
Le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) a quand même commémoré avec faste et solennité le 06 novembre le 41è anniversaire du Renouveau. Alors que 25 civils ont été abattus à Egbekaw dans la région du Sud-Ouest.
Peu importe le nombre de morts, peu importe les assassins, ce qui urge c’est l’action que pourra entreprendre le président de la République pour stopper la crise anglophone qui a déjà fait plus de 6000 morts depuis septembre 2017.
Face à la cruauté des hommes sur des hommes, face à la cruauté de certains Camerounais sur leurs compatriotes ce sont des questions qui surgissent dans les esprits. Autant de questions qu’il serait impossible n’apporteront jamais d’explication sur un crime perpétré sur des populations plongées dans le sommeil.
Pourquoi ce n’est que lundi 6 novembre à 3h du matin que ces individus sans foi ni loi [qui sont-ils ?] ont-ils décidé de semer la mort dans le village Egbekaw, arrondissement de Fontem, dans le département de la Manyu ? Pour les uns l’effroi a ôté la vie à 20 citoyens brulés vifs dans leur maison alors qu’ils dormaient pour d’aucuns et fusillés à bout portant pour d’autres, pour d’autres dont Mandela Center International, ce sont 40 concitoyens qui ont été tués.
Pourquoi ce n’est la semaine d’avant que les hautes autorités militaires du pays ont-ils décidé de se rendre officiellement à Buéa pour évaluer la situation sécuritaire dans le Sud-Ouest et faire une déclaration selon laquelle la paix est revenue dans cette partie du pays ?
Pourquoi les autorités ne se rendent-elles pas compte des dégâts matériels et humains que la crise anglophone inflige au Cameroun ? Qu’attendent-elles pour faire la lumière sur cette énième animosité humaine qui creuse et étale son nid dans notre cher et beau pays ?
Ceux qui ont commémoré le 41e anniversaire de l’accession à la magistrature suprême du président Paul BIYA l’ont fait sur une moquette de sang. Un sang chaud qui a bravé toutes les turpitudes du relief pour recouvrir les différentes places des fêtes où, comme d’habitude, des hommes et des femmes se sont retrouvés pour conspirer contre la paix au Cameroun.
La guerre du NOSO a commencé en septembre 2017, comme une blague. Personne n’a pris le risque de s’imaginer qu’une blague peut se transformer en pieuvre. Au contraire tous les témoignages farfelus et apatrides, jusqu’à ce que l’on soit aujourd’hui entrain de décompter des morts par milliers, ont consisté à détourner les attentions de la réalité sur le terrain.
Comme conséquence le Cameroun compte déjà 6000 morts, plusieurs millions de déplacés, sans compter mes dégâts matériels. Ce chiffre représente l’équivalent de toute une ville moyenne. Imaginons seulement 10 maisons avec leurs occupants entièrement rasées par un incendie ! Peut-on un jour avoir le sourire aux lèvres, avoir la conscience tranquille lorsqu’on sait qu’on aurait pu faire quelque chose pour stopper la saignée ?
S.E. Paul BIYA peut constater à quel niveau sécuritaire se trouve le Cameroun. Il peut dès à présent se dire, finalement, que le Grand Dialogue national n’a pas produit le résultat escompté et engager d’autres voies pour un ultime baroud d’honneur. Il serait nécessaire de laisser tomber les hommes politiques et les gens du gouvernement pour explorer la piste des acteurs de la société civile et des religieux. Créer une commission indépendante chargée de négocier avec tous les parties.
Nous l’avions dit dans l’une de nos publications, la guerre est une place de marché où les marchands de la mort viennent offrir leurs services. Les uns proposent des armes, les autres des médicaments et des soins aux blessés, tandis que d’autres vendent des illusions ou font de la propagande. Ce marché si important aux yeux de ses commerçants ne peut accepter qu’il ferme. Seul le propriétaire du site peut décider d’affecter l’espace à autre chose, encore faudrait-il qu’il se donne les moyens nécessaires pour neutraliser toutes les velléités d’opposition.
Personne, même pas le maire de la Commune de Fontem, ne peut retenir sa douleur : « Ca brise le cœur de voir ces…je ne sais pas comment les décrire… C´est abject de tuer 24 personnes, violer une fille et la tuer après l´avoir violée… Tuer un bébé, innocent, de dix mois. L´arrondissement dans son ensemble est endeuillé. C´est vraiment terrible. Celles et ceux qui ont des voisins, de la famille au centre-ville, sont allés chez eux car il y a la peur que les attaquants soient restés dans le coin, dans la forêt, la peur qu´ils reviennent. Nous attendons les décisions d´en haut, de Yaoundé », s’est exprimé Robertson TABENCHONG ASHU, au micro de RFI.
Augustin Roger MOMOKANA