
Yaoundé 26 avril 2023. Une trentaine de jeunes gens en sueur sur une scène de fortune. en prélude à la Journée internationale de la danse au Cameroun qui se célèbre le 29 avril, Sinotables braque son zoom sur le métier de danseur.
« L’élément principale du danseur c’est son corps. Il faut entretenir ce corps pour danser le plus longtemps possible. A ce niveau interviennent les massothérapeutes. Si vous prenez bien soin de votre corps, alors il se porte bien et pendant longtemps vous allez danser. Regardez mon physique, il ne reflète pas mon âge.»
André TAKOU SAA ? Ce nom résonne comme des déhanchements enjambés d’un danseur multipiste tant sur la scène camerounaise qu’internationale. Cela fait sa joie. Parce qu’il sait construire le monde à l’aide de ses expressions corporelles.
« La danse est une activité humaine qui nous permet d’exprimer nos émotions, nos joies, nos craintes, etc. Ce médium véhicule des valeurs culturelles. La danse est un art architectonique en ce sens qu’il convoque tous les autres arts : la sculpture, la couture, la musique, le chant, le théâtre, l’artisanat, le maquillage, le dessin, etc.», dit-il dans une assurance brodée de rires.
C’est qu’André TAKOU SAA appartient à cette catégorie de personnes qu’on dit trivialement au quartier qu’ils ne font rien. Oui ils ne font rien parce que danser ce n’est pas un métier, ce n’est pas du travail.
Pourtant, comme ses nombreux autres compatriotes, certains enfants ont déçu leurs parents en rejetant leurs propositions d’aller à l’école nationale d’administration, au CUSS, à Polytechnique, à l’École normale supérieure, au Travaux publics, etc.
"Peu importe où vous vous trouvez et qui que vous soyez, je vous invite ce jour-là à danser soi pour vous-même ou pour les autres"#Danse #Cameroun #Corps pic.twitter.com/GaUBw1033q
— Momokana Augustin Ro (@ARMomokana) April 28, 2023
André TAKOU SAA (à droite sur la photo) fait partie de ces enfants « perdus », mais finalement « retrouvés » parce qu’ils ont, au prix de mille efforts, explosé leurs génies et leurs talents artistiques au point de compter parmi les meilleurs étoiles de leurs secteurs d’activité.
Certains énamistes, normaliens, polytechniciens ont considéré la danse comme un art impossible ? André TAKOU SAA en bon pédagogue et formateur-il enseigne la danse dans les écoles des Beaux-Arts -, tempère : « Tout le monde danse et la danse est présente dans tous les moments de notre vie. Lorsqu’il y a la joie, on danse, lorsqu’il y a un malheur on danse. Quand on va en guerre on danse, quand on veut s’exprimer d’une autre manière on danse. Donc la danse est au centre même de notre expression intrinsèque. »
Tout le monde est un danseur, mais tout le monde a-t-il pris la mesure de la danse dans notre bien-être ? Pas sûr, même si la tendance est au foisonnement des écoles de danse. Parce que la danse est un langage codifié du corps, un langage dramatique pour dire les choses sans laisser jaillir les paroles de notre bouche.
« La danse est fêtée sous tous ses aspects et sous toutes ses formes: traditionnelle, moderne, en groupe, individuelle, etc. Peu importe où vous vous trouvez et qui que vous soyez, je vous invite ce jour-là à danser soi pour vous-même ou pour les autres »
André TAKOU SAA voudrait, à l’occasion de la journée internationale de la danse ce 29 avril, passer le message de la Conseil international de la danse. Le centre culturel camerounais de Yaoundé abritera les manifestations.
« En ce qui nous concerne à Pôle Danse, on aura les danses modernes, les danses urbaines, les danses patrimoniales. On va lire le message international qui est celui d’un artiste choisi à travers le monde par le conseil international. Nous allons le lire et on va partager cet idéal-là. Tout cela dans l’effervescence. Mais cela sera aussi une occasion pour le Cameroun de célébrer un des nôtres. »
Dans la perspective de cette célébration, un challenge a réuni les artistes du hip pop venu de Bertoua, Douala et Yaoundé.
« La danse est faite pour tout le monde. Il y en a qui danse avec leur physique, d’autres qui dansent en esprit et une troisième vague qui dansent dans leur âme. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les trois entités entrent en compte. »
Augustin Roger MOMOKANA