
La gestion urbaine est assujettie à une cupidité légendaire entretenue par des citoyens et des agents municipaux en charge du permis de bâtir. L’État devrait envisager des mesures durables de sortie de crise.
L’effondrement d’un immeuble de type R+4 dans la nuit de samedi à dimanche 23 juillet 2023 au quartier Mobil Guinness Ndogbong, arrondissement de Douala Ve, a causé la mort à plus de trente personnes. Ce n’est pas le premier immeuble qui s’en va avec de nombreuses vies.
Les populations camerounaises en général et celles de Douala en particulier s’inquiètent de la récurrence des effondrements d’immeubles. Des catastrophes qui endeuillent de nombreuses familles. Surtout que le paysage urbanistique nationale ne manque pas d’immeubles qui, à vue d’œil, présentent des signes d’effondrement prochain.
En pleurant nos morts, ne manquons pas de nous arrêter un seul instant pour voir au moins une des choses qui peut être faite pour une plus grande responsabilisation des uns et des autres. Au fait, bien que certains témoignages reconnaissent l’état délabré de cet « immeuble de la mort », il est sans doute vrai que tous ceux qui s’y trouvaient à l’instant du choc ne le savaient pas.
Ainsi, que l’on pointe l’occupation anarchique des sols ou la morale douteuse de certains agents de l’État, c’est acceptable. De même, indexer le refus de certaines personnes à faire preuve de leur liberté et de leur responsabilité en remettant leur protection aux seules mains de « Dieu »- « on va faire comment ; c’est Dieu seul qui nous protège », entend-t-on souvent- est aussi compréhensible.
L’avarice et l’irresponsabilité de nombreuse personnes impliquées dans les études des sols et la construction effective des domiciles le sont également des indices à explorer pour comprendre le phénomène dont le Cameroun se passe pour être une référence.
Cependant, le visiteur ou le potentiel occupant d’une pièce de la bâtisse n’est pas toujours informé de ce que l’immeuble qu’il visite et où se trouverait son logis est en réalité un immeuble du genre « à vos marques, prêt, vrouuuppp ! ». De plus, il n’est pas toujours évident pour un agent de contrôle spécialisé nouvellement venu, de reconnaitre même furtivement que tel immeuble présente des risques futurs pour ses occupants. C’est pourquoi il serait désormais judicieux d’instituer, pour toute maison ou immeuble, l’équivalent de la visite technique automobile.
Ainsi, en fonction des conditions météorologiques, des facteurs sismiques ou toutes autres causes plausibles d’amortissement de maison ou d’immeuble, il serait nécessaire que des agents spécialisés visitent les différentes constructions à usage résidentielle à l’effet d’en délivrer des « Avis à héberger » pour une durée renouvelable autant que ce soit nécessaire.
L’ « Avis à héberger » devra être placé sur les façades avant et arrière de toutes les constructions ; qu’elles soient à usage résidentiel ou administratif. Ainsi et dorénavant, les populations seront sensibilisées par l’« Avis à héberger ». Ce qui leur permettrait de ne pas intégrer des maisons qui présentent des risques. Également, les citoyens éviteront de participer aux évènements en ces lieux listés « Dangereux pour la vie humaine ».
Quant à eux, les agents publics spécialisés en la matière prêteront serment avant d’exercer. Ils s’exposeraient à de lourdes peines pénales en cas de défaillance. Cette connaissance devra les obliger à engager rapidement les démarches correctives et punitives à l’endroit de ceux et celles qui ne voudraient pas se conformer.
L’État pourrait, dans la perspective de la présente proposition, créer une nouvelle profession : celle l’inspecteur immobilier et sanitaire dont la mission sera non seulement d’assurer le contrôle mais de lui fournir des arguments pour lutter contre les constructions non respectueuses des normes.
Blaise TAGNE