
Il est vrai que la loi « de l’emprisonnement à vie, celui qui, par la torture, cause involontairement la mort d’autrui » : disposition du Code pénal, art. 132 bis sur la torture.
Cela ne sert plus à rien de se poser la question « Qui a tué Martinez ZOGO ? » La question fondamentale c’est quelle justice avec dans le box des accusés les plus hauts responsables des services de renseignements ? Que vont-ils faire pour satisfaire les attentes de l’opinion et préserver les secrets d’État ?
En tout cas, AMOUGOU BILINGA Jean Pierre et le Lieutenant-colonel Justin DANWE sont placés en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé depuis samedi à l’aube, tandis que Bruno BIDJAN, le Colonel ETOUNDI SOE et plusieurs autres personnes dont des employés du Groupe l’Anecdote ont été remis en liberté provisoire à la même occasion.
C’est dire que le Commissaire du gouvernement s’est appuyé sur des arguments concordants contenus dans le dossier à lui transmis par l’équipe mixte d’enquêteurs (gendarmerie – police) pour décider. Ces sont deux décisions qui, en réalité, ne n’ouvre qu’une nouvelle page dans une affaire des plus difficile à trancher tant il y a sur la table une vie humaine perdue et dont les populations sont éveillées dans l’attente de l’issue du procès ; et au banc des accusés des personnalités dont des cadres et les exécutants des services de renseignements.
Au constat de la qualification des faits, il ne serait pas hasardeux de penser que l’affaire livrera un verdict compliqué à comprendre et à expliquer, parce que non seulement la justice fait généralement sien un langage compliqué pour éviter les contradictions, mais également parce que cette fois-ci la moindre erreur pourrait déverser la république sur la place publique.
En claire, l’homme d’affaires AMOUGOU BELINGA Jean Pierre, le commissaire divisionnaire Maxime EKO EKO, le Lieutenant-colonel DANWE Justin, les présumés assassins de Martinez ZOGO sont détenus et devront répondre de « filature, enlèvement et torture ». Le « meurtre » et l’ «assassinat » n’interviendront pas en premier chef, mais en sourdine. Cela est surprenant tant les faits et l’approche semblent désormais s’opposer. Il s’agit des choix humains.
Ainsi nous sommes en droit de nous demander ce que va faire la justice pour garder une image propre, sa crédibilité dans sa gestion de ce cas qui mobilise toutes les attentions, y compris en-dehors du triangle national ?
Ainsi, l’on ne serait pas surpris d’apprendre que la mort de Martinez ZOGO soit postérieure aux actions d’enlèvement, de violence et d’abandon. Que loin de ce que pense et soutient l’opinion, ce sont les conditions atmosphériques ou des personnes autres qui seraient responsables de la mort du directeur de la chaine Amplitude FM.
Démarche qui pourrait épargner aux mis en cause les faits de meurtre et d’assassinat. Avec un impact inimaginable sur la décision finale de la justice. Parce que, ne l’oublions pas, cette affaire sera l’une des plus compliqués pour la justice et pour l’État.
Parce qu’au-delà du meurtre ou de l’assassinat, cette affaire pourrait dévoyer des secrets d’État. Parmi les principales personnes soupçonnées et mises en détention préventive se trouvent deux pièces angulaires de la direction générale de la recherche extérieure (DGRE): le commissaire divisionnaire EKO EKO Maxime qui en est le directeur général et le Lieutenant-colonel DANWE Justin en charge de la direction des opérations.
BELINGA AMOUGOU Jean Pierre et ses co-accusés seront donc jugés pour complicité d’enlèvement et de torture, mais dans le tribunal aura le souci de préserver les secrets d’État.
Augustin Roger MOMOKANA
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