
Samuel ETO’O avait annoncé sa victoire aux élections à la présidence de la FECAFOOT, il l’a remporté (43 – 31 voix) le 11 décembre contre son challenger Seidou MBOMBO NJOYA.
Cette victoire fait de Samuel ETO’O un anti –leader dans un contexte où le leadership est apprivoisé par le gouvernement. Comment un individu qui ne fait pas partie du pouvoir politique du pays [qu’il fréquente tout de même] a-t-il pu contourner tous les pièges sur son chemin au point de se hisser au sommet de la FECAFOOT ?
L’homme qu’est ETO’O peut-il renverser Paul BIYA s’il s’était agi d’une élection présidentielle ? En quoi la stratégie de Samuel ETO’O est-elle supérieure à celles des leaders politiques que sont Ni John Fru NDI, Maurice KAMTO ?
Est-ce le fait d’avoir machinalement mis des personnalités publiques connues pour leur influence sur son échiquier ? On l’a vu avec poser avec le président de la Cour Constitutionnelle, avec le Milliardaire Baba DANPOULO, avec le jeune lamido de Garoua, avec les chefs du Sud-Ouest, avec des fins stratèges comme KEMAJOU Baudelaire, etc. On l’a vu multiplier ses invectives contre la commission électorale, amenant celle dernière à faire des compromis (bic rouge, un policier devant l’isoloir, etc.) non contenus dans le code électoral. Samuel ETO’O est une pièce du pouvoir. Une pièce de réserve que le pouvoir a consenti à pousser sur l’échiquier. Nombreux sont ceux qui ne le savaient pas.
Quel aura été l’apport de ces personnalités dans la victoire de Samuel ETO’O contre Seidou MBOMBO NJOYA. Ce dernier s’est contenté d’aller à la rencontre les délégués des régions directement impliqués dans l’élection, d’obtenir leurs signatures. Contrairement à son adversaire, il a fait preuve d’un calme surprenant. On a vu un candidat très posé, qui ne revendique rien malgré les supputations de son challenger. Etait-ce un signe d’assurance ou une attitude de quelqu’un qui a le sentiment d’avoir mal joué ses cartes ?
Quelle que soit la réponse, il va sans dire que Samuel ETO’O s’est illustré comme un anti-leader, c’est-à-dire quelqu’un qui s’inscrit dans une logique inattendue par ses adversaires pour se tirer d’affaire. A 40 ans il est devenu le président de la FECAFOOT. Son plus grand rêve après les trophées remportés sur les stades. Est-ce sont plus grand combat ? A-t-il d’autres combats plus nobles ? Le temps nous le dira.
Au regard de sa prouesse, l’opposition peut-elle recourir à son expérience pour provoquer le changement à la tête de l’Etat ? Ni John Fru NDI et Maurice KAMTO seraient-ils de mauvais leaders face au leadership de Samuel ETO’O ? Ce dernier avait tempêté, immédiatement après le dépôt de son dossier de candidature, qu’il délogerait son adversaire de la FECAFOOT si l’élection est entachée d’irrégularités. Il s’est fait élire en mettant à mal toutes tentatives de fraudes quelles qu’elles soient. Il l’a fait, à la grande satisfaction de ses fans dont on a dit qu’ils sont en mesure de mettre le pays à feu et à sang si leur champion sortait perdant. D’ailleurs, déjà en salle, l’on a vu un monsieur respectable signifier au président : « je n’ai pas peur de vous ! ». Le même monsieur n’a pas hésité pour coller « voyous ! » à leurs adversaires.
Ni John Fru NDI et Maurice KAMTO sont souvent allés aux élections sans avoir des représentants dans les bureaux de vote, sans avoir obtenu la révision du code électoral, sans avoir pris les mesures nécessaires pour assurer le contrôle du processus de proclamation des résultats.
En tout cas le Cameroun a nécessairement besoin de ce type de leadership pour passer à autre chose. D’un leader qui a des arguments et des armes nécessaires pour contrer la machine de la fraude électorale quelle qu’elle soit. Un leader qui n’a pas peur du régime qu’il connait trop bien. Un leader qui sait anticiper pour éviter d’être pris dans l’étau d’un gouvernement très enclin à tricher même en plein jour. Un leader qui ne construit pas sa victoire uniquement sur le vote de la masse, mais sur la mobilisation, l’écoute, et la lutte contre la fraude électorale, en mettant à mal son adversaire par le démantèlement à temps de ses réseaux de fraudes. L’anti-leader sait que les choses ne vont pas se passer normalement. Pourtant cela ne l’empêche pas de s’engager. Il se forge une vision à l’opposé de ce que pourrait être l’obstacle et anticipe pour ne pas subir l’échec malicieusement projeté par ses maitres.
Augustin Roger MOMOKANA
Photo: DR