager avec une masse critique de notre population.
Les halles de nos Hôtels de ville, les salles de professeurs, les restaurants, les aires de recréation des établissements scolaires, les banques, les assurances, les halls d’hôtels, les gares routières doivent devenir des lieux d’expression et d’expositions artistiques. Aucune place publique ne doit échapper à cette dictature de l’art. Il s’agit d’un devoir que l’artiste doit tenir pour sacré.
Dans les cours, les enseignants doivent faire un effort pour familiariser les enfants qu’ils enseignent avec les arts. Ceux d’entre eux qui n’ont pas une formation spécifique n’ont pas à se morfondre. Internet leur offre une facilité d’apprentissage.
Que les artistes africains se réveillent avec la promesse de proposer aux consommateurs ou amateurs d’arts des œuvres qui se préoccupent des questions d’indépendance, de rétablissement de la vérité, de révolte et de révolution. L’art doit blesser, exalter ou ne pas exister. Ce ne pas qu’ils vont s’insurger contre les institutions, mais qu’ils doivent faire la pression sur les dirigeants africains afin qu’ils rament dans le sens de la volonté populaire.
La photo d’illustration a été prise sur trouvée. Elle fait l’objet d’un débat sur la manière dont les exploitants miniers coréens traitent les filles qu’ils trouvent sur les territoires miniers de la RDC.
Augustin Roger MOMOKANA