
Le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Mali, le Maroc et bien d’autres pays africains sont préoccupés par la fuite de leurs cerveaux. Une crise qui n’est pas sans conséquences sur le moral aussi bien des gouvernements que des formateurs.
« L’affaire du Canada-ci va nous laisser ? Tu les [étudiants] formes ils partent, tu formes encore d’autres ils partent aussi ! C’est décourageant ! Pauvres enseignants. Il est urgent de faire quelque chose! » Docteur Ndongmo Bertrand Magloire est enseignant à l’université de Douala et l’a posté sur sa page Facebook.
Les enseignants et les personnels médicaux constituent la plus grande catégorie d’émigrants africains. Ils sont très nombreux qui abandonnent leur poste de travail pour partir au Canada ou aux Etats-Unis.
Comme principale raison de cette fuite, la recherche des solutions à la précarité dans laquelle ils vivent dans leurs pays rongés par la corruption, le tribalisme, le sous-emploi et le chômage, l’impunité, l’insécurité et l’injustice de la justice.
Ces fléaux sociaux qui rongent l’Afrique ne sont pas prêts à céder à la justice sociale, à la bonne gouvernance. Car ils sont alimentés par des fonctionnaires qui ont mis sur pieds des réseaux mafieux suffisamment huilés et solides pour résister aux efforts de démantèlement.
Comment sortir de l’imbroglio ?
Il n’y a pas meilleur projet que celui qui consisterait à offrir des opportunités, en termes de démocratie, de justice sociale, de formation professionnelle, de financement des projets, d’accès au foncier, d’allègement fiscal à la jeunesse. Une telle panoplie de mesures serait non seulement incitative, mais aussi elle serait un catalyseur du changement tant espéré par la jeunesse aux abois.
Les enseignants et les personnels de santé qui vont en exil le font parfois à contre cœur, car ne pouvant plus supporter les injustices sociales, ne trouvant aucune possibilité d’épanouissement professionnel dans nos pays. Au Cameroun, par exemple, les enseignants sont en grève depuis la rentrée scolaire le 3 septembre 2023. Deux mois après, aucune solution concrète.
Par ailleurs, il ne serait pas incongru si les gouvernements africains sollicitent la mise en place d’un cadre de négociations sur les migrations des ressources humaines. Plus de 1500 enseignants formés par le gouvernement camerounais se seraient installés au Canada cette année. Il s’agit d’un manque à gagner énorme au profit d’un pays hôte profiteur. Ces pays qui vident l’Afrique n’ont pas contribué à la formation de ces professionnels qu’ils raffolent.
Il est donc nécessaire d’éduquer les Africains à aimer leur pays malgré leurs difficultés. Ils doivent comprendre qu’ils ont intérêt à participer au développer de leur pays, au lieu d’abandonner les postes d’élite qu’ils occupent pour aller « laver les assiettes », ou balayer les rues » dans ces pays qui défient la politique de natalité, même si cela doit leur faire gagner le cachet de Francis NGANNOU.
Oui. Parce que ces fonctionnaires qui s’en vont dépensent des économies faramineuses qu’ils auraient pu mettre à profit dans le sens de financer une entreprise en vue de créer des ressources et des emplois. Personne ne peut aller au Canada ou aux Etats-Unis à pieds ou par voie terrestre. De nombreuses agences d’émigration se nourrissent sur ce juteux business.
Augustin Roger MOMOKANA