
Il s’agit d’un drame qui aurait pu être évité si l’alerte lancée par certains citoyens avisés avait été prise en compte par le gouvernement. Plusieurs dizaines de morts et de nombreux cas de disparitions.
« Alerte rouge au pied du Mont Mbankolo à Yaoundé. Bientôt, si aucune mesure n’est prise, le Cameroun va pleurer d’autres morts. Un éboulement peut survenir à n’importe quel moment. Il faut absolument que les autorités fassent quelque chose », avait prévenu Jean Robert FOUDA le 30 octobre 2021 sur les réseaux sociaux.
L’horreur est survenue dans la soirée du dimanche 8 octobre 2023, soit deux ans plus tard. Comme conséquence d’une forte pluie qui s’est abattue sur la capitale administrative du Cameroun, 25 maisons d’habitation ont été englouties par l’éboulement qui a anéanti le lieu-dit Manguier, à Mbankolo village, entre la résidence du ministre Grégoire OWONA et la Nonciature Apostolique.
Le premier bilan, d’après une liste des corps identifiés et déposés à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé fait état d’une 30 de morts, des dizaines de disparus. Mais de sources sur le terrain dressent un bilan plus conséquent, avoisinant la cinquantaine de morts.
Une fois que les pompiers encore présents sur le terrain auront arrêté les fouilles, l’on pourra alors avoir un bilan officiel de cette autre tragédie nationale liée à l’urbanisation anarchique des villes du pays.
Comprendre l’origine de l’éboulement
« Nous sommes en contre bas de la pierre touristique, qui nous donne une vue panoramique sur toute la ville Yaoundé (…) ce rocher se situe au quartier Febe village entre la résidence du ministre Grégoire OWONA et la Nonciature Apostolique.
En contre bas de cette place très courue pour ses belles vues, se trouve un très grand ravin qui abrite l’une des sources du fleuve Mfoundi. A l’époque coloniale, un lac artificiel a été creusé en autour de ladite source pour des baignades.
Abandonné par ses créateurs, ledit lac ne sera plus entretenu pendant plus d’une quarantaine d’années et des ventes foncières de gré à gré vont se faire autour et en contre bas de ce bassin d’eau. Les nouveaux acquéreurs fonciers, soucieux de leur sécurité, vont bâtir un mur de soutènement au versant du lac, laissant un très fin passage de ruissellement d’eaux.
Des fissures ont été constatées il y a quelques temps sur ce mur de sécurité, mais personne ne s’y intéressait. Aujourd’hui entre vers 18h, après une très forte pluie, les eaux du lac ont brisé ce mur de protection, rasant toutes les habitations sur leur passage. Le nombre de morts est inestimable, car la boue a englouti beaucoup de personnes. »*
Dans le brouhaha des commentaires qui suivent cette actualité, l’on apprend que le gouvernement a régulièrement sommé les habitants de Mbankoko Manguier de déguerpir. Oui le gouvernement sommait les occupants du site de déguerpir, mais pour aller où ? Où avait-il prévu pour les recaser ? L’on ne saurait demander à quelqu’un d’abandonner sa maison sans lui proposer un nouvel abri.
Augustin Roger MOMOKANA