
Le Cameroun est dans le viseur du Groupe d’action financière (GAFI), instance mondiale de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il s’agit de faire la lumière sur un scandale financier qui aurait des ramifications au Nigeria, en Inde, à Singapour, au Bénin et bien sûr au Cameroun.
Selon un groupe africain de journalistes d’investigation dont les enquêtes sont publiées par zammagazine.com, il est reproché à l’État du Cameroun d’avoir effectué des transactions financières vers 67 comptes douteux. Pour cela le Cameroun a jusqu’à septembre 2025 pour apporter des clarifications sur ces faits d’accusation qui découle d’une enquête baptisée “Arizona Project” dont le tendons d’Achille est l’assassinat du journaliste Martinez ZOGO.
La somme décaissée entre 2017 et 2021 s’élève à US$ 656 million, soit plus d’1 milliard 964 millions FCFA. La révélation faite par l’agence nationale d’investigations financières (ANIF) sous la coupole du ministère des Finances, avait retenu l’attention du directeur général des Impôts.
L’ANIF enquête sur les fraudes et le blanchiment d’argent concernant les finances de l’État. Sa dénonciation des faits soulignés ci-haut avait été prise en main par MOPA Modeste FATOUIN alors directeur général des impôts.
« Je vous ai instruit de vouloir bien attribuer aux soixante-sept (67) affaires transmises aux services gestionnaires, les numéros de validation leur permettant de démarrer les travaux y relatifs », écrivait le DGI en date du 5 Juillet 2021 au chef de division des enquêtes, de la programmation et du suivi des contrôles. Avant de constater plus tard qu’« A ce jour, les instructions ne sont pas exécutées ».
Cette surprise du DGI laisse penser que « Monsieur le chef de division des enquêtes, de la programmation et du suivi des contrôles » quelqu’un, de plus haut placé, aurait instruit le contraire au chef de Division qui s’est croisé les bras quant à engager une quelconque initiative concernant le dossier.
Selon notre source, parmi les personnalités et les entreprises indexées figure Jean Pierre AMOUGOU BELINGA a perçu 125 millions de dollars US en FCFA ; un certain Italien du nom d’Eugenio MATARAZZI propriétaire de la société forestière Société Industrielle de Mbang (SIM) qui aurait quant à lui reçu plus de 273 millions de dollars US en une première traite pour « l’exploitation forestière », et ensuite 200 000 $ US dans un second temps.
Interrogé par ZAM, SIM a déclaré qu’elle ne « vend rien à l’État du Cameroun », qu’elle « n’a jamais demandé et ne reçoit pas de subventions de l’État », avant de conclure que M. Eugenio Matarazzi « n’a jamais demandé ou obtenu de l’argent de l’État camerounais.»
Également au banc des accusés se trouve la compagnie de transport First National Express (FINEX). Cette société assure le transport de voyageurs entre Douala et Yaoundé a reçu US$ 38 million. Curieusement, le transfert en son nom aurait chuté entre des mains étrangères dont le numéro de téléphone est mauritanien même s’il répond à Yaoundé, et l’adresse mail celle du Groupe Bolloré.
Une société de change établi à Maroua et qui a des activités au Nigeria et au Tchad a encaissé 227 millions dollars. De même, des « directeurs de sociétés au Nigeria, qui ont été payés respectivement l’équivalent de 13 millions de dollars US et 7 millions de dollars US. », mais l’adresse indiquée au Nigeria, notamment « siège social au 10 Market Road à Uyo, la capitale de l’État d’Akwa Ibom dans le sud-sud du Nigeria », s’est avérée inexistante.
La toile d’araignée concerne, en plus des pays haut cités, la Côte d’Ivoire, le Togo, Oman, la Belgique, États-Unis, Guinée Équatoriale, France. La plupart des adresses citées dans les opérations de transferts d’argent n’existent pas. Celles qui existent ne savent pas de quoi les investigateurs parlent.
Selon les investigateurs, si le Cameroun n’ouvre pas la boite de pandore il sera sévèrement sanctionné. Ainsi toutes les transactions de l’intérieur vers l’extérieur et vice-versa seront rigoureusement scrutées et peut-être soumises à un contrôle strict qui ne va pas favoriser les affaires.
Augustin Roger MOMOKANA avec zammagazine.com