
Les produits chimiques que nous utilisons dans nos plantations peuvent être plus dangereux que nous ne le croyons. Nous devons faire preuve de la plus ferme attention possible car non seulement ils fertilisent ou débarrassent les plantes d’insectes, mais ils peuvent également être sources de maladies graves et de pollution de l’environnement.
La Gouadeloupe en fait l’expérience. Ce pays est secoué par une décision de justice rendue dans le cadre de l’affaire du chlordécone.
Les insecticides à base de chlordécone utilisés aux Antilles françaises entre 1972 et 1993 pour lutter contre le charançon de la banane ont contaminé l’eau et les sols. Impact qui s’est répercuté sur l’homme dans la mesure où il a été détecté dans le sang de 90% de la population adulte.
Les juges du pôle santé du tribunal de Paris, statuant dans le cadre d’une plainte porté par Patricia Chatenay-Rivauday, ont prononcé un non-lieu, affirmant dans leur ordonnance « qu’à l’époque, les intérêts économiques primaient sur les enjeux sanitaires et environnementaux », rapporte francetvinfo.fr.
Patricia Chatenay-Rivauday, vice-présidente de l’association Vivre en Guadeloupe, a perdu au moins 11 proches dont son père et son frère, et est elle-même atteinte de plusieurs maladies métaboliques.
D’après notre source, il apparait que la décision des juges n’est pas conforme aux informations sur le caractère toxique du chlordécone. En effet, déjà en 1979, le « Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) avait classé la chlordécone comme cancérigène possible pour l’homme. » Un argument qui aurait largement suffi pour condamner.
Les enjeux économiques avaient pris le dessus sur la vie humaine et même animale puisque, notre source rapporte qu’en épluchant les rapports de la commission des toxiques, il est apparu qu’outre les chercheurs indépendants et des agents de l’État, elle comprenait également plusieurs membres de l’Union de l’industrie des produits pesticides.
Pour confondre la justice, Radio France a fouiné des tonnes et des tonnes d’archives relatives aux sessions de la commission des toxiques et plusieurs autres sources qui de manière tout à fait irréfutable avait indexé le chlordécone comme un produit toxique pour l’homme et polluant pour l’environnement.
Cet article a été écrit à partir d’une enquête menée par la cellule investigation de Radio France sur le scandale du chlordécone en Martinique.
Augustin Roger MOMOKANA