Demandez à l’artiste musicien Yanicko, KANA KANA Yannick à l’état civil, de vous ramener à ses débuts d’avec la musique, il vous répond sans ambages que tout est parti d’un bitacola offert à un « inconnu »:
« J’étais en vacances à Yaoundé. Je vendais le bitacola dans la rue. Puis j’ai fait la connaissance de DJ Stéphane des Ets Sony Music à Oyom Abang. Tous les jours je lui offrais un bitacola. Un jour ce DJ, sans doute surpris par ma générosité, m’a demandé si je le connaissais avant. Je lui ai répondu par la négative. C’est ainsi que j’ai saisi l’occasion pour lui exprimer son souhait de trouver un studio d’enregistrement. Il m’a donné rendez-vous dimanche. »
Ainsi le jour-dit le jeune garçon, qui depuis son plus jeune âge mime sans façons des chansons, se retrouva au studio d’enregistrement chez Kenzy ; sans jamais avoir composé une chanson dans les règles de l’art. Parce que ignorant tout de la notion de la gamme, de la mesure, du refrain et du couplet.
Lorsque Kenzy lui demande quel est son style de musique ? Il se frotte la tête car ne sachant pas quoi lui répondre. Le technicien est suffisamment mature et lui demande un acapella de ce qu’il croit être sa plus belle composition. De cet acapella Kenzy en fait aussitôt une musique instrumentale qu’il remet au jeune homme, le conseillant de s’en servir pour s’exercer.
Yanicko veut devenir musicien à l’instar de son papa qui, malgré ses grandes qualités, n’a pas persévéré. Il se met donc au travail, et en très peu de temps il revient voir Kenzy avec quelque chose d’admirable. Ainsi sortira du studio M54 son tout première maxi single de 4 titres dont « Belinda » qui lui ouvre l’accès aux mélomanes.
Face aux encouragements et à la grosse surprise manifestée par son arrangeurs, et fidèle à la rigueur qu’il s’est imposée, le jeune artiste est surmotivé à convaincre les mélomanes de la Menoua et de la diaspora où cette musique est arrivée grâce aux réseaux sociaux.
Le pari est risqué, mais il va le remporter en 2019 lorsqu’il met sur le marché « M’ah mih oh ». C’est ainsi qu’il sort définitivement de l’ombre et sa chanson devient l’une des plus mimées dans le département de la Menoua. Suivra « Apougwan Tegnifomekem » qui est un autre succès.
« j’invite les uns et les autres à se rendre dans les lieux sacrés pour implorer la bénédiction des dieux en versant de l’huile rouge et du sel… il s’agit en quelques sortes d’un appel à un retour aux sources »
Zoom sur le jeune artiste Yanicko#Musique #Cameroun #Dschang #featuring #SPrevoir pic.twitter.com/Jwg4LPnHmk
— Momokana Augustin Ro (@ARMomokana) April 24, 2023
En avril 2023, depuis précisément le 16 du mois, Yanicko et S-Prévoir qui se fréquentent depuis 2019 ont donné naissance à « wonguih mè ponh ngonh ». Ce bel hommage à la femme est sur toutes les lèvres. Dans cette chanson les deux artistes mettent en exergue, comme dans leurs compositions personnelles, la langue Yemba.
« J’ai un regard mélioratif à l’égard de la femme en ce sens que c’est elle la mère de l’humanité, c’est elle qui nous éduque, nous élève. »
Pour Yanicko, la « langue yemba occupe la première place dans mon art en ceci que je chante à 98% en cette magnifique langue. Mon projet est celui de promouvoir cette langue le plus loin possible ! »
Aujourd’hui, son combat produit déjà de belles fleurs. L’artiste est presque un incontournable sur la place des cérémonies aussi bien dans le département de la Menoua qu’en dehors. Mais il continue de travailler dur car, dit-il à ses fans :
« Continuez à croire en moi, de m’encourager parce que je viens tout juste de commencer mon aventure et pleines de surprises sont prévues à cet effet .»
De même, depuis que Yanicko pratique la musique, en bon fils de ses parents il ne s’est jamais détourné de l’essentiel qui demeure ses études. Aussi, vient-il de décrocher sa licence en lettres d’expressions françaises à l’Université de Dschang.
Pour écouter sa musique, aller consulter « yanicko la star du flow » sur Youtube et sur Facebook. Le jeune artiste compte déjà 11 titres à son actif.
Augustin Roger MOMOKANA