
« On nous a imposé une exigence. Celle transcrire notre musique. Ça veut dire que nous approchons le volet scientifique de notre musique. En la retranscrivant, nous sommes sûrs que les générations futures n’auront plus de problème de repère dans la mesure où elles sauront quelle est l’orchestration du lefeum, par exemple. Ce qui a commencé grâce au festival Gala des causes nobles est un livre qu’on vient d’entamer la rédaction », As’a Telong.
Le Lefeum est une musique sacrée et mystique. On ne voit jamais ses joueurs avant qu’ils aient fini de jouer. Cette musique qui réunit pas moins de 20 instruments et donc 20 instrumentistes célèbre en même temps la rupture et la joie.
Déjà à partir de son nom « lefeum veut dire quelque chose de sacré, d’étouffé, de secret, tout cela à la fois. C’est une musique mystique. Mystique en ce sens qu’elle n’est complète que lorsque plusieurs personnes en jouent», As’a Telong.
Invité à animer un atelier de musique sous le thème « Ecriture musicale et rythme », As’a Telong, le promoteur et coordinateur de As’a Telong Music Academy, a décidé d’entamer le processus de décodification du lefeum.
Les différentes parties s’harmonisent au fur et à mesure de la participation des uns et des autres.
Les trois instruments décroisés sont le mendjan (balafons), le tam-tam et le cheka. Sept personnes, dont Henry Alexander venu de Carlton College, aux USA, ont pris part à l’atelier de trois jours.
« La difficulté de l’Atelier Musique étaient d’abord de comprendre la nature de chaque expression, de chaque partition, de chaque instrument. En tout cas le lefeum a plusieurs instruments. Le jour du lancement on avait trois exécutants. Donc on a pu que transcrire des fragments d’instrumentation », As’a Telong.
Le processus de démontage et de reconstruction musical du lefeum se poursuit. Il est question que l’ensemble des instruments soient explorés et les partitions transcrites de manière à pouvoir être enseignées à l’académie comme partout ailleurs dans le monde.
« On a eu à transcrire les notes du soliste, du rythmeurs, etc. En fait il y a eu plusieurs participants. Ce sont des musiques dites hétérophoniques, ça veut dire qu’elles ne peuvent être complètes, expressives que lorsque beaucoup de personnes se sont ajoutées, chacune avec son langage qui vient se compléter et donner le véritable sens », As’a Telong.
Pour arriver à la désacralisation de cette musique, l’artiste a eu l’onction de quelques chefs traditionnels de la Menoua, gardiens des traditions ancestrales.
« C’est déjà le moment de la codifier si elle peut être désormais enseignée à l’école. La choisir était une victoire et une gratitude à ces chefs traditionnels (Foto, Bafou, Baleveng, Fongo-Tongo, Baleng, Nzifeng,) qui nous ont permis de la désacraliser pour l’enseigner dans notre académie. Grâce à l’atelieer nous avons lancé un processus de notation pour conserver et pérenniser, pour protéger nos œuvres. Ce qui rentre dans les missions de As’a Telong Music Academy », As’a Telong.
Augustin Roger MOMOKANA