L’hypocrite est une personne en contradiction avec soi-même car n’ayant pas la capacité de dire ce qu’il pense ou sait pouvoir être normal. Il appartient à la catégorie des suicidés volontaires. Ne pas être hypocrite, c’est se tenir à l’écart de na norme. Être hypocrite, c’est se conformer à la norme et du coup s’autodétruire.
L’hypocrisie naît lorsque l’individu se rend incapable de s’opposer objectivement à autrui pour des raisons qui peuvent être raisonnables ou subjectives. Parmi elles notons la dépendance et la peur de la riposte.
Malheureusement tous les hommes sont, à une occasion de leur vie, des hypocrites. Lorsqu’ils sont en présence d’un défunt ou d’un mort, ils revetissent de la toge de menteur. Ils ne disent jamais du défunt ce qu’il a été à leurs yeux, dans la vie.
Un exemple des plus actuels, c’est le cas du philosophe Hubert MONO NDJANA qui vient de décéder. Son collègue universitaire Maurice KAMTO a eu la chance ou la malchance de bien ne connaitre et lui a rendu hommage en ces termes :
« Je viens d’apprendre la triste nouvelle du décès du Pr. Hubert MONO NDJANA. Ce fut une intelligence vive traversée de fulgurances. Face à face nous avons forcé le débat d’idées dans notre pays au milieu des années 1980, à la parution de son livre » L’idée sociale chez Paul BIYA », à une période où la chape du parti unique n’offrait aucune aération à notre société. Son tropisme ethno-idéologique l’a empêché de donner le meilleur de ce que lui aurorisaient ses talents philosophiques. Je regrette qu’une telle vivacité intellectuelle fut mise au service d’une si mauvaise cause. En même temps je respecte son inlassable effort de penser. Que son âme repose en paix ! » a écrit Maurice KAMTO.
Cet hommage qui sue la vérité n’est pas acceptable par plusieurs compatriotes dont le chef de file est l’homme politique Cabral LIBII qui réagit en conséquence que « Devant la mort, certains propos sont simplement scandaleux. Ce n’est ni avec la haine, ni avec le ressentiment, que nous allons redresser ce pays. Rassemblons, coalisons. »
Maurice KAMTO a partagé son ressenti de la vie de l’un des pionniers de la philosophie au Cameroun. Hubert MONO NDJANA fait partie de ceux qui ont apporté la philosophie camerounaise sur la place internationale. Malheureusement il ne peut être vénéré car son militantisme politique, au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) semble l’avoir dissuadé de maintenir l’objectivité et la froideur d’analyse qui caractérise le philosophe.
Contrairement à Cabral LIBII, un autre universitaire camerounais, Luther André MEKA, a non seulement dénoncé l’hommage de Maurice KAMTO, mais aussi invité la famille du défunt philosophe à traduire devant la barre pour, dit-il, car « Kamto n’est pas plus grand que le Cameroun. Nous sommes un pays de lois. Il doit répondre pour donner un signal à tous ceux qui veulent détruire le vivre ensemble », écrit le militant du parti au pouvoir.
Ainsi, l’hypocrite refuse que le chat soit reconnu comme tel. Il préfère, au péril de sa vie, que la vérité soit cachée. Parce qu’il ne la supporte pas. Le mort s’en fout de nous autres, du fond de nos discours sur son existence car il a été celui que chacun de nous aura connu, et c’est justement cette duplicité d’images, de considérations qui fait de lui un être à part.
Augustin Roger MOMOKANA