
« (…) Je demande pardon au peuple burkinabé pour tous les actes que j’ai pu commettre durant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël SANKARA.
J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon.
Je souhaite que nous puissions aller de l’avant désormais pour reconstruire notre destin commun sur la terre de nos ancêtres (…) »
Blaise COMPAORE est un ancien chef d’État du Burkina Faso, pays de l’Afrique de l’Ouest. Il a dirigé ce pays après le coup d’État militaire du 15 octobre 1987 contre son « frère et ami » le capitaine Thomas SANKARA. Il va diriger le Burkina Faso pendant 27 années, et donc jusqu’à ce qu’un mécontentement suivi d’un soulèvement populaire à travers tout le pays le pousse à démissionner le 31 octobre 2014. Il quitte le pays pour la Côte d’Ivoire qui, curieusement, lui accorde la nationalité ivoirienne. En 2022 il est condamné par contumace à la prison à perpétuité pour « complicité d’assassinats » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Invité par le président Paul-Henri SANDAOGO DAMIBA, tout comme les autres anciens président du Burkina Faso, à prendre part à une « concertation sur la situation très difficile et délicate » que connaît le pays, il profite pour « demander pardon » à ses compatriotes. Tout comme Thomas SANKARA, Blaise COMPAORE est un ancien capitaine de l’armée du Faso.
On peut causer l’irréparable aujourd’hui et demander pardon demain. Personne ne doit refuser le pardon s’il estime que celui qui le sollicite le fait avec toute sa sincérité. Sauf que même le pardon accepté n’efface pas la douleur et le traumatisme subis. A l’inverse, le pardon accepté ouvre la voie de la liberté à celui qui l’obtient. Liberté de circuler sans plus avoir trop peur pour essuyer des coups en guise de riposte. Au Burkina Faso, la venue de Blaise COMPAORE n’a pas été appréciée par les gens de la magistrature et leurs syndicats n’ont pas caché leur déception. Comment une personne condamnée à perpétuité, par contumace, par la justice peut-elle être invitée et reçue par le président de la république ? C’est dénoncer le pouvoir exécutif qui foule au pied les décisions de justice, rendant la justice inconfortable dans son exercice de l’équité, de la justice.
Augustin Roger MOMOKANA / Photo: wakatsera.com
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