
Avant Chris Ndikumana le Cameroun a eu Père Soffo, Malah et bien d’autres prophètes. Chacun d’eux a mobilisé autant de foules pour la même cause. Les entreprises fermaient leurs portes, celles qui résistaient compressaient leurs personnels. Face au chômage et déboussolés, certains compatriotes ont carrément élu domiciles chez ces prophètes. Dans l’espoir de « renaitre ». Quelle contribution concrète ont-ils apporté au développement du Cameroun ?
Ainsi le phénomène Chris NDIKUMANA nous rappelle d’autres : Père Soffo à Yaoundé et de Malah à Douala. En leur temps, au début de la crise économique de 1987, ces prophètes d’un autre genre ont « colonisé » une bonne franche de la population camerounaise à travers leurs campagnes phénoménales de miracles.
Le Kanguka (Photo/ Achille Assako) une croisade pour le réarmement moral, une messe pour réconforter ceux des Camerounais désespérés et au bord du suicide. Qui sont ces compatriotes qui se laissent tomber dans la dépression parce que le pays va mal ? Derrière la croisade Kanguka (Réveille-toi !) peut se cacher une stratégie pour maintenir un peuple, un pays, un continent dans la dépendance.
En une seule soirée, 200 000 camerounais ont été emballés par une secte qui se nourrie des énergies des pauvres. La véritable question face à ce cas c’est, qu’est-ce que la croisade apporte à la vie de nos compatriotes ? Qu’est-ce que cette croisade apporte concrètement au Cameroun, outre les frais de location du stade et les autres dépenses liées à son organisation ? Est-ce que ces dépensent tutoient les recettes récoltées ? Les incrédules pensent le chiffre 200 000 est exagéré. Elles étaient rassemblées dans l’espace servant de parking. Qu’ils sachent que Japoma c’est 50 000 places assises, de nombreux couloirs non comptabilisés, et l’air de jeu. Lors des événements de cette nature, l’air de jeu est occupé comme le témoigne la photo.
La croisade du pasteur Chris NDIKUMANA est une preuve que le Camerounais est un suicidé volontaire. Il ne croit pas en ses capacités de transformer la pauvreté en bien-être, mais il croit en la capacité d’un marchand de foi de le sortir de la misère.
Chris NDIKUMANA est un pasteur de nationalité burundaise. Il a réussi à mobiliser 200 000 camerounais au stade de Japoma à Douala à l’occasion d’une croisade contre la pauvreté. Son exploit se justifie par le fait que l’Afrique demeure convaincue que la prière peut soigner de tous les maux. Ces femmes et hommes sortis des quartiers sous pluie battantes sont rentrés à la maison enveloppés dans une espèce d’espoir que le miracle va se produire.
La vérité c’est que ces camerounais qui se sont déversés sur Japoma sont bien conscients que leur situation ne sera pas arrangée tant qu’ils n’auront pas eux-mêmes pris consciences de trois facteurs et donc de leur responsabilité dans la situation d’aujourd’hui :
D’un, l’homme est un triptyque composé de l’âme, de l’esprit et du corps. Pour cela chaque dimension de l’être doit être nourrie de manière saine et continue afin qu’elle participe au développement de l’individu. Ainsi, l’âme doit être assainie par une foi non nocive, celle qui corresponde aux réalités environnementales de l’individu. De deux, L’esprit doit être cultivé et nourri des principes qui permettent d’atteindre le bien-être. Ce sont la conscience du travail, le goût de l’effort, le sens de l’engagement et de la détermination. Et de trois enfin, il y a le corps qui doit être constamment nourri afin qu’il ne soit pas handicapé à affronter les défis qui se présentent à l’être humain. Il doit être nourri des aliments certes, mais aussi des exercices qui lui permettent de pouvoir supporter les contraintes inattendues. Ce triptyque vit en harmonie.
La richesse spirituelle n’est pas détachable des facteurs corps-esprits-âme. Ainsi une croisade ne pourra apporter du bien-être que si les adeptes ont conscience que prier consiste en s’armer de courage et d’énergie pour affronter ses défis quotidiens. Dans le cas contraire il s’agit d’une grosse manipulation qui enchaine qu’elle ne libère l’esprit. En réalité, les campagnes d’évangélisation ne sont rien d’autre que d’un commerce de la foi. Personne n’a jusqu’ici eu la présence d’esprit de chercher à comprendre pourquoi tous les vendeurs de foi qui viennent à nous ne vendent que la foi importée ? L’Afrique n’a-t-elle pas sa propre foi ? Aucune foi africaine ! Si nous demandons aux compatriotes d’aller en pèlerinage dans le lieu sacré de leur village, ils nous taxeraient de moyenâgeux. Si par contre nous leur expliquons qu’aller à la Mecque ou à Jérusalem c’est se rendre au marché de la foi musulmane ou juive, qu’aller à Rome c’est nourrir le capital de la christianité, ils trouveront encore que nous délirons.
Le débat sur la nuit du samedi 18 novembre 2023 au stade de Japoma ne repose sur l’existence ou non de Dieu. Loin de là ! Il est question de dire que ces pasteurs sont des commerçants qui pendant leurs croisades manipulent les esprits enfin de se faire de plus en plus puissants tant sur le plan spirituel que sur le plan financier. Essayez de le dire à votre ami ou frère qui était au stade samedi, et vous partagerez sa réponse avec nous. Il n’est plus personne d’autre qu’un « militant » du Pasteur Chris NDIKUMANA !
Augustin Roger MOMOKANA